La réélection du bureau municipal de la ville de Dakar a fait l’objet de beaucoup de commentaires et Barthélemy Dias pense qu’il faut replacer les choses dans leur contexte. Il a ainsi organisé une séance d’explication avec la presse. Le maire de Dakar en a profité pour tirer à boulets rouges sur la coalition Yewwi Askan Wi qui a «osé exclure» Khalifa Sall et son mouvement.
Il n’est plus question pour Taxawu d’être la cible des calomnies. C’est l’engagement pris par Barthélemy Dias qui a fait un point de presse hier pour revenir en long et en large sur les événements des derniers mois ayant provoqué le clash entre Taxawu Sénégal et le Pastef, mais aussi la coalition Yewwi Askan Wi. Pour le maire de Dakar, «on ne peut pas aujourd’hui, parce qu’on est dans une situation difficile, une situation que nous avons vécue bien avant eux, dire que toutes les personnes qui ne sont pas prêtes à se soumettre à notre volonté, qui ne sont pas prêtes à nous soutenir ou à oublier leurs ambitions, sont des traîtres».
«Ces gens qui se disent nos alliés mais qui sont en réalité les traitres…»
Selon Barthélemy Dias, un traitre, c’est celui avec lequel vous vous êtes battus, vous avez cheminé, vous vous êtes sacrifiés et qui vous a dit ainsi qu’au peuple sénégalais qu’il fera tout pour que vous soyez candidat à la présidentielle, mais qui change de posture subitement. Il en veut pour preuve l’attitude de ces derniers lors du vote du projet de loi portant réhabilitation de Khalifa Sall. «Ces gens qui se disent nos alliés mais qui sont en réalité les traitres, ont décidé d’introduire un recours pour que Khalifa Sall ne soit pas candidat parce qu’ils venaient de découvrir l’injustice du monde politique», fulmine Barthélemy Dias qui rappelle que malgré tout cela, il garde sa posture initiale par rapport à tout ce qu’on reproche à Ousmane Sonko : tous les dossiers ouverts contre le leader de Pastef sont de l’injustice.
«nous avons vécu cette même situation, mais dans la dignité, la sérénité et la lucidité »
Le maire de Dakar estime qu’en 2023, on aurait dû dépasser la dissolution de parti politique, même s’il reconnaît qu’un parti politique est aussi soumis à des lois et règlements. Pour lui, la conquête du pouvoir, c’est à travers la voie électorale uniquement et ceux qui ont voulu choisir l’autre voie n’auront pas de résultats, car le Sénégal a été et restera une République. «La situation qu’ils vivent actuellement nous l’avons vécue avant eux, mais dans la dignité, la sérénité et la lucidité. Ce n’est pas parce que Khalifa Sall est un homme pondéré qu’on va accepter qu’on se moque de nous. Nous ne sommes pas obnubilés par une élection. Nous avons été exclus du Parti socialiste sous les yeux de tous, pour le même principe qu’aujourd’hui. Ceux qui s’excitent aujourd’hui n’existaient pas dans le champ politique à l’époque», déclare-t-il avant de poursuivre : «s’ils n’ont pas l’honnêteté intellectuelle de reconnaître que notre mise à l’écart a contribué à leur émancipation, nous laissons le soin au peuple sénégalais de pouvoir apprécier».
D’après Barthélemy Dias, c’est déplacé de faire porter à Khalifa le chapeau de ce qui s’est passé à la ville au conseil municipal le mercredi dernier. Il est la personne morale et on ne lui a pas confié une garderie d’enfants. «Je n’ai pas le temps de gérer des rancuniers, des haineux. J’ai été élu pour servir Dakar, je gère un budget de 50 milliards et j’ai une obligation de résultats».
«Dans Yewwi, il y a les uns, les autres et les et-cætera»
Parlant de la coalition Yewwi Askan Wi, le lieutenant de Khalifa Sall souligne que cette dernière est scindée en trois parties : il y a les uns, il y a les autres et les et-cætera… «Les Uns, ce sont les trois membres fondateurs de Yewwi Askan Wi. Les autres, ce sont tous ceux qui ont rejoint la table après que le repas a été servi. Les et cætera sont les frustrés de la 26ème heure qui pensent être le nombril du monde. A eux, j’oppose le mépris et le silence», assène Barthélemy Dias.
S’adressant aux «autres», le maire de Dakar dira : «ayez de la retenue, vous avez poussé Sonko dans le précipice et vous pensez qu’en écartant Khalifa, vous bénéficierez des votes. Revenez sur terre, vous êtes en politique. La danse du charognard ne prospèrera pas». S’attaquant à Bougane, Barthélemy Dias dira : «pour les et-cætera qui avaient boudé lors de l’installation de Yewwi Askan Wi et qui considèrent maintenant qu’ils sont sur une piste de mannequinât, je souhaiterais leur demander de rester à leur place. On n’a jamais vu un locataire chasser le propriétaire», ironise-t-il avant de se tourner vers Cheikh Tidiane Youm.
«Ils sont indignes de diriger ce pays, si…»
Pour Barthélemy Dias, certains ont fait le choix du Gatsa-Gatsa et eux ils ont opté pour le dialogue ; que chacun assume jusqu’au bout. «J’éprouve toujours la même estime à l’endroit de Sonko.»
Pour finir, Barthélemy Dias met en garde le peuple. «Si les gens qui sont dans Yewwi Askan Wi ne sont même pas capables de respecter leur propre charte, ils sont indignes de diriger ce pays. Une fois au pouvoir, ils ne respecteront aucune loi», dit-il en précisant qu’il parle en son propre nom, cela n’engageait guère Khalifa Sall.
Ndèye Khady DIOUF