L’endettement du Sénégal projeté en 2020 à 8076 milliards a cristallisé les débats, hier, à l’hémicycle. Cependant, de l’avis de Abdoulaye Daouda Diallo, ministre des Finances et du Budget, «notre pays a besoin d’un endettement pour se développer». Mieux, il soutient que l’endettement est normal, nécessaire dans le cadre du développement économique.
Nombreux ont été les parlementaires de l’opposition qui ont décrié la dette du Sénégal qui culmine à 8076 milliards pour l’année budgétaire 2020. En revenant sur ces différentes interpellations, Abdoulaye Daouda Diallo dit à qui veut l’entendre que le Sénégal a besoin d’un endettement pour se développer. «La question qui se pose, c’est la viabilité et la soutenabilité de la dette. C’est un endettement normal, nécessaire dans le cadre du développement économique de notre pays. Aujourd’hui, on est à 8076 milliards qui représente 53,5% du Pib comparativement à la norme communautaire de 70%. Nous sommes encore dans une situation acceptable. C’est un endettement justifié mais surtout sain qui a servi à financer le développement de notre pays», indique le ministre des Finances et du Budget. Il en veut pour preuve les critères de notation dans le monde. «Même si on parle de surendettement, nous ne sommes pas à un niveau élevé», dit-il. En effet, les critères de viabilité qui sont au nombre de quatre sont «totalement» respectés par le Sénégal. «Sur l’encours de la dette sur le Pib, on est à 54,7% contre 70% admis ; sur la valeur actuelle nette de la dette extérieure sur le Pib, pour un seuil de 55%, le Sénégal se situe à 42,8% ; sur la valeur actuelle nette de la dette extérieure sur l’exploitation des biens et services, pour un seuil de 240% admis, on est à 196,4% ; et pour la dette extérieure sur les revenus budgétaires, sur un seuil de 300%, le Sénégal est à 176,8%», révèle Abdoulaye Daouda Diallo.
Outre la dette, le ministre des Finances est revenu sur les remarques du député Ousmane Sonko relatives aux conventions fiscales signées par le Sénégal avec des pays des paradis fiscaux. «Ce sont des conventions qui sont normales dans le cadre des relations avec les États. Ce qui est important, c’est qu’à chaque fois qu’on sent que les intérêts du pays sont en jeu, de nous asseoir et de voir s’il faut dénoncer cette convention, ce qui a été fait dans le cadre de la convention avec l’Ile Maurice. A chaque fois que cela est nécessaire, nous dénoncerons ces conventions», rétorque le patron des Finances. Revenant sur la monnaie unique soulevée par Cheikh Tidiane Gadio, il révèle : «nous avons pris l’option d’aller vers la monnaie unique. Ce qui veut dire que tous les pays membres de cette communauté devront renoncer à leur monnaie nationale, contrairement à ce qu’on peut appeler la monnaie commune qui peut coexister avec des monnaies nationales», dit-il, avant de soutenir que le Sénégal et les pays de l’Union n’ont pas perdu leur souveraineté monétaire.
«Si (Ousmane Sonko) pense qu’il est sous-imposé, rien ne lui interdit d’aller faire sa déclaration et de faire la rectification»
Sur le non-paiement des impôts soulevé par le député de Pastef, Abdoulaye Daouda Diallo estime que la retenue à la source est libératoire. Toutefois, il révèle que si le député pense qu’il est sous-imposé, rien ne lui interdit d’aller faire sa déclaration et de faire la rectification.
«Mamadou Lamine Diallo est nostalgique des années d’ajustement structurel, lorsqu’il était aux côtés de Abdou Diouf»
Sur la remarque du député de Tekki qui considère que le Sénégal va vers l’ajustement structurel, Abdoulaye Daouda Diallo trouve que le député est nostalgique des années d’ajustement structurel, lorsqu’il était aux côtés de l’ancien Président Abdou Diouf. Cependant, il relève que le Sénégal est très loin de l’ajustement structurel. A l’en croire, rien que le taux de croissance de l’ordre de 6,6% en moyenne sur une période de 6 ans éloigne le Sénégal de l’ajustement. Même avec le niveau d’endettement du Sénégal, il ajoute que notre pays est loin de cette période.
M. CISS