La Banque africaine de développement a publié un rapport sur les perspectives économiques en 2020 et hormis les quelques points positifs révélés, la Bad a pointé du doigt les contraintes qui freinent la productivité et la compétitivité de l’économie sénégalaise, les goulots d’étranglement qui ne manquent pas dans le secteur privé, sans oublier le manque de qualification de 70% des travailleurs qui ne permet pas de booster le secteur public.
La Banque africaine de développement (Bad) a publié hier son rapport sur les perspectives économiques en Afrique en 2020. Force est de constater que le Sénégal peine encore à prendre son envol. Même si la croissance du Pib réel s’est maintenue au-dessus de 6%, la croissance largement chantée par les autorités étatiques qui était de 6,7% a glissé à 6% en 2019. La Banque africaine de développement a listé les nombreux facteurs défavorables à l’économie sénégalaise. En commençant par les contraintes liées notamment à la fourniture d’énergie, à la maitrise de l’eau, au développement d’infrastructures de base (surtout dans l’agriculture), et à l’accès au foncier. Le document de la Bad souligne que ces contraintes «limitent la productivité et réduisent la compétitivité de l’économie». Pour ce qui est du secteur privé, plus précisément les Petites et moyennes entreprises, la Bad renseigne qu’il est entravé par le coût du crédit, les lourdeurs des procédures administratives et par un cadre juridique, fiscal et réglementaire peu concurrentiel. A cela s’ajoute l’insuffisance des compétences professionnelles. La Bad fait savoir que 70% des travailleurs ne sont pas qualifiés, ce qui est «une des principales difficultés pour redynamiser le secteur public». Dans son rapport, la Bad attire aussi l’attention du gouvernement sur le fait que les contraintes budgétaires sur les deux dernières années, qui sont liées à l’accroissement des subventions énergétiques, ont entraîné une accumulation d’arriérés vis-à-vis des secteurs de l’énergie et des hydrocarbures et des entreprises du secteur privé. Pour finir, le taux de chômage est en hausse (14,6% en 2018), poussé par la faible participation des femmes (21%) et des jeunes (18,4%) au marché du travail.
Tout de même la Bad a révélé certains points positifs. En effet, les investissements publics dans les infrastructures, l’agriculture et l’énergie ont maintenu le déficit budgétaire à 3,8% du Pib en 2018 et 2019, au-delà du seuil de convergence de l’Uemoa de 3%. Étant donné la faiblesse de la pression fiscale (15% du Pib) et de l’épargne intérieure, ce déficit a été financé en partie par les emprunts extérieurs, qui ont fait remonter la dette publique à 54,7% du Pib en 2018 contre 47,7% en 2017. L’inflation en 2019 est restée très faible, à 0,5% en 2019. La détérioration des termes de l’échange, sous l’effet du renchérissement des prix du pétrole et de l’importation des biens d’équipements, a fait passer le déficit du compte courant à 8,8% en 2018, avec des projections de 9,7% en 2019 et 9,8% en 2021. La mobilisation des ressources extérieures (investissements directs étrangers et Eurobonds) et les solides transferts des migrants ont permis de couvrir les besoins de financement du compte courant.
Samba THIAM