Alors que les prévisions de croissance pour la région en 2024 ont été revues à la baisse de 0,4 point de pourcentage par rapport aux prévisions du volume d'avril 2024, la présente édition du rapport Africa’s Pulse place le Sénégal parmi les pays avec une accélération de la croissance économique plus rapide avec une progression de 1,5 point de pourcentage. La croissance du Pib réel du Sénégal de 6,1% parmi les 8 pays avec une croissance de plus de 5% en 2024.
Il ressort de la dernière édition du rapport Africa’s Pulse, paru hier sous le titre « Transformer l’éducation pour une croissance inclusive », que l'activité économique dans la région devrait croître de 3,0% en 2024, contre 2,4% en 2023, et s'accélérer pour atteindre 4% en 2025-26. Les prévisions de croissance pour la région en 2024 ont été revues à la baisse de 0,4 point de pourcentage par rapport aux prévisions du volume d'avril 2024 d'Africa's Pulse. Cette baisse s'explique en partie par l'effondrement de l'activité économique au Soudan, causé par le conflit armé qui a détruit le capital physique et humain ainsi que les capacités de l'État, avec des répercussions négatives sur la sécurité alimentaire et des déplacements forcés plus importants. Sans le Soudan, la région devrait connaître une croissance de 3,5% en 2024. La vigueur de la reprise économique est très hétérogène d'un pays de la région à l'autre. La croissance devrait s'accélérer dans près de 60% des pays d'Afrique subsaharienne (27 sur 47) en 2024. La progression médiane pour ces 27 pays est de 0,5 point de pourcentage, avec une accélération de la croissance économique plus rapide dans certains pays, notamment le Niger (3,6 points de pourcentage), l'Angola (2,2 points de pourcentage) et le Sénégal (1,5 point de pourcentage).
Sénégal avec un Pib réel de 6,1%
Cependant, la relance reste timide et la plupart des pays de la région ne sont toujours pas en mesure de dépasser leur rythme de croissance de 2000-2019. Environ six pays de la région sur dix affichent cette année une croissance plus lente que la moyenne de cette période. Pour ces pays peu performants, la croissance en 2024 est inférieure d'environ 2 points de pourcentage à celle des deux premières décennies de ce siècle ; et dans six pays, cette différence atteint même plus de 3 points de pourcentage. En 2024, la croissance du Pib réel de 27 pays de la région devrait s'accélérer, et, dans huit de ces pays, dépasser les 5%, notamment en Côte d'Ivoire (6,5 %), au Sénégal (6,1%), en Ouganda (6%) et en Tanzanie (5,4 %), entre autres. Près de 40 % des pays d'Afrique subsaharienne (19 sur 47) ont enregistré une croissance par habitant positive en 2016-2019 et 2022-2025, et dépassent leurs performances d'avant la pandémie. Dix d'entre eux affichent des taux de croissance annuels moyens par habitant estimés qui dépassent 3% par an pour 2022-2025 notamment le Bénin, le Kenya, la Mauritanie, l’Île Maurice, le Rwanda, le Sénégal.
Afrique subsaharienne : Une inflation de 4,8% attendue à 4,6% en 2025-26
L’inflation en Afrique subsaharienne devrait diminuer et passer de 7,1% en 2023 à 4,8% en 2024 et à 4,6% en 2025-26. La stabilisation des prix des produits de base cette année, après leur baisse par rapport aux sommets atteints en 2022, l'atténuation des perturbations de la chaîne d'approvisionnement, les effets du resserrement des politiques monétaires et budgétaires, ainsi que la stabilisation des devises expliquent la baisse de l'inflation dans la région. Le ralentissement de l'inflation semble être généralisé dans les pays africains. Environ 70% des pays de la région devraient enregistrer une baisse de l'inflation en 2024, par rapport à l'année précédente. Cette proportion atteindra près de 80% en 2025. Toutefois, dans les trois quarts des pays de la région, les taux d'inflation devraient être plus élevés qu'ils ne l'étaient pendant la période précédant la pandémie. La dynamique de la désinflation en Afrique subsaharienne permet de distinguer deux groupes de pays : les pays à faible inflation et les pays à forte inflation. La plupart des pays affichent des taux d'inflation faibles et en baisse, tandis qu'environ 30% des pays ont un taux d'inflation élevé qui a déjà atteint son sommet ou qui continue d'augmenter. Dans les pays à faible inflation, l'inflation globale et l'inflation des denrées alimentaires ont entamé une baisse prolongée au début de 2023, convergeant progressivement vers les fourchettes cibles cette année. Cette désinflation s'est accompagnée d'une appréciation des monnaies. Dans les pays à forte inflation, l'inflation globale et l'inflation des denrées alimentaires ont culminé et se sont stabilisées à des taux à deux chiffres, tandis que leurs monnaies se sont nettement affaiblies depuis la mi-2023.
La dette sape les progrès de l'assainissement budgétaire
Les soldes budgétaires continuent de s'améliorer dans tous les pays, bien qu'à un rythme plus lent, les pouvoirs publics s'efforçant de réduire les dépenses et d'accroître les recettes. Parmi les efforts couronnés de succès figurent l'amélioration du contrôle administratif des programmes de dépenses, l'élimination des «travailleurs fictifs de la masse salariale, la mise en œuvre de réformes budgétaires (y compris l'amélioration de l'administration et de la conformité), la rationalisation des incitations gouvernementales et des exonérations de la taxe sur la valeur ajoutée, la réforme des subventions (en particulier les subventions aux carburants), et la redéfinition des priorités des dépenses publiques vers des programmes à forte croissance et à fort effet multiplicateur sur l'emploi. Le déficit budgétaire médian de la région devrait passer de 3,9% du produit intérieur brut (PIB) en 2023 à 3,3 % du PIB en 2024 et à 2,9% du PIB en 2025-26. Environ 29 pays de la région devraient améliorer leur solde budgétaire cette année. Toutefois, parmi ces pays performants, seuls 10 auront un déficit inférieur à 3% du Pib ou un excédent des comptes publics. En outre, l'augmentation des paiements d'intérêts réduit à néant les avantages de l'assainissement budgétaire.
L'Afrique a besoin de 9 millions de nouvelles salles de classe et 11 millions d'enseignants
La population en âge de travailler augmente à un rythme plus rapide en Afrique que dans les autres régions, à la faveur des progrès de ces vingt dernières années dans la réduction de la mortalité infantile. Or, l’Afrique subsaharienne est aussi la région du monde qui consacre le moins de dépenses par habitant à l'éducation. Les auteurs d'Africa's Pulse estiment que, pour parvenir à une éducation universelle d'ici 2030, les systèmes éducatifs devraient absorber environ 170 millions d'enfants et d'adolescents supplémentaires, ce qui nécessiterait la construction d'environ 9 millions de nouvelles salles de classe et le recrutement de 11 millions d'enseignants.
7 enfants sur dix n’ont pas accès à un enseignement pré-primaire
Le défi est de taille, mais la région a déjà accompli des avancées importantes : à l’heure actuelle, 270 millions d’enfants sont scolarisés dans le primaire et le secondaire, et les taux d’achèvement des études primaires se sont considérablement améliorés depuis 2000. Actuellement, en Afrique subsaharienne, sept enfants sur dix n’ont pas accès à un enseignement pré-primaire, et moins de 1,5% des jeunes âgés de 15 à 24 ans suivent une formation professionnelle, contre 10% dans les pays à revenu élevé. Il est indispensable de combler ces lacunes pour permettre à l’Afrique subsaharienne de réaliser tout son potentiel économique et d’assurer une croissance durable et inclusive. Il est également essentiel de soutenir l’entrepreneuriat et les nouvelles startups, de permettre aux petites entreprises de se développer ainsi qu'attirer des entreprises établies, afin que les titulaires de diplômes qualifiés trouvent des opportunités d’emploi attractives lorsqu’ils entrent et progressent sur le marché du travail.
M. CISS