Le Premier ministre aura la tâche bien facile, aujourd’hui. Il fera face aux députés cet après-midi, mais, pour protester contre le manque de considération dont ils disent être victimes, les députés de l’opposition réunis au sein du groupe parlementaire Liberté et Démocratie, mais aussi les non inscrits, ont décidé de boycotter la rencontre qu’ils jugent fallacieuse. Selon Me Madické Niang qui portait leur parole, hier, c’est toute l’opposition significative qui se lève comme un seul homme pour refuser d’être des faire-valoir.
Les députés de la majorité seront les seuls à recevoir le chef du gouvernement, aujourd’hui, à l’Assemblée nationale, pour les questions d’actualités. Le groupe Liberté et Démocratie et les non inscrits refusent de jouer le rôle de figurants durant cette séance plénière. Le président du groupe parlementaire «Liberté et Démocratie», qui portait la parole des députés de l’opposition, a indiqué qu’ils boycottent la rencontre, avant de se défouler sur le régime de Macky Sall. «Le Sénégal vit une situation alarmante. Nous avons décidé de ne pas participer à la rencontre du Premier ministre demain (aujourd’hui) à l’hémicycle, parce que l’Assemblée ne joue pas son rôle de contrôle de l’action gouvernementale et d’évaluation des politiques publiques. Nous ne participerons pas à ce simulacre de débat démocratique. Il n’y a dans aucun pays au monde cette forme de dictée préparée, où on nous demande d’envoyer au préalable nos questions 24h avant», peste Me Madické Niang. Avant de poursuivre : «toute l‘opposition réunie ne dispose que de 12 sur les 122 minutes que dure la séance. Seulement 9 minutes pour le groupe parlementaire «Liberté et Démocratie» et 3 minutes pour les non-inscrits. La majorité, elle, disposera de 110 minutes. Toutes les institutions sont piétinées par le Président Macky Sall et son gouvernement. La justice est à terre, tout ce qui s’est fait depuis le début du règne du Président Sall est ahurissant. Des magistrats qui servent le pouvoir ont bénéficié d’une prolongation de retraite, pour que les services rendus au pouvoir continuent d’être rendus. Jamais dans l’histoire du Sénégal le discrédit porté sur la justice n’a atteint un niveau aussi élevé».
Me Madické Niang : «le gouvernement fait du ''boul faalé'', mais nous refusons d’être des faire-valoir»
A l’en croire, la Constitution qu’ils ont votée en 2016 aurait pu donner à l’Assemblée nationale tous les moyens de contrôle de l’action gouvernementale, avec le système : une fois par semaine, les questions orales et une fois par mois, le gouvernement se présente devant les députés pour les questions d’actualités. «Comment pouvons-nous contrôler l’action gouvernementale si le gouvernement est invisible ? Le Premier ministre devait se présenter devant nous depuis presque 7 mois et quand il décide de venir, ils nous mettent dans des conditions qui ne nous permettent pas du tout de nous faire entendre. Si jamais nous devrions accepter ces minutes qui nous sont reparties, il faudrait au moins que l’opération soit régulière. Nous ne pouvons être des faire-valoir. Il y a un manque de considération énorme vis-à-vis de l’institution parlementaire», souligne le responsable libéral.
Dans le même registre, Me Madické Niang déclare : «quand les textes passent à l’Assemblée, on ne nous donne pas les outils nécessaires pour pouvoir comprendre le contenu de ces textes. De toute façon, ils veulent que nous soyons une Assemblée mécanique. Le gouvernement fait du ‘’boul faalé’’ parce qu’il a la majorité à l’Assemblée nationale. Ils sont en train de leurrer les Sénégalais en prétextant la hausse de la croissance, alors que nous savons tous que si les Occidentaux nous prêtent de l’argent, c’est à cause des potentiels revenus sur le pétrole. Ils sont en train d’hypothéquer l’avenir des Sénégalais», affirme le président du groupe parlementaire Liberté et Démocratie.
Aida Mbodj : «la majorité est en train d’engloutir les acquis démocratiques de notre pays»
Pour Aida Mbodj, les députés de l’opposition n’ont aucun moyen de contrôle sur l’action gouvernementale devant la majorité mécanique. «Nous ne pouvons pas continuer à cautionner ces forfaitures. La majorité présidentielle est en train d’engloutir les acquis démocratiques du Sénégal. Nous vivons une forfaiture permanente au sein de l’Assemblée nationale lors de cette 13ème législature. Désormais, nous ne nous laisserons plus faire». D’après l’ancienne maire de Bambey, Aida Mbodj, qui parlait au nom des non-inscrits, «Macky Sall n’a rien à faire des questions importantes qui touchent la société, comme celle du rapt des enfants».
Ndèye Khady D. FALL
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