Le préfet de Dakar met détracteurs et partisans du régime dos-à-dos. Alioune Badara Samb a interdit toutes les marches prévues aujourd’hui dans la capitale, pour «menaces graves de troubles à l’ordre public». Une injustice pour les enseignants qui, depuis plus d’un mois, ont annoncé une procession pacifique sur l’avenue Bourguiba.
Pas de marche ce vendredi à Dakar. Ni pour les syndicats d’enseignants, ni pour la Cojer, ni pour «samm sunu rew». Le préfet a donné une fin de non-recevoir à toutes les demandes. «Le préfet de Dakar informe les populations de sa décision d’interdire toutes les manifestations, afin de garantir l’ordre public dans la capitale», a écrit Alioune Badara Samb, dans un communiqué publié hier. Et à travers lequel il dit avoir reçu récemment quatre déclarations de manifestations, prévues toutes le vendredi 28 juin, de la part de diverses personnes, déclarant agir au nom d’un parti politique, d’un syndicat et de deux mouvements citoyens. Et sur les raisons de l’interdiction des manifestations, le préfet de Dakar évoque «des menaces graves de troubles à l’ordre public». Des menaces qui, à en croire l’autorité administrative, sont «corroborées par des appels à la défiance vis-à-vis de l’autorité de l’Etat, par des risques d’infiltrations et d‘affrontements entre camps opposés, par des jonctions de manifestations dont les buts déclarés sont sans aucun lien». En effet, le mouvement citoyen «Aar Li Nu Bokk», ainsi que les partis de l’opposition et des syndicalistes, ont décidé de faire une jonction de leurs manifestations pour dénoncer, entre autres, la gestion de nos ressources naturelles, relativement à l’affaire Aliou Sall, mais aussi dénoncer l’attitude du gouvernement et surtout du chef de l’Etat à l’endroit des syndicalistes. Ces détracteurs du régime devaient marcher sur l’avenue Bourguiba.
Du côté du pouvoir, la Cojer, mouvement des jeunes de l’Apr, avait décidé de marcher pour porter la réplique aux détracteurs du régime. Moussa Sow et Cie avaient décidé de marcher de a Place de l’Obélisque au rond point de la Rts. De la même manière, un mouvement «Samm sunu rew» mis en place par des jeunes de la mouvance présidentielle de la banlieue avait aussi prévu de marcher. Seulement, ayant décidé de leur manifestation bien après l’autre camp, leur intention réelle n’était-elle pas de faire annuler la manifestation de l’opposition, de la société civile et des syndicalistes, d’autant plus que, c’était clair, le préfet ne pouvait pas autoriser toutes ces marches, quasiment dans le même espace ? Toutefois, il est curieux de voir le préfet interdire toutes les marches. Pourquoi n’a-t-il pas autorisé la première reçue et demander aux autres de trouver d’autres jours ? Une interdiction synonyme d’injustice pour les syndicats enseignants. Ces derniers ont décidé depuis plus d’un mois de faire une procession pour dénoncer la sortie du chef de l’Etat le 1ermai. Macky Sall avait dit à qui voulait l’entendre qu’il n’allait pas procéder à une augmentation de salaire.
Mbaye THIANDOUM