POURSUIVI PAR HISSEIN HABRE POUR DIFFAMATION: Marcel Mendy condamné à 3 mois avec sursis et 10 millions à titre de dommages et intérêts

 
 
Hissein Habré-Marcel Mendy : une inimitié sans fin. Il semble vraiment que les deux hommes se détestent cordialement. Le journaliste Mendy qui avait gagné dans une procédure d’appel vient de perdre devant le juge correctionnel. En effet, il a été condamné hier pour diffamation, à trois mois assortis du sursis et à payer 10 millions de francs à l’ancien Président tchadien. 
 
 
 
La bataille de procédure se poursuit toujours entre Hissein Habré et Marcel Mendy. Après une procédure en référé qui a été gagnée en appel par le journaliste Mendy, c’est devant le juge du Tribunal de grande instance de Dakar, statuant en matière correctionnelle, que les deux parties adverses ont atterri. C’est l’ancien homme fort de Ndjamena qui a initié la procédure en trainant Marcel Mendy devant le juge pour diffamation. Dans la citation directe, Hissein Habré avait également cité Mansal Mendy, co-gérant de la Sarl Mamelles d’Afrique, Lamine Guèye également co-gérant ainsi que la Sarl Mamelles d’Afrique, elle-même en qualité de civilement responsable. Et pour ce nouveau bras de fer, c’est Hissein Habré qui a obtenu gain de cause. En effet, le juge correctionnel a vidé l’affaire hier et a déclaré Marcel Mendy coupable de diffamation, avant de le condamner à 3 mois assortis du sursis et à payer 200.000 francs à titre d’amende. Le journaliste Mendy devra aussi payer, solidairement, 10 millions de francs de dommages et intérêts. Relaxé, Lamine Guèye est donc écarté des dommages.
Sur cette procédure en diffamation, Hissein Habré a relevé quelques pages de l’ouvrage de Marcel Mendy qui, selon lui, nuisent à son honneur et surtout ne sont pas avérées. La citation directe de l’ancien Président du Tchad reprend la page N°34 du livre où l’auteur écrit : «on peut, dès lors, affirmer que le gouvernement du Sénégal était dans les meilleures dispositions et n’avait pas le moins du monde l’intention de jouer les cassandres. Loin s’en faut. Ce qui n’était pas le cas, au niveau des autorités religieuses et coutumières qui, pour certains, avaient déjà adopté l’ancien chef de l’Etat tchadien. Le défunt Khalife général de la confrérie des Tidianes, Abdou Aziz Sy Dabakh (paix à son âme), était son mentor et son guide spirituel. Son successeur, feu Serigne Mansour Sy, avait pris le relai après le rappel à Dieu du premier. Pour marquer son allégeance, Habré aurait participé au financement des travaux de la Grande mosquée de Tivaouane, d’après des sources dignes de foi, à hauteur de 200 millions de francs Cfa. Le saint homme aurait même juré qu’aussi longtemps qu’il sera vivant, personne ne jugera Hissein Habré». Ce, entre autres propos tenus dans l’ouvrage intitulé : «Affaire Habré : Entre ombres, silences et non-dits». 
Pour l’ancien Président tchadien, le journaliste porte des accusations par des «formules creuses» telles que «il se susurre», «il paraitrait que», «selon des sources dignes de foi» etc., mais que ces allégations tenues dans l’ouvrage sont «inexactes et diffamatoires». Il avait réclamé 200 millions pour la réparation du préjudice subi. Au final, le juge lui a alloué 10 millions de francs à payer solidairement par tous les prévenus.
Dans la première procédure, faut-il le souligner, Hissein Habré avait réclamé au juge des référés l’interdiction de la vente et la distribution de l’ouvrage de Marcel Mendy dans les librairies. Il avait gagné en première instance avant de perdre devant la Cour d’appel.
 Alassane DRAME