Pour abus de confiance portant sur la somme de 2 millions, l’imam Ratib de la mosquée de Rebeuss, El Hadji Mamadou Diène, a trainé son Nahib Babacar Diagne, devant le juge du tribunal correctionnel de Dakar. Ce dernier avait reçu, en l’absence du plaignant et pour ladite mosquée, une subvention de 2 millions du maire de Dakar-Plateau, Alioune Ndoye. Le parquet a sollicité la relaxe du prévenu. Délibéré le 26 décembre prochain.
L'imam Ratib de la mosquée de Rebeuss, El Hadji Mamadou Diène et son Nahib Babacar Diagne dit Mbaye Diagne ont réglé leur différend hier devant le juge du tribunal correctionnel de Dakar. Pour le délit d'abus de confiance, l’imam a attrait son adjoint devant cette juridiction répressive. Ayant fait la prison pour des faits d’escroquerie, la partie civile El Hadji Mamadou Diène, qui se réclame imam titulaire de la mosquée de Rebeuss, a donné sa version des faits. «Depuis 28 ans, je suis l'imam titulaire. Alors que lui, il a été destitué et sa carte d'imam déchirée à cause de détournements qu'il avait commis. C’est moi qui l'ai emmené à la mosquée pour qu'il dirige la prière. Mais, à mon retour de voyage en Israël, j'ai trouvé que la mosquée était saccagée», explique l’imam Diène, qui poursuit : «j’ai appris que la somme de 2 millions qu’a donnée la mairie, ledit chèque a été établi à mon nom. Mais, par la suite, il est allé à la mairie, avec la complicité de Lamine Fofana, Youssou Seck et de deux autres personnes, pour demander que le chèque soit établi à son nom. Ces derniers avaient dit au maire que je n'étais pas là. De plus, le fils du Libanais Rachid est venu se plaindre à moi et m'a confié qu'il allait porter plainte contre Babacar Diagne parce qu'il lui avait remis un million pour sa participation. Lors d’une assemblée générale, tous les Libanais l'ont dénoncé, parce qu'ils ont déclaré lui avoir remis de l'argent. Il avait reconnu cela. Aussi, il avait reconnu avoir détourné l’argent de la mosquée», a-t-il accusé.
Les deux Imams ont eu à faire la prison
Ayant été condamné à 3 mois de prison pour une affaire de terrain, le prévenu Babacar Diagne a contesté les faits d’abus de confiance qui lui sont imputés. D’emblée, il a souligné que c’est lui l’imam principal de la mosquée de Rebeuss et non El Hadji Mamadou Diène. «J’ai reçu 2 millions du maire de Dakar Plateau. J’avoue qu’on m’a une première fois donné 1 million. Et le deuxième million m’a été remis lorsque El Hadji Mamadou Diène était en prison. C’est pour cela qu'il n'était pas au courant. Et j'ai fait une réunion en présence de Lamine Fofana et autres pour annoncer avoir reçu ce million. Cet argent on nous l'a donné pour les imams et non pour la construction de la mosquée. Mais j’ai acheté du fer et du béton avec cet argent. Les factures sont avec mon avocat», a précisé Babacar Diagne. Alors que lors de l’enquête à la police, il avait déclaré aux agents qu’il ne détenait point de factures justifiant lesdites dépenses.
Interrogé sur les billets de 10.000 F qu’il offrait à certaines personnes dans le quartier, Babacar Diagne a soutenu qu’il s’agissait de son propre argent et non celui destiné à la mosquée. Concernant les travaux réalisés à la mosquée et dont fait état le prévenu, le trésorier de la mosquée Babacar Fall, entendu à titre de témoin, a dit que le Nahib Babacar Diagne n’a rien réalisé en ce qui concerne les constructions. Sur ces fonds distribués, le second témoin Samba Salla Diallo, à qui Babacar Diagne en avait offert, a dit face au juge lui avoir retourné les 10.000 F qu’il lui avait auparavant donnés.
Faisant ses réquisitions, le procureur Seydina Omar Diallo a requis la relaxe au bénéfice du doute du Nahib, Babacar Diagne. Parce que selon le ministère public, il n’est pas en mesure de rapporter la preuve de la dissipation juridique, même s’il y a une remise des 2 millions au préalable. Me Khadim Kébé de la défense a estimé que la mosquée n'a pas de personnalité juridique. Ce faisant, dit-il, la constitution de partie civile de El Hadji Mamadou Diène est irrecevable. Ainsi, cette robe noire ainsi que Me Arona Bass ont demandé la relaxe de leur client. Délibéré le 26 décembre 2019.
Fatou D. DIONE












