
Le WACC, organisation à but non lucratif très connu à Seattle, aux Etats-Unis, est impliqué dans un grand scandale présumé de détournement de fonds. Tout a commencé par des querelles internes qui ont finalement atterri en justice, dans ce qui est qualifié de l’un des plus grands cas de fraude dans le secteur caritatif de l’histoire de l’État de Washington, selon la presse locale américaine. Conséquence : un juge américain démet Issa Ndiaye de ses fonctions de président de l’Ong WACC à Seattle.
Rien ne va dans les associations dirigées par nos compatriotes Modou-Modou du côté des Usa. C’est dire que les populations sont de plus en plus regardants sur la gestion des fonds qui leur sont alloués ou qu’ils ont eux-mêmes contribué à lever pour des buts non lucratifs. Car, après le cas de l’Association des Sénégalais d’Amérique (Asa) à New York, dont le Parquet de Manhattan ainsi que les services fiscaux sont déjà mis au parfum des actes pas trop catholiques, c’est au tour de nos compatriotes de l’Etat de Washington de souligner des incohérences dans la gestion de leur association, le WACC. En effet, Le 16 décembre dernier, un commissaire de la Cour supérieure de la région de King, dans l’Etat de Washington, a rendu une ordonnance reconnaissant qu’il y avait des preuves de «détournement et de vol» de fonds par Issa Ndiaye, 44 ans, fondateur et directeur exécutif de longue date du Conseil communautaire de l’Afrique de l’Ouest (acronyme anglais WACC). Aujourd’hui, notre compatriote a été démis de ses fonctions et la direction de l’Ong confiée au Pr Jonathan Mvududu.
La communauté africaine de Seattle apporte son soutien à Issa Ndiaye
Bien que la plainte à l’origine de cette affaire soit venue des membres de la communauté africaine, des compatriotes réclament toujours le retour du sieur Ndiaye. Des dizaines de Sénégalais et d’autres compatriotes africains sont descendus dans les rues, aux alentours du WACC à Seattle, pour protester contre cette décision de la justice. Certains étaient des parents qui refusent maintenant d’envoyer leurs enfants à l’école maternelle de WACC. D’autres sont d’anciens enseignants du WACC qui ont démissionné après son éviction. «Je travaille avec lui depuis trois ans maintenant et je quitte désormais mon poste», a déclaré Ya Awa, une spécialiste de l’apprentissage préscolaire au WACC. D’autres ont témoigné qu’Issa Ndiaye aurait même mis son propre domicile au service de l’organisation. «Nous ne voulons pas d’étrangers. Nous voulons qu’Issa revienne», a aussi plaidé la foule.
Le WACC a servi plus de 4000 immigrants ouest-africains au cours de la dernière décennie. Alimenté par des subventions du comté de King et des communes de la ville de Seattle, WACC fournit une aide alimentaire et locative, une aide juridique gratuite en matière d’immigration par des avocats recrutés par l’organisation et des services éducatifs préscolaires.
Parmi les transactions jugées suspectes, il y a des dépôts réguliers de 50.000 $ et 100.000 $ sur le compte personnel de Issa Ndiaye. Des transactions qui ont finalement atteint 2,5 millions de dollars (environ 1.5 milliard de francs Cfa) sur une période de huit ans, selon les documents déposés en justice.
Issa Ndiaye : «il n’a jamais été question pour moi de m’enrichir»
Issa Ndiaye avait déclaré à la justice américaine que «certains membres de la communauté immigrée ouest-africaine se méfient du gouvernement et ne veulent pas que leurs informations soient utilisées dans les programmes WACC soutenus par des subventions du comté et de la ville de Seattle». C’est pourquoi «j’ai transféré de l’argent de la caisse de l’organisation vers mon compte personnel afin que ces gens comprennent que l’aide vient directement de moi et non du WACC ou du financement gouvernemental», a déclaré Ndiaye, soutenant qu’il n’a jamais été question pour lui de s’enrichir. Selon son avocat, Issa Ndiaye maintient fortement et catégoriquement qu’il ne manque pas un seul centime et que chaque centime est allé à la communauté, pas à lui-même ; que c’était une façon de déplacer de l’argent qui ne faisait pas partie des textes principaux et qui ne causerait pas d’ennuis au WACC (en aidant les immigrants sans papiers). Aujourd’hui, aucune charge n’est encore annoncée par la justice américaine à l’encontre de notre compatriote ; toutefois, les comptes de l’organisation ont été gelés et des enquêtes sur la fraude présumée sont en cours par l’équipe de protection des actifs caritatifs du bureau du Procureur général de l’État de Washington.
Ahmadou Ben Cheikh KANE
(Correspondant permanent aux Usa)