Après la polémique sur la non-homologation du stade Lat Dior, c’est maintenant sa pelouse qui fait couler beaucoup d’encre. Le ministre des Sports, dans un entretien qu’il nous a accordé, est revenu plus largement sur les travaux de réhabilitation du stade polémique, mais aussi des stades Demba Diop et Léopold Senghor qui attendent toujours leur grand toilettage. Après 7 ans à la tête du sport sénégalais, Matar Ba signifie que «personne ne peut fermer les yeux sur le résultat positif que produit le sport sénégalais dans son ensemble».
Les Échos : Sadio Mané a été reçu en audience par le Président Macky Sall ce jeudi. Comment appréciez-vous le fait qu’il offre l’hôpital qu’il a construit à Bambali à l’Etat du Sénégal ?
Matar Ba : C’est une fierté que je ressens de voir un sportif, membre de ma famille, faire ce don-là. C’est un exemple qui doit faire tache d’huile. Sadio Mané n’est pas le seul. Il y a d’autres qui font des actions salutaires dans le domaine de l’éducation, comme Diao Baldé qui a construit une école et une mosquée qu’il a mises à la disposition de son village. C’est cela l’exemple qu’il faut donner à nos autres compatriotes. On peut aider quand on a les opportunités, même si on n’est pas aux affaires. Il faut jouer la carte de la solidarité.
La sortie de Sadio Mané concernant l’état de la pelouse du stade Lat Dior a fait polémique. Comment avez-vous vécu cet épisode ?
Sadio est un jeune très sérieux qui a tout mon respect. Il se bat pour son pays comme un véritable patriote. Sa rencontre avec le chef de l’Etat a encore une fois démontré qu’il contribue au développement économique et social du Sénégal. Ce qu’il faut éviter, cependant, c’est de faire la comparaison. On ne peut pas avoir les mêmes conditions qu’à Liverpool ou Manchester. Le président Augustin Senghor a bien répondu. Quand on est en Afrique, il faut se mettre dans la tête qu’on peut être confronté à des difficultés. Ces difficultés peuvent être liées à des gazons, l’environnement ou même des conditions de voyage. Le Sénégal, au début, était confronté à des difficultés de logistique ou de primes. Maintenant, on a réglé tous ces problèmes. Aujourd’hui, il y a un problème avec le stade Lat Dior, mais 90% des réserves ont été levées. On va y arriver. Ce que je demande à ces jeunes-là, c’est de se battre. Dans cette même équipe, il y a des jeunes qui sont nés en Europe et qui ont toujours vécu dans d’excellentes conditions, mais qui n’ont pas abordé le sujet ou n’en n’ont parlé de la même manière. Nous nous soucions des conditions, c’est pourquoi on investit dans le domaine du sport. Ces jeunes ont tous visité le stade du Sénégal, ils ont vu l’investissement énorme que le président de la République est en train de faire pour eux. Donc revenir jouer, gagner le match, ne pas penser à cette belle victoire et parler de la défection de la pelouse peut être un paradoxe. Mais on respecte leur avis parce que ça nous donne l’énergie pour répondre positivement à ces préoccupations.
Où en êtes-vous avec les projets de réhabilitation des stades Demba Diop et Léopold Sédar Senghor ?
Vous savez, la difficulté dans ces schémas-là, c’est que c’est une question de coopération internationale. Ce ne sont pas les entreprises sénégalaises qui vont faire les réfections. Tout est fait avec la Chine et, avec la pandémie, tout est au ralenti. C’est ce qui a porté un coup au démarrage de ces travaux de réhabilitation. Le ministère de l’Économie, du Plan et de la Coopération qui gère la relation avec la République populaire de Chine sur tous les dossiers du Sénégal, est en train de mettre la pression qu’il faut pour que les travaux démarrent. Il faut comprendre que le Sénégal ne peut pas dire : «venez tout de suite et faites les travaux». Nous sommes en train d’y travailler, leur montrer qu’il y a une urgence concernant les travaux des stades Demba Diop et LSS. Nous avons fait le travail technique. Ils nous avaient dit qu’ils seraient là au courant du mois de juin et nous espérons qu’ils vont respecter les dates données pour la réhabilitation de ces deux infrastructures. Ça ne dépend pas directement de nous. C’est un travail collectif qui se fait entre la Chine et le Sénégal.
Concernant le football local, que pouvez-vous faire pour inciter les entreprises locales à s’investir et soutenir ?
On ne peut pas tordre le bras des entreprises locales à investir dans le football local. Ce qu’on peut, c’est lancer un appel, surtout pour la Ligue pro. Ils doivent montrer ce qu’ils peuvent offrir comme visibilité à ces entreprises. C’est cela qui pourra inciter les entreprises à mettre leur argent. Il yen a qui le réussissent dans d’autres disciplines. Il ya des entreprises qui suivent,même si on attend beaucoup plus. Il faut continuer à sensibiliser et peut être avec le code du sport, l’apport sera plus grand. Pour le football amateur, là c’est autre chose. Concernant les levées de fonds, investissements et bénéfices, on va diversifier les sources de fonds pour les aider.
Vous êtes à la tête du sport sénégalais depuis près de 7 ans. Comment se porte les sports sénégalais depuis ?
(Rire). Vous le savez… je sais que vous avez de la matière (rire)… un sport qui ne marche pas ne donne pas de la matière. Je touche du bois. Depuis que je suis là, avec les conseils du chef de l’Etat et ses instructions, personne ne peut fermer les yeux sur le résultat positif que produit le sports sénégalais dans son ensemble. Même si quelque part, il peut y avoir quelque chose qui ne marche pas. Nous avançons. Vous participez à des compétions internationales ici au Sénégal. Ça bouge de partout. Les fédérations sont en train de se battre. On est arrivé à un niveau où on n’a jamais été depuis 1960. On a eu beaucoup de trophées ces dernières années. Je ne dis pas que tout marche, mais il ya quand même des avancées notoires. On a eu deux champions de League des champions en 2 ans, des champions des Jeux olympiques et le Sénégal représente l’Afrique au niveau de la Cop 7 qui a organisé sa première réunion à Dakar. C’est avec nous qu’on a un investissement de 155 milliards pour le sport avec le Dakar Aréna, l’Arène nationale aussi. On nous parle maintenant de pelouse et on oublie tous les investissements. Il ya beaucoup de choses qui se font. On a des ambitions et on y arrive petit à petit. On n’a pas tout fait, mais si on est honnête, on sait qu’avec le Président Macky Sall, le sport prend sa place dans le développement économique et social du pays.
«Ce qu’il faut éviter, c’est de faire la comparaison. On ne peut pas avoir les mêmes conditions qu’à Liverpool ou Manchester»
«Le président Augustin Senghor a bien répondu. Quand on est en Afrique il faut se mettre dans la tête qu’on peut être confronté à des difficultés. Ces difficultés peuvent être liées à des gazons, l’environnement ou même des conditions de voyage»
«Il ya une urgence concernant les travaux des stades Demba Diop et LSS»
«Personne ne peut fermer les yeux sur le résultat positif que produit le sport sénégalais dans son ensemble»