Ils sont deux nouveaux membres à intégrer, hier, officiellement, le Conseil constitutionnel. Ils ont prêté serment devant le président de cette juridiction. Mouhamadou Diawara et Abdoulaye Sylla faisant désormais partie de ce groupe des 7 sages. Pape Oumar Sakho leur a rappelé que cette appellation de «sage» par le peuple est «l’expression d’une attente et d’une espérance». Aux deux nouveaux membres de cette haute juridiction, le président du Conseil constitutionnel a aussi souligné à leur attention qu’ils doivent être les garants de la «régularité des élections».
A quelques encablures des joutes électorales de février 2019, deux nouveaux membres, Mouhamadou Diawara et Abdoulaye Sylla, ont rejoint le Conseil constitutionnel. Nommés membres de cette juridiction, par décret n°2018 21-26 du 6 décembre 2018, ils ont prêté serment, hier, à la Cour suprême, devant le président du Conseil constitutionnel et leurs pairs. A cette occasion, Pape Oumar Sakho a voulu être rassurant, en rappelant aux deux nouveaux membres leur sacerdoce qui se résume à l’appellation de «sage». «N’oubliez pas, la loi a fait de vous des juges, mais le peuple vous a appelés ‘’sages’’. Ce n’est point une consécration, mais l’expression d’une attente et d’une espérance. Dans ce cumul, vous prendrez rapidement la mesure des obligations nouvelles que ce serment met à votre charge, afin de garantir votre indépendance et la dignité des fonctions que vous allez désormais exercer. Cependant, je ne doute point que vous soyez à la hauteur de cet engagement qui vous invite à un si haut degré d’équilibre, de condition, des vertus de discrétion, de réserve et d’impartialité, consubstantielles à l’exercice de votre nouvelle mission», a soutenu fermement le président du Conseil constitutionnel.
Auparavant, le premier magistrat de cette haute juridiction leur a rappelé que c’est la loi organique 2016-2023 du 14 juillet 2016 relative au Conseil constitutionnel, qui dispose en son article 7 que tout membre du Conseil constitutionnel prête serment en jurant de bien et fidèlement remplir ses fonctions, de les exercer en toute impartialité, dans le respect de la Constitution, de garder le secret des délibérations et des votes, de ne prendre aucune position publique et de ne donner aucune consultation à titre privé sur les questions relevant de la compétence du Conseil constitutionnel et de se conduire en tout comme un digne et loyal magistrat.
«La quête du pouvoir n’est pas toujours une affaire de gentlemen. La bonne foi et l’objectivité n’y sont pas toujours de mise»
Toujours, dans son speech, Pape Oumar Sakho a insisté sur le rôle qu’ils doivent exercer : «s’agissant d’un juge constitutionnel, la gravité de l’engagement sera accentuée par la nature de la mission de se faire le garant du respect de la Constitution dans nos jeunes États. C’est veiller à l’équilibre et à la consolidation de l’institution étatique encore en construction. Mais être juge constitutionnel, c’est aussi être le garant de la régularité des élections. C’est dans un tel contexte, chers frères, que vous allez fourbir vos premières armes». Selon le président du Conseil constitutionnel, leur mission n’est pas une tâche aisée : «l’un des miracles de la démocratie est d’instaurer un mode de dévolution pacifique du pouvoir politique. Cependant, l’ampleur des enjeux, la contradiction des intérêts particuliers en présence, a pu faire dire à Jean Jacques Rousseau que seul un peuple de Dieu peut se gouverner démocratiquement. Il en est ainsi, ici comme ailleurs ; la quête du pouvoir n’est pas toujours une affaire de gentlemen. La bonne foi et l’objectivité n’y sont pas toujours de mise. La surmédiatisation, les débats d’experts reconnus ou autoproclamés, où seuls sont absents les spécialistes de l’humilité, auront pour objet vos décisions et mêmes vos silences».
Parcours des 2 nouveaux sages
Par ailleurs, le président du Conseil constitutionnel a expliqué le parcours professionnel et le profil intellectuel des deux sages qui viennent d’intégrer le groupe. Mouhamadou Diawara a été juge d’instruction à Tambacounda et Thiès, président du tribunal du travail de Thiès et de Louga, président des tribunaux départementaux de Gossas et de Tivaouane, vice-président des tribunaux régionaux de Louga et de Kaolack englobant Fatick. Il a aussi servi comme vice-président du tribunal régional hors classe de Dakar, président de la première chambre civile et commerciale de la Cour d’appel de Dakar, etc. Et s’agissant de Abdoulaye Sylla, c’est un administrateur civil breveté de l’École nationale d’Administration en 1992. Il a ensuite réussi au concours de l’Inspection générale d’État en 2011…
Fatou D. DIONE