Ce n’est pas en l’accusant de terroriste pour le faire rapatrier que les autorités pourront faire taire Ousmane Tounkara. L’activiste détenu actuellement par les services américains de l’immigration, après une dénonciation pour terrorisme des autorités sénégalaises, via le Consulat général de New York, note qu’il continuera à dénoncer, parce qu’il le fait pour le pays. Néanmoins, il a souligné devant les enquêteurs qu’il serait en danger si on le rapatriait. Mais le pire dans cette affaire, regrette-t-il, c’est que c’est son propre beau-frère qui l’a mis dans le pétrin.
Ousmane Tounkara enfonce le clou de la rébellion contre le régime. Depuis sa prison américaine, l’activiste Youtubeur refuse de s’amender. «Je ne regrette rien, parce que ce que je fais, je le fais pour le Sénégal», a-t-il martelé au téléphone sur Seneweb. Et d’ajouter : «je me demande pourquoi notre gouvernement fait recours à de telles pratiques… Je n’ai rien à voir avec le terrorisme. S’ils pensent que c’est pour ça que les gens vont cesser de dénoncer, c’est peine perdue». Poursuivant, l’activiste qui confirme qu’il fera face à nouveau avec le juge le 11 mai pour le verdict final de son affaire, de rappeler que celui qui l’a mis dans ce pétrin est son propre beau-frère, par ailleurs Consul général du Sénégal à New York. Mais qu’il ne lui en veut pas et qu’il «laisse tout entre les mains de Dieu».
«Celui qui m’a mis dans ce pétrin est mon propre beau-frère»
Même s’il n’a pas pu «tout dire», parce qu’il est en détention et que «le téléphone est sur écoute», Ousmane Tounkara est revenu sur les circonstances de son arrestation et sa détention par les services américains de l‘immigration. Il raconte que c’est le 7 mars dernier qu’il a reçu une convocation du Fbi local, pour une audition le 9 mars.
A son arrivée, on lui a demandé, entre autres, s’il savait pourquoi il était convoqué et il a répondu par la négative, demandant qu’on l’édifie. Après avoir confirmé être l’initiateur de «1 million march», les agents lui ont fait savoir qu’il y avait beaucoup de plaintes contre lui. Et que les plaintes étaient particulièrement suivies. «Ils m’ont dit : ‘’il y a des plaintes sur une affaire de terrorisme, de la part de votre consulat’’. Je leur ai demandé d’être plus précis sur l’auteur de la plainte. Ils m’ont dit que c’est notre Consul général qui les a appelés et continue de les appeler. Je leur ai dit que cela m’étonnerait parce que non seulement le consul est mon beau-frère, mais je ne vois pas pourquoi il le ferait».
«Je leur ai dit que si vous me rapatriez, vous me mettez en danger… Je leur ai parlé du cas Assane Diouf»
Mais à l’en croire, s’il a été retenu par les enquêteurs du Fbi et ensuite envoyé en prison, ce n’est véritablement pas à cause de la plainte du consul, mais de sa situation aux Etats-Unis. «Au cours de l’interrogatoire, ils m’ont dit qu’ils ont remarqué que mon titre de séjour a expiré. Et que c’est pour ça qu’ils vont me poursuivre et vont me livrer au service de l’immigration pour qu’il me rapatrie au (Sénégal)», explique-t-il. Une perspective dont l’activiste ne veut pas entendre parler. En ce sens, il souligne : «je leur ai dit que si vous le faites, vous me mettez en danger parce que notre gouvernement est injuste. Je leur ai parlé du cas Assane Diouf». Des explications qui n’ont pas pu le sauver des griffes de la police. «Leur problème, c’est l’origine de la plainte qui est venue de leur hiérarchie. Ils m’ont dit que la plainte dépasse leur juridiction, car elle a été déposée à un niveau supérieur. Et qu’eux ne peuvent qu’exécuter les ordres, et ne pouvaient rien faire pour moi», dit-il. Ainsi, explique-t-il que les agents du Fbi lui ont signifié que tout ce qu’il pouvait faire, c’était de «chercher un avocat et de partager avec lui tout» ce qu’il avait à dire dans le dossier. «C’est ainsi qu’on m’a emmené ici (en prison). J’ai pris un avocat. J’ai été devant le juge à deux reprises, et on nous a convoqués de nouveau pour le 11 mai, pour le jugement final», révèle Tounkara.
Mbaye THIANDOUM