La sortie du ministère de tutelle et de l’Apix pour s’expliquer sur la concession du fer de la Falémé, juste après la conférence d’Ousmane Sonko sur la question, n’est pas du goût de Moustapha Diakhaté. Pour lui, un gouvernement doit savoir anticiper en communiquant, au lieu de se mettre en mode rattrapage ou réaction, à chaque fois. En outre, citant la Constitution qui dit que les ressources naturelles appartiennent aux populations, il pense que pour plus de transparence, l’implication de l’Assemblée nationale et des collectivités locales dans le processus de d’élaboration des contrats de concession n’est plus un choix, mais une obligation pour le gouvernement.
Moustapha Diakhaté n’a pas été tendre avec le ministre des Mines Sophie Gladima Siby et le patron de l’Apix Mountaga Sy, qui ont attendu que Ousmane Sonko fasse sa conférence de presse sur le fer de la Falémé pour que chacun se précipite à apporter soit des démentis, soit des explications. «Il a fallu des accusations sur d'éventuels risques de prévarications minières pour que la ministre des Mines et le Directeur général de l’Apix décidèrent de présenter à l'opinion nationale l'état d'avancement des négociations entre l'État sénégalais et l'entreprise turque Tosyali Holding», regrette-t-il, sur sa page Facebook. Et d’ajouter : «c'est ce qu'il ne faut surtout pas faire, dans une démocratie d'opinion comme celle du Sénégal où, désormais, l'accusation équivaut à la culpabilité».
«L'implication de l'Assemblée et des collectivités territoriales n'est plus un choix, mais une obligation pour le gouvernement»
Ce reproche fait, l’ancien patron des députés de la majorité présidentielle trouve qu’il est temps que l’on respecte les dispositions constitutionnelles, en ce qui concerne les ressources naturelles et leurs exploitations. Citant la Constitution en son article 25-1, Diakhaté souligne : «les ressources naturelles appartiennent au peuple. Elles sont utilisées pour l'amélioration de ses conditions de vie. L'exploitation et la gestion des ressources naturelles doivent se faire dans la transparence et de façon à générer une croyance économique, à promouvoir le bien-être de la population en général et à être écologiquement durables. L'État et les collectivités territoriales ont l'obligation de veiller à la préservation du patrimoine foncier». Dès lors, il reste convaincu que «l'implication de l'Assemblée nationale et des collectivités territoriales impactées par l'exploitation minières dans le processus de validation des conventions n'est plus un choix, mais une obligation pour le gouvernement» depuis la révision constitutionnelle de 2016.
Trouvant que «l'Assemblée nationale où siègent les représentants constitutionnels du peuple doit être mieux impliquée dans le processus de validation et d'approbation des accords relatifs aux ressources naturelles du Sénégal», l’ancien parlementaire prône même l’ouverture, à la presse nationale, des discussions en commission et en plénière, sur les projets de convention entre la République et tout promoteur-développeur. Car pour lui, de telles discussions, «libres et sans concessions» sont «les meilleures garanties» de la transparence, de l'information des populations et la préservation des intérêts nationaux.
Mbaye THIANDOUM