La Division des investigations criminelles (Dic) a présenté, hier, devant le parquet du palais de justice de Dakar, le nommé M. Kamara, professeur de droit et consultant. Celui-ci est poursuivi pour escroquerie et abus de confiance présumés portant sur le montant de 82.700.000 F Cfa. Il a été traîné devant la justice par un richissime homme d’affaires gambien du nom de S. Dukuray, chef d’une entreprise dénommée «Société Hawa Soha Bénin».
La mise en vente supposée de deux bateaux appartenant à la Douane sénégalaise a perdu le professeur de droit et consultant répondant au nom de M. Kamara.
Tout commence en 2022. S. Dukuray, homme d’affaires gambien, apprend dans les colonnes d’un journal la vente de deux bateaux appartenant à la Douane sénégalaise. Capitalisant 20 ans d’expérience dans le transport maritime, il achète très souvent des bateaux de pêche partout en Afrique pour le compte de son entreprise dénommée «Société Hawa Soha Bénin» ; une entreprise basée au Bénin.
La mise en vente de deux bateaux appartenant à la Douane annoncée dans un journal
Intéressé alors par l’offre faite dans le quotidien d’informations, Dukuray câble son ami, établi au Sénégal, nommé B. Thiandoum, qui vérifie l’annonce et lui confirme la mise en vente des deux bateaux appartenant aux gabelous. Il le met toutefois en rapport avec un certain Nd. Sakho, qui présente à son tour l’homme d’affaires gambien au sieur M. Kamara. Lequel organise une rencontre entre le client et son frère, qui serait un colonel des Douanes et chargé de la vente des deux bateaux en question.
Le Gambien verse 233.000.000 F Cfa sur les 255.000.000 F Cfa et s’emporte
Les deux parties conviennent alors à la somme de 255.000.000 F Cfa pour les deux bateaux ; un montant à verser par tranches. Dukuray remet alors la somme de 233.000.000 F Cfa au sieur Kamara contre une décharge, via les nommés Sakho et Thiandoum. Coup de théâtre ! Car, pendant que l’homme d’affaires gambien sue sang et eau pour solder le reliquat, il reçoit un appel téléphonique du sieur Kamara, qui l’informe que le montant déjà versé concerne uniquement un seul bateau dénommé «Assos 6».
Le professeur de droit restitue 140.000.000 F Cfa et peine à solder le reliquat
Désarçonné, l’homme d’affaires gambien reprend un tant soit peu ses esprits, s’oppose de toutes ses forces à la volonté du professeur de droit et rappelle les termes de contrat de partenariat. Celui-ci reste de marbre et semble jouer la montre. Dukuray disjoncte, élève la voix et réclame le remboursement intégral de son argent. Il multiplie ses appels téléphoniques et exerce de fortes pressions sur Kamara. Qui craque et restitue la somme de 140.300.000 F Cfa. Et reste devoir au ressortissant gambien la somme de 82.700.000 F Cfa.
Un colonel des Douanes et apparenté au professeur de droit cité dans l’affaire
Interrogé à titre de témoin, B. Thiandoum confirme sur toute la ligne les déclarations du plaignant et déclare avoir servi d’intermédiaire entre les deux parties dans l’opération de vente de deux bateaux appartenant à la Douane sénégalaise. Il confirmera aussi la rencontre entre Dukuray et Kamara au bureau du colonel des Douanes et le versement des 223.000.000 F Cfa pour l’achat de l’un des bateaux. De la même manière, Nd. Sakho a abondé dans le sens que Thiandoum et indique avoir mis en rapport le présumé mis en cause avec le plaignant. Qui a effectivement les sous à celui-ci.
La vente du bateau ne figure pas dans le circuit officiel de la Douane
Cuisiné, M. Kamara, professeur de droit et consultant aussi, a reconnu sans ambages les faits et confirme avoir bel et bien reçu 233.000.000 F Cfa des mains des nommés Sakho et Thiandoum pour l’achat d’un bateau mis en vente par la Douane. Quid du reliquat constitué de 160.000.000 F Cfa ? Kamara indique avoir remis l’argent à de hautes autorités sur la base d’une clause résolutoire. Il précise toute que le dossier de la vente du bateau ne figure pas dans le circuit officiel de la Douane sénégalaise. Il a réfuté toute implication de son frère de colonel des Douanes dans l’opération de vente de bateaux. Il justifie leur présence au bureau du gradé douanier dans le but de demander à celui-ci de recevoir le sieur Sakho dans le cadre du projet d’achat des deux bateaux en question.
Une commission de 140.500.000 F Cfa en jeu après la vente des deux bateaux
Si la vente de bateau était effective, le professeur de droit et les deux facilitateurs nommés Sakho et Thiandoum auraient pu toucher chacun une commission de 14.500.000 F Cfa. Sommé de communiquer les numéros de téléphones des hautes autorités en question, Kamara a refusé, prétextant une clause de confidentialité qui le lierait avec celles-ci. Suffisant pour que les enquêteurs doutent de la bonne foi du consultant et soupçonnent ce dernier d’avoir utilisé l’argent à des fins personnelles. Il a été déféré devant le parquet pour les incriminations pénales retenues contre sa personne.
Vieux Père NDIAYE