Réformer pour mutualiser les moyens et les instruments, notamment les banques sénégalaises et les outils de financement comme le Fongip et le Fonsis afin de rationaliser et d’optimiser les interventions ! C’est le cri de cœur du Président Macky Sall qui a chargé ses ministres d’achever ces réformes. En tout cas, si tel n’est pas le cas, il a juré de ne plus injecter autant de milliards dans un secteur qui n’a été réformé.
Au terme des interventions consacrées au Conseil présidentiel sur la relance économique, le Président Macky Sall, en conclusion, a tapé du poing sur la table pour sommer ses ministres d’appliquer les réformes visant à mutualiser les instruments afin de rationaliser les interventions. En effet, il en veut pour preuve le financement de l’agriculture qu’il juge faible. Or, dit-il, avec un secteur bancaire mieux structuré, le Sénégal pourrait augmenter sensiblement le financement de l’agriculture. A cet effet, il a instruit les ministres concernés à engager ces réformes consistant à la création d’une holding national bancaire entre les banques du Sénégal, en l’occurrence la Bnde, la Bhs, et la Banque agricole, en plus d’autres entités pour avoir, dit-il, un outil, une capitalisation qui compte. «Il faut terminer ces réformes, c’est une question d’organisation. On perd trop de temps dans les réformes. On a peur de supprimer des postes ?», fait remarquer le président de la République qui persiste dans l’application de cette mesure. A l’en croire, il faut aller vers cette réforme tout en gardant la spécificité de chaque entité. Au moins, on aura une banque nationale qui compte. Si on fusionne cette capitalisation, ça va permettre d’avoir une banque qui va agir et l’Etat pourra l’aider, car les dépôts prioritairement vont être dans cette banque», ajoute le chef de l’Etat.
Il faut qu’on bouge, il faut que les réformes soient achevées
Revenant sur les mécanismes de financement innovants pour la relance économique, Macky Sall estime également qu’il y a là aussi des cohérences à mettre ensemble. «Nous sommes obligés d’harmoniser et de rationaliser tous ces outils, le Fongip et le Fonsis pour le logement social, parce que c’est le même Etat et pour que son action soit efficace. «Si on partitionne ces instruments, il n’y aura pas d’efficacité. Il faut faire les réformes et les ministres qui ne veulent pas assumer, il faut qu’ils le disent. Je suis le seul responsable, je vous couvre et je l’assume. Faites le travail. Si ça marche, j’assume, si ça ne fonctionne pas, j’assume. Mais, il faut qu’on bouge. Il faut que les réformes soient achevées», charge le chef de l’Etat, avant de verser dans la menace : «je ne mettrai plus autant de milliards dans un secteur où il n’y a aucune réforme. Pas de réforme, pas d’argent», martèle le Président Sall. Il faut davantage, dit-il, mutualiser les moyens, les instruments, afin de rationaliser et d’optimiser les interventions pour éviter le double ou le triple emploi. Car, il y va de l’efficacité de la dépense publique.
Toute la richesse du pays n’est pas intégrée dans notre Pib
Sur un autre registre, le chef de l’Etat a instruit ses ministres de l’Économie et des Finances à mettre à niveau les systèmes statistiques d’évaluation des productions agrosylvopastorales. «Notre Pib doit mieux mettre en exergue notre production réelle, car je reste convaincu que toute la richesse du pays n’est pas intégrée dans notre Pib», révèle Macky Sall, qui en veut pour preuve la contribution des femmes qui sont dans le petit commerce de table et dans la transformation céréalière et qui, à travers ces activités, nourrissent leurs familles. Pourtant, cette contribution, se désole le Président Sall, n’est pas intégrée dans notre Pib. Ce qui lui fait dire qu’il faut changer de paradigme. «Nous avons une économie informelle et les paramètres européens ou américains ne peuvent pas être valables dans une économie à 98% informelle. Même s’il y a des fondamentaux, il faut tenir compte de notre spécificité, de l’état de notre économie et de notre sociologie pour intégrer cela dans notre Pib», fait remarquer le chef de l’Etat. Mieux, il doute également que le foncier qui coûte des milliards à Dakar ne soit pas également intégré. Idem, dit-il, pour ce berger en monde rural, qui trône sur un patrimoine de 1000 vaches et qui est considéré comme un pauvre. Ce qui lui fait dire qu’une partie de ces données doit être intégrée dans le calcul du Pib.
Presse et tourisme : suppression des impôts et taxes jusqu’en 2021
En ce qui concerne les secteurs de la presse et du tourisme fortement éprouvés par la crise sanitaire à Covid-19, le chef de l’Etat a décidé de la suppression de tous les impôts et taxes notamment la Tva ainsi que les impôts retenus à la source et l’impôt sur les sociétés jusqu’à la fin de l’année 2021. Ce, dit-il, pour permettre à ces deux secteurs d’être dans la relance.
Moussa CISS