Les ex-agents du nettoyage (Sias et Ama Sénégal) et du transport (Sotrac) déclarent la guerre à l’État pour rentrer dans leurs fonds. Ainsi, en conférence de presse ce vendredi 6 mai 2022 au siège de la Confédération des syndicats autonomes du Sénégal (Csa), ces ex-travailleurs de sociétés nationales sont plus que déterminés pour contraindre l'Etat du Sénégal à payer leurs indemnités.
Moustapha Ngom, SG des ex-travailleurs de la Sotrac a ouvert le bal des contestations. «La Cour des comptes a exigé de l'Etat du Sénégal de nous payer 26 milliards à la Sotrac. Malgré le conseil interministériel sur les sociétés publiques liquidées, le Président avait créé une commission au niveau de la présidence, le 14 avril 2016, nous avions rencontré le directeur de cabinet, le ministre Oumar Youm ; le 10 mars 2018, une autre rencontre a été tenue à la primature avec le Premier ministre Boun Abdallah Dionne. Depuis lors, nous n'avons rien vu. Le Pm nous a promis 72 heures pour nous permettre de rentrer dans nos fonds, rien encore. Le 21 février 2019 à Guédiawaye, le président de la République nous a promis à Guédiawaye de régler notre situation et nous avons voté pour lui. Depuis lors, rien. La vidéo est dans les médias. Nous nous sommes tous mobilisés pour sa réélection. Encore rien du tout. Nous avons discuté avec notre base. D’ici peu vous allez nous entendre», fait-il savoir.
Madany Sy, Sg Ama Sénégal, d’ajouter que depuis 2006, il y a des travailleurs qui sont dans la rue, d’autres sont devenus fous. 700 rescapés sont à l’Ucg, 327 agents dans la rue après la liquidation de 2005.
«Nous, rescapés si on ne soutient pas nos autres camarades, nous sommes des lâches. Ce que fait le Président c’est du saupoudrage, car les 43 milliards annoncés par le Président nous les considérons comme des hérésies. Il n’y a pas de solidarité dans le nettoyage. Il y a trop de syndicats. Le médiateur de la République a envoyé une lettre pathétique au président de la République pour qu’il nous paie notre argent. Nous exigeons que le président respecte ses engagements. Le collectif se réunit chaque fois qu’il est de besoin. Quand l’essentiel est menacé, s’opposer et se battre devient une nécessité. L’appel que je lance aux travailleurs de l’Ucg, c’est de venir soutenir nos camarades de ces trois structures. Le médiateur nous a envoyé toutes les lettres adressées aux autorités. Cette tragédie est à l’origine de plus de 600 camarades décédés, familles disloquées, des femmes répudiées, devenus des malades mentaux, d’autres des mendiants. Après notre grève de la faim suspendue grâce à la médiation de Mame Mactar Guèye Jamra, il nous a permis de rencontrer le médiateur de la République, le juge Demba Kandji. Ce dernier a aussitôt adressé des correspondances au président de la République, au ministre des Finances, au ministre du Budget pour le règlement définitif de la situation des ex-travailleurs d’Ama Sénégal, de la Sias et de la Sotrac. Cette tragédie est à l’origine de plus de 600 camarades décédés, des familles qui se sont disloquées, des enfants qui ne partent plus à l’école, des femmes qui ont quitté le foyer conjugal, certains de nos camarades sont devenus des malades mentaux, d’autres des mendiants, des agents expulsés de chez eux. Je pense que pour service rendu à la nation sénégalaise, le président devra se pencher sur ce lancinant dossier car il a dit décider de dégager une enveloppe de plus de 49 milliards pour des familles démunies.
«Je pense que nul n’est mieux placé que nous. Si vous faites le cumul de ce que l’Etat doit à Ama, Sias et Sotrac, ça ne dépasse même pas 13 milliards. Ceux qui votent les lois, sont ceux-là qui les transgressent. On ne se laissera plus berner, on ne laissera pas cette forfaiture, nous allons nous battre jusqu’à ce que l’Etat nous paie nos droits. Dans le cadre de la solidarité ouvrière, nos camarades de l’Ucg sont venus nous prêter mainforte. C’est la Sias qui a donné naissance à Ama Sénégal et à l’Ucg. Nous allons dérouler un autre plan d’action qui sera mis à la disposition des travailleurs», rembobine-t-il. Et Ousseynou Diop, Sg de la Sias qui a donné naissance à Ama Sénégal a aussi livré les inquiétudes et difficultés que vivent ces travailleurs. «Nous sommes arrivés au summum de la lutte. Il nous faut désormais nous battre tous les jours pour rentrer dans nos droits. Le droit s’arrache. Toutes les démarches sont faites maintenant il faut mettre des jalons, qu’ils nous battent, qu’ils nous torturent, qu’ils nous enferment, on doit tout subir. S’il faut bloquer les voitures de ramassage, il faut le faire. Le Président reçoit toutes les couches et pas nous. On doit continuer la lutte et advienne que pourra. Seul le gouvernement de Wade a fait des actions salutaires, Macky Sall ne fait que promettre. L’Etat a dissous ces trois sociétés sans préavis, sans lettre de licenciement. Malgré la décision de justice, l’Etat semble continuer à nous ignorer. Les travailleurs de la Sotrac dépassent les 2000 agents, plus de 1700 à Ama Sénégal et plus de 1500 de la Sias. Nous exigeons que l’Etat considère notre dossier parmi ses priorités. Tous les moyens sont bons pour rentrer dans nos fonds. Nous sommes prêts à tout pour rentrer dans nos fonds que le gouvernement se le tienne pour dit, les négociations suffisent. Il ne reste que la lutte», fulmine-t-il.
Baye Modou SARR
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