Le ministre de l’Intérieur Antoine Diome devra revenir aujourd’hui à l’Assemblée nationale, puisque son budget n’a pas été adopté hier à cause d’une suspension de séance. En effet, des propos désobligeants du député Ami Ndiaye Gniby sur Serigne Moustapha Sy ont été à l’origine d’un incident et du blocage de la plénière par les députés de l’opposition. Ces derniers exigent des excuses publiques pour reprendre les débats.
Le passage du ministre de l’Intérieur hier à l’Assemblée nationale a été émaillé d’incidents. Même si les querelles et autres tiraillements sont devenus monnaie courante à l’hémicycle à cause des positions partisanes des députés, le motif à l’origine de cette altercation verbale est tout autre. C’est le député de Bby, Ami Ndiaye Gniby qui, répondant au député de Pur (Parti de l’unité et du rassemblement) Ndiallou Bathily, a émis des propos désobligeants à l’endroit du fondateur du Pur, Moustapha Sy. En effet, de l’avis de Ndiallou Bathily, le ministre de l’Intérieur accompagne les différents chefs religieux dans l’organisation de Gamou ; ce qui n’est pas le cas pour Serigne Moustapha. Pire, le député relève que le cortège du marabout est à chaque fois filé et parfois bloqué lors de ses déplacements. Or, le rôle du ministre, c’est de le sécuriser au lieu de lui mettre les bâtons dans les roues et de compromettre ses relations diplomatiques.
C’est en répondant à ces remarques qu’Ami Ndiaye Gniby a attenté à la croyance de certains parlementaires. «Un marabout qui se targue d’avoir la capacité de communiquer avec Dieu et qui a des ‘’djinns’’ n’a pas besoin de la sécurité de l’Etat», charge le député de Gniby qui révèle que les paroles du marabout ne valent rien, rappelant la décision de celui-ci d’aller en prison si jamais l’ancien maire de Dakar était emprisonné. «Ce qui n’a pas été le cas», rapporte Ami Ndiaye, sous les applaudissements de ses collègues de la majorité.
Massata Samb s’insurge contre cet acte «d’indiscipline»
Un jugement qui n’a pas plu aux autres députés du Pur, notamment à Massata Samb qui s’est insurgé contre cet acte «d’indiscipline». Malheureusement, à son tour, il a récolté une bordée d’injures de la part du député de Bby. D’autres députés se sont invités à cet échange verbal houleux plongeant la salle dans une tohu-bohu indescriptible. Finalement le président a décidé d’une suspension pour calmer les ardeurs des parlementaires. Seulement, après une suspension de 40 minutes, le président Amadou Mame Diop est revenu avec la ferme volonté de poursuivre les débats après avoir rappelé les dispositions du règlement intérieur qui invite les députés à éviter de tenir des propos attentatoires à l’ordre et à la paix sociale. «Je n’hésiterai pas à user de mes prérogatives en cas de nouvelles violations», dit-il.
Les députés de l’opposition intransigeants
Mais, c’était sans compter avec les députés de l’opposition qui ont fait obstruction aux débats exigeant des excuses publiques du député de Gniby. Le président persiste et décide à tout prix de poursuivre les débats, invitant le député Abdoulaye Diop à prendre la parole. Aba Mbaye, secrétaire élu, boude son siège et rejoint ses collègues députés de l’opposition. Un bloc s’était formé devant le pupitre pour empêcher toute intervention. Amadou Mame Diop menace d’amener les gendarmes, mais les députés sont restés droit dans leurs bottes.
Une autre suspension a été prononcée pour essayer d’arrondir les angles. Ainsi, au terme d’une seconde et longue suspension, le président de l’Assemblée nationale est revenu plus modéré. «Après ce qui s’est passé, on a discuté et notre président de groupe parlementaire a décidé de prendre la parole», dit-il. Pour autant, les députés de l’opposition ont craché sur cette prise de parole. «On ne va pas accepter que le président Youm s’excuse à la place de cet énergumène. Elle doit s’excuser», révèle Abass Fall. Une posture adoptée par les autres députés de l’opposition face à certains collègues de la mouvance présidentielle. Et, cette fois-ci, c’est Ami Ndiaye Gniby qui tentait d’appeler au calme. Pourtant, au début de la plénière, le député Sanou Dione avait fait appel au règlement pour inviter le président de l’Assemblée nationale à faire respecter l’article 58 du règlement intérieur contre les députés qui perturbent le déroulement de la plénière. Cependant, à cette remarque Amadou Mame Diop de répondre : «c’est à moi d’apprécier». Malheureusement, cette attitude de certains parlementaires a pris pour la première fois des proportions incontrôlées. Et, c’est ce qui a été à l’origine de la suspension de la plénière qui va reprendre aujourd’hui, faute de convergence de vues entre les deux camps. Pour la première fois, le vote du budget d’un ministère va prendre deux jours.
Les députés de l’opposition exigent des excuses publiques, à défaut…
Les députés de l’opposition sont catégoriques : tant que Amy Ndiaye ne s'excuse pas il ny aura plus de travaux. «Peu importe le ministre qui passera demain. Soit elle s’excuse soit elle sort sinon, nous allons encore faire comme le 12 septembre», préviennent-ils. Poursuivant, Abba Mbaye et Cie déclarent : «ils peuvent insulter nos leaders politiques, mais Serigne Moustapha Sy est spécial pour nous. C’est un guide religieux qui mérite respect et considération comme tous les chef religieux. Ce qu’il faut savoir, c’est qu'il ya deux deux groupes dans Benno : un groupe dirigé par Oumar Youm et un autre composé de petites gens insulteurs contrôlés par Farba Ngom. Si nous insistons pour qu’elle s’excuse, c’est plus pour sa sécurité», ont fait savoir les députés de l’opposition.
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