Plus de bacheliers orientés par l’Etat dans les instituts privés. C’est le ministre de l’Enseignement supérieur qui l’a annoncé hier en conférence de presse. Tous les bacheliers seront orientés dans les universités publiques, selon Cheikh Oumar Hann, qui annonce aussi des mesures d’accompagnement, pour permettre à nos universités de pouvoir faire face.
La lourde ardoise que traîne l’Etat vis-à-vis des écoles et instituts privés d’enseignement supérieur a fini de plomber leur mariage de raison. Incapable de respecter ses engagements financiers et tout le temps mis dos au mur par ses partenaires, qui réclament leur dû et n’hésitent plus à renvoyer les étudiants de l’Etat mauvais payeur, le gouvernement a renoncé à cette politique initiée sous l’ère Macky Sall. «L’Etata décidé d’orienter l’ensemble des nouveaux bacheliers 2019 dans les établissements publics de l’enseignement supérieur», a informé Cheikh Oumar Hann. Qui ajoute que, conformément à cette mesure gouvernementale d’orienter tous les bacheliers de cette année dans les universités publiques, 52.221 d’entre eux se sont déjà inscrits sur la plateforme Campusen, dédiée à cet effet, sur un nombre global de 57.130 bacheliers. Pour matérialiser cette volonté étatique, de nombreuses mesures d’accompagnement ont été également prises. En effet, pour permettre à nos universités et établissements publics de recevoir l’ensemble des nouveaux bacheliers, le ministre de tutelle soutient que «le gouvernement s’est engagé à mettre en œuvre dans les meilleurs délais» plusieurs actions. Il s’agit, entre autres, de «terminer l’ensemble des infrastructures relatives au programme d’extension des universités, finaliser et équiper les amphithéâtres en cours de construction à l’Université Assane Seck et à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis, terminer la construction et l’équipement de 100 laboratoires scientifiques, terminer et réceptionner 7 Eno (espaces numériques ouverts)». De même, un programme de recrutement d’enseignants est ficelé, consistant, selon Cheikh Oumar Hann, à «mettre à la disposition des universités et établissements publics d’enseignement supérieur 200 postes d’enseignants». Des enseignants qui seront mis dans de bonnes conditions de travail, avec la construction et l’équipement, au courant l’année 2020, de 200 nouveaux bureaux.
Cette décision des pouvoirs publics n’est guère surprenante, si l’on sait que non seulement la dette accumulée par l’Etat était devenue intolérable pour les instituts privés, mais aussi, il y a un manque de volonté réel du gouvernement de l’éponger. En effet, sur une enveloppe globale de 16 milliards, l’Etat ne s’était engagé à payer, pour le moment, que quelque 3 milliards. Il s’y ajoute que le privé est remonté contre le ministre de tutelle qui, en plus de douter de la sincérité de la dette, a tenu des propos qui, pour ses partenaires, mettent en doute la crédibilité de leurs enseignements.
Mbaye THIANDOUM