A la veille de sa convocation à la Section de recherches de la gendarmerie de Colobane, le colonel Abdourahim Kébé a fait face à la presse, pour rappeler que son engagement en politique et dans les actions citoyennes est irréversible. C’est pourquoi il qualifie cette convocation d’acte inélégant, avant de révéler que cet acharnement n’entamera en rien sa détermination à servir son pays, aux côtés du peuple qui, dit-il, souffre.
Convoqué aujourd’hui à la Section de recherches de la gendarmerie de Colobane, le colonel Abdourahim Kébé, démissionnaire du parti Rewmi, persiste à croire que cette convocation est motivée par son engagement politique et citoyen. Mais il prévient : «mon engagement en politique et dans les actions citoyennes est irréversible. C’est à ce titre que je soutiens activement le mouvement Aar Li Nu Bokk qui lutte pour l’intérêt général, en demandant la transparence dans la gouvernance de nos ressources naturelles et financières. Ce qui me vaut une convocation à la Section de recherches de la gendarmerie», indique l’ancien responsable de Rewmi, qui a décidé de déférer à la convocation, assisté d’un avocat, conformément à la suggestion des enquêteurs. En sortira-t-il libre ou pas ? En tout cas, c’est un colonel d’attaque qui a fait face à la presse, hier à Saint-Louis. «Cet acharnement, ce harcèlement qui frise l’intimidation n’entamera en rien ma détermination à servir mon pays aux côtés du peuple ignoré, souffrant et victime de toutes les peurs», charge le conférencier.
Il n’est pas pertinent de chercher à bâillonner un militaire à la retraite
Ainsi, revenant sur cette convocation, il écarte cet argument «du devoir de réserve» pour le faire taire. «Ce devoir ou obligation de réserve a pour unique objectif de garantir la neutralité et l’impartialité de l’administration et de ne pas nuire à son renom. A ce titre, on peut certes comprendre les restrictions de liberté d’expression appliquées aux militaires en activité et aux autres agents de la fonction publique. Cependant, il n’est pas pertinent de chercher à bâillonner un militaire à la retraite dont l’action n’engage plus l’administration. C’est un manque de respect à ceux qui ont sacrifié l’essentiel de leur vie à respecter les fondamentaux identitaires des armées, contribuant ainsi, grâce à leur professionnalisme et leur loyauté sans faille aux institutions de la République, à la stabilité du pays», se désole le colonel Abdourahim Kébé, qui considère cette démarche comme une «inélégance républicaine».
Une situation qui, à l’en croire, renforce le sentiment que le militaire sénégalais en activité ou à la retraite est encore considéré comme un citoyen entièrement à part et non comme un citoyen à part entière. «Il est temps que cela cesse et définitivement. C’est pourquoi j’interpelle les juristes et les organisations des droits de l’homme pour que soit mis fin à cette injustice qui veut que le militaire, quel que soit par ailleurs son rang, reste un sous citoyen à sa retraite», fulmine le colonel à la retraite.
M. CISS