La famille du défunt Mafatim Mbaye est persuadé que son fils a été «assassiné» la nuit du 16 août dernier, lors des échauffourées entre les conducteurs de moto Jakarta et la police des Parcelles-Assainies de Thiès. Et, le bourreau de leur défunt fils se trouve dans les rangs de la police. C’est l’avis du père du défunt, en conférence de presse, hier, à Thiès.
Si le rapport d’enquête de la police des Parcelles-Assainies de Thiès transmis au procureur de la République de Thiès, blanchit leur collègue et non moins chef de la brigade de recherches Makha Diop dit El Capo, pointé du doigt, suite à la mort du pétrisseur Amar Mafatim Mbaye, dans la nuit du 16 aout dernier, cette affaire est loin de connaitre son épilogue. En effet, la thèse de l’accident est une couleuvre difficile à avaler pour la famille du défunt. En conférence de presse, hier, le père de Amar Mafatim Mbaye est monté au créneau pour démonter cette thèse et relancer du coup la bataille de l’opinion. «J’ai entendu un témoin conforter la thèse de l’accident en révélant que la moto a fait une embardée. Il raconte des balivernes», indique le père du défunt. A l’en croire, si tel était le cas, «la victime serait projetée loin de la moto et allait présenter des égratignures sur le corps. Ce qui n’est pas le cas», fait-il remarquer, avant de révéler que la moto est également restée intacte et n’a pas manqué de montrer l’engin qui s’est présenté en bon état devant le public. Poursuivant, le père du défunt révèle qu’il va commettre un huissier pour constat de la moto. Outré, il considère que ce tapage médiatique consiste à faire avaler à l’opinion la thèse de l’accident. «Il n’y a pas eu d’accident, il a été assassiné», fulmine l’ancien directeur d’école. Ainsi, il n’a pas manqué de solder ses comptes avec le commissaire Cheikhouna Keita, qui a tenté de laver à grande eau la police dans cette affaire. «C’est parce que ce n’est pas son enfant qui a été tué. Il n’était pas sur les lieux au moment des faits, par conséquent, il doit savoir raison garder. Il doit se taire et méditer sur les raisons qui l’ont fait quitter la police», martèle M. Mbaye. Dans cette dynamique, il a également interpellé le ministre de l’Intérieur à s’impliquer davantage dans la formation des policiers, persuadé qu’il y a une gangrène qui doit être extirpée de ce corps.
La police accablée par les témoins à charge
Par ailleurs, le père de Mafatim Mbaye est d’avis que l’enquête de la police a été biaisée depuis le début. Dans cette affaire, dit-il, la police ne peut pas être juge et partie. C’est pour cette raison que la famille a refusé que ses témoins déposent au niveau de la police. En tout cas, depuis la plainte de la famille, l’enquête a été confiée au juge du premier cabinet du Tribunal de grande instance de Thiès par le procureur de la République. Et, nos témoins seront entendus. «Lorsqu’ils ont su que nous avions des témoins à charge, ils les ont menacés. Ce qui signifie que la thèse de l’accident ne peut prospérer. Si on n’a rien à se reprocher, on n’a pas besoin d’aller menacer des gens», ajoute le père du défunt. Il s’est également indigné du comportement d’un policier suspect qui, à l’en croire, s’est mis à narguer la famille endeuillée, indiquant que sa présence sur les lieux ne pourra jamais être prouvée. Or, relève-t-il, son supérieur hiérarchique nous a confié dans son bureau avoir envoyé ses hommes sur le théâtre des opérations. «Je les ai envoyés sur le terrain, je réponds d’eux et quel que soit le coupable, je ne le protégerai pas», avait déclaré son supérieur hiérarchique. Mieux, Habib Niang (militant de Ciré Dia et ami de la famille) révèle qu’un témoin à charge a confirmé la présence du policier «incriminé» sur le lieu des échauffourées. «Celui par qui tout a commencé, a confirmé la présence de El Capo sur les lieux. Au début des échauffourées, il était resté dans son véhicule», rapporte le sieur Niang qui révèle que ce témoin a été à l’origine de la bagarre entre les policiers. Poursuivant, il révèle qu’un autre témoin lui a rapporté que Mafatim a été arrêté par un policier sur la route. Et, lorsque le policier l’a sommé de lui remettre les clés de sa moto, il a refusé. C’est ainsi que le policier lui a asséné un coup de matraque au cou. Alors qu’il tentait de répliquer, un autre policier est venu prêter main forte à son collègue pour porter un autre coup de matraque à la victime au cou. Ce qui l’a envoyé au sol», narre Habib Niang, qui révèle que ces témoins ont été au tribunal pour faire leurs dépositions. Seulement, le juge du premier cabinet était absent et c’est lundi prochain qu’ils ont été à nouveau convoqués. Outre ces deux témoins, le sieur Niang révèle que d’autres témoins sont également prêts à déposer dans cette affaire. Toutes choses qui confortent la famille à croire que la thèse de l’accident ne peut prospérer dans cette affaire.
Moussa CISS