Trainé devant le tribunal correctionnel de Dakar par Ndèye Maty Fall, seconde épouse du ministre du Budget Birima Mangara, le directeur du site d’information Dakarposte, Mamadou Ndiaye, risque de passer une année en prison pour diffamation, vu le réquisitoire du procureur de cette chambre. Ces faits pour lesquels il comparait datent du 7 octobre 2016. Il avait publié sur son site un article titré : «La vérité sur le divorce de Birima Mangara avec sa 2ème femme Ndèye Maty Fall qui l'a cocufié avec un gigolo».
Dans l’article, il a écrit qu’il détenait des sms que la femme envoyait à son amant. Le lendemain, tôt le matin, il en a même parlé dans l’émission «Teuss», sur la radio Zik fm.
La dame qui est tombée des nues, a immédiatement saisi les autorités judiciaires pour une plainte en diffamation à l’encontre de Mamadou Ndiaye, qui a été appréhendé et déféré au parquet.
Mamadou Ndiaye : «Il y avait beaucoup de vues sur le net…»
Entendu à l’enquête de police, il a indiqué que le ministre a demandé le divorce parce que sa femme l'a trompé avec un gigolo. Et il l’a prise la main dans le sac. Devant le tribunal correctionnel de Dakar où il a été attrait, hier, dans une témérité incroyable, il a persisté dans ses accusations. «J’ai découvert cette affaire sur «jotay.net» et sur senego. C’est là-bas que je l’ai repris. Après j’ai mené mes investigations et j’ai expliqué les raisons du divorce de Birame Mangara avec son ex-épouse. J'ai dit la vérité en soutenant qu'il a été cocufié. Lorsqu'elle est revenue de La Mecque, elle a été convoquée par son mari et répudiée. C’est ce que j'ai expliqué dans l'article et c'est ce qui a été relaté par tout le monde. Et je ne suis pas le seul à l’avoir repris. Mais je ne sais pas pourquoi je suis le seul à être attrait devant cette barre. Je me suis basé sur les messages que la dame envoyait à son amant, pour dire qu'elle entretenait des relations adultérines. Hélas, je ne révélerai pas ma source. J'ai dit qu'elle a été prise en flagrant délit d'adultère et il y a des témoins, mais je ne divulguerai pas leurs noms. Je n'ai jamais eu l'intention de lui nuire, mais je voulais juste donner une information people. Qui d’ailleurs intéresse les gens du fait qu’il y a beaucoup de vues sur le net et qu’aussi son mari est connu, célèbre dans le pays», a soutenu le mis en cause, que le procureur a rappelé à l’ordre, lui demandant en quoi la population est intéressée de savoir que Mme Mangara entretient des relations avec telle ou telle personne.
Ndèye Maty Fall : «qu’on me montre un seul homme sur cette terre qui a posé la main sur moi!»
Très indignée, l’épouse du ministre a déclaré que Mamadou Ndiaye devrait avoir honte d’être journaliste, de l’avoir diffamée et traitée d’avoir commis un adultère dans l’émission «Teuss». Poursuivant, elle a soutenu qu’il devrait lui montrer si oui ou non un homme sur cette terre a posé la main sur elle. Tout de même, elle reconnait qu’il y a une procédure de divorce avec son mari, qui a soutenu une incompatibilité d'humeur devant le juge. Pour terminer, elle a indiqué que les sms, à savoir la conversation de WhatsApp dont fait allusion le prévenu, ne sont pas d’elle.
La vie privée du ministre du Budget étalée à la barre, la partie civile réclame 1 milliard
Après de rudes joutes verbales entre avocats, les 3 conseils de la partie civile, dont Me Abdou Dialy Kane et Baboucar Cissé, ont demandé de maintenir le prévenu dans les liens de la prévention, en allouant la somme de 1 milliard à titre de dommages et intérêts à Ndèye Maty Fall. De l’avis de Me Kane, c’est de l’assassinat moral, parce que la dame a été déshabillée sur la place publique. Me Baboucar Cissé d’ajouter que le prévenu est un mercenaire, un escroc et un habitué des faits, qui a été condamné sur le cas de Me Aissatou Guèye Diagne. Et pour ce cas, a dit le conseil, Birima Mangara a soudoyé comme d'habitude le prévenu. Allant au fond de sa plaidoirie, la robe noire a dit qu’en réalité, Mangara a épousé une 3ème femme et c'est pour cela qu'il l'a répudiée. Alors que, depuis 6 ans, il est sorti avec Maty avant de l’épouser. Pour couronner le tout, il a terminé en alléguant que jusqu'à présent, Birima Mangara n’a pas regardé sa femme dans les yeux pour lui demander le divorce.
Le parquet, qui a requis un an ferme avec une amende de 500.000 F, a été outré d’entendre le prévenu répondre par la négative, quand on lui a demandé s’il allait publier l'article s'il s'agissait de sa femme, ou sa sœur. Le procureur de se féliciter que les députés n’aient pas voté la dépénalisation des délits de la presse, car certaines personnes pensent qu'on peut s'asseoir devant son clavier et faire basculer le monde.
Me Ousseynou Gaye, avocat de la défense : «Pourquoi l’avoir attrait ici alors qu'Ahmed Aidara fait plus de mal dans ce pays ?»
Pour sortir son client des griffes de dame justice, Me Ousseynou Gaye a soutenu mordicus que lors de la cérémonie de La Mecque, la plaignante a été répudiée devant ses parents, sa famille, alors que tout Dakar y a été invité. Et c'est le ministre qui l'a fait, en lui disant qu’il n'avait pas confiance en elle. «Tout le monde était au courant de cette information. Ndiaye n'a fait que reprendre cet article. Pourquoi l’avoir attrait ici alors qu'Ahmed Aidara fait plus de mal dans ce pays ?», demande-t-il. Sur ce, il a demandé d'appliquer la loi en tenant compte de ces facteurs.
Délibéré fixé le 18 janvier 2018 par le juge Ndary Diop.
Fatou D.DIONE (Stagiaire)