
«Il n’y a pas une volonté de l’État de réduire les politiques au silence… Quand il y a un ou des Sénégalais qui veulent faire des caravanes qui sèment la mort, il faut que l’État soit debout»
Après plusieurs heures de débats entre parlementaires, le projet de loi N°10/2023, malgré les amendements, a été voté à l’écrasante majorité des députés. Chargé de défendre le projet de loi, le ministre de la Justice, garde des Sceaux, Ismaïla Madior Fall a répondu aux interpellations non sans, parfois, hausser le ton pour dire ses vérités aux députés de Pastef-Les Patriotes et du Pur notamment.
Après de longues discussions, les députés de l’Assemblée nationale ont adopté le projet de loi portant révision constitutionnelle. 123 ont voté pour, 2 contre et 33 abstentions. Le ministre de la Justice, garde des Sceaux, après avoir salué la qualité des débats, a tenu à apporter des réponses aux inquiétudes des honorables députés.
Sur le rétropédalage du président de la République en ce qui concerne la modification de l’article 87 de la Constitution, le ministre de la Justice a apporté des «précisions juridiques». Ismaïla Madior Fall : «il était prévu que la disposition qui limite le pouvoir du président de la République de dissoudre l’Assemblée nationale soit revue. Mais je voudrais dire que voilà une révision pour laquelle le Président n’avait aucun intérêt. Il avait essentiellement deux préoccupations. La première était une préoccupation objective, rationnelle, intemporelle, qui intéressent le système politique dans son fonctionnement. Le Président a l’habitude de dire : ‘’j’ai fait 11 ans, j’ai onze élections’’… Il nous faut au Sénégal arriver à un système de rationalisation des élections, notamment en organisant les législatives immédiatement après la présidentielle et permettre à mi-mandat l’organisation d’élections locales», a expliqué le ministre de la Justice.
Passé ce point, le ministre de la Justice s’est attaqué aux questions sur le système de parrainage. Ismaïla Madior Fall estime que le parrainage est amélioré.
Dans la foulée, le ministre de la Justice est également revenu sur la caution, révélant que «le président de la République était pour la suppression de la caution, mais c’est nous qui l'avons dissuadé pour donner un prix abordable».
Autre interpellation à laquelle Ismaïla Madior Fall a tenu à répondre, c’est ce que certains parlementaires ont appelé la «traque d’opposants». Là, le garde des Sceaux dit à qui veut l’entendre qu’«il n’y a pas une volonté de l’État de réduire au silence des politiques…». Mais, dit-il, s’il y a des gens qui veulent troubler l’ordre et semer la terreur, il faut que l’État réagisse. «Quand il y a des gens qui se lèvent pour casser, troubler l’ordre public, pour piller, il faut que l’État soit debout, sinon l’État ne respectera pas sa mission régalienne. Quand il y a un ou des Sénégalais qui veulent organiser des manifestations, faire des caravanes qui sèment la mort, il faut que l’État soit debout», indique-t-il.
Débutant sur le cas de Birame Soulèye Diop, le ministre de la Justice révèle : «j’ai dit au président de la République que j’ai été impressionné par l’unanimité de tous les députés pour faire le plaidoyer en faveur de leur collègue», se félicite le ministre. Qui fait savoir : «le président de la République nous a ainsi recommandé la clémence et les autorités judiciaires ont fait montre de compréhension et l’honorable Birame Soulèye Diop a pu retrouver sa famille».
Sidy Djimby NDAO