Les déflagrations consécutives aux investitures commencent. Pour le moment, c’est le Parti démocratique sénégalais qui en fait les frais. Mayoro Faye, chargé de communication du parti de Me Abdoulaye Wade, a décidé de tourner la page de cette formation politique. De tous les combats depuis la chute du régime, seul responsable à diriger deux commissions au sein du Pds, ayant sacrifié vie de famille et carrière professionnelle, Mayoro Faye ne comprend pas qu’il ait été écarté à la dernière minute des investitures au profit de Lamine Thiam et Saliou Dieng et son investiture à la 19e place de la liste nationale. Une «humiliation» qu’il ne pardonne pas à Karim Wade à qui il décide de tourner le dos.
Les investitures aux Législatives ont ceci de particulier qu’elles entraînent des dégâts énormes au sein des partis politiques et des coalitions de partis politiques. Les listes n’étant pas encore officialisées, c’est le calme plat avant la bourrasque. Mais déjà, au sein du Parti démocratique sénégalais, un vent violent commence à souffler. Mayoro Faye, secrétaire national chargé de la communication et président de la commission chargée des Alliances électorales, rend le tablier. «Je tourne la page du Pds», dit-il, dépité, la voix grave et tremblotante au téléphone aux environs de 1h du matin. Si Mayoro Faye en vient à quitter cette formation politique auquel il a donné toute sa jeunesse et sacrifié toute sa carrière, c’est qu’il est frustré au plus profond de lui-même. «Karim Wade m’a trahi», explique-t-il.
Pour comprendre sa grande peine, il faut remonter le temps. Mayoro Faye est avec Karim Wade depuis plus de 15 ans : il a tout subi, tout vu, tout vécu. Mais il est resté loyal et fidèle au fils de Me Abdoulaye Wade. A l’époque, Karim Wade était le tout puissant ministre du «Ciel et de la Terre», mais lui n’a bénéficié d’aucune faveur. Malgré les quolibets et autres attaques, il est resté constant. A la perte du pouvoir, il n’a pas varié. Des sacrifices énormes, des propositions les unes plus mirobolantes que les autres, il en a reçu. Mais jamais, l’idée de «trahir» Karim ne lui a traversé l’esprit. Au sein du Pds, il a été combattu, mais il n’a pas flanché. Tout cela, sans voiture, sans maison, sans aide. A chaque veille d’élections, il «abandonne sa famille pour se mettre au service de Me Wade, de Karim et du Pds. C’est lui qui a mené toutes les négociations avec Yewwi Askan Wi jusqu’à ce qu’un accord soit trouvé. Et là, il est écarté. Il n’est plus associé à rien. Karim met en selle Lamine Thiam et Saliou Dieng. Il ne parvient plus à les joindre. Il ne sait plus ce qui se passe. Malgré ses nombreux appels et messages, personne ne daigne répondre. Ce n’est qu’hier soir que Lamine Thiam l’informe qu’il est 19e sur la liste nationale. Une insulte insupportable. «Karim Wade m’a trahi. Je me suis battu pour lui, mais je n’ai récolté que de l’humiliation. Je ne vais plus l’accepter. Je tourne la page», égrène-t-il. Mais, insiste-t-il, «Me Wade reste mon père. Je lui serai toujours dévoué». Triste fin.
Ndèye Khady Diouf