Une levée de boucliers a été observée dans certaines familles religieuses, notamment de Touba et de Kaolack, suite à la publication des cinq premiers volumes de l’Histoire générale du Sénégal (Hgs) rédigés par le Comité de pilotage dirigé par le professeur Iba Der Thiam. Cependant, de l’avis du principal concerné, invité hier de l’émission «Jury du Dimanche», certes, il existe des erreurs dans «ce travail qui n’est pas parfait», mais d’autres accusations procèdent d’un malentendu, notamment dans l’interprétation des mots.
Invité de l’émission «Jury du Dimanche» sur Iradio, le professeur Iba Der Thiam, coordonnateur du Comité de pilotage de l’Histoire générale du Sénégal (Hgs), est revenu sur les controverses nées de la publication des cinq premiers volumes de ce travail scientifique. Notamment celles entretenues par les familles religieuses, dont les derniers développements portent la signature du porte-parole du Khalife général des Mourides, Serigne Bass Abdou Khadre, suite à des erreurs relevées sur Mame Mor Anta Sally Mbacké. Se gardant de verser dans la polémique, le professeur Iba Der Thiam précise qu’il s’agit plutôt de malentendu. «Nous avons dédié des pages à Mame Mor Anta Sally qui sont des pages de gloire, de succès, de sainteté, de responsabilité ; parce qu’il a été le père d’une des figures les plus marquantes de notre histoire, parce qu’il a joué un rôle important. Même quand nous parlons des périodes pendant lesquelles il était placé sous les ordres d’un certain nombre d’autorités temporelles, nous le disons avec suffisamment de précaution pour ne gêner personne», révèle d’emblée l’historien, avant de préciser sa pensée : «nous avons simplement dit que le fait qu’il était Cadi, donc s’occupant de tous les problèmes de la communauté quotidiennement, et qu’il soit obligé d’avoir son centre d’enseignement, le plaçait dans une situation où il ne pouvait consacrer tout son temps à l’enseignement. J’estime que c’est une situation que n’importe qui peut comprendre. Ça ne veut pas dire qu’il n’avait pas le temps d’enseigner. C’était pour montrer le contexte dans lequel les gens évoluaient. Ce n’est pas un jugement de valeur, ce n’est pas une caractérisation», renchérit le professeur Thiam.
Notre travail n’est pas parfait
Cependant, le professeur Iba Der Thiam admet qu’il existe des erreurs dans ce travail scientifique. «Qu’il y ait des divergences ici et là que les gens nous ont signalées, je n’en doute pas. Notre travail n’est pas parfait, je ne suis pas moi-même quelqu’un qui est imbu de la science. Dieu seul connait tout. Dieu seul sait tout. Il y a des choses que je sais, il y a des choses que je ne sais pas», souligne Iba Der Thiam pour faire son mea culpa. Pourtant, dit-il, dans le cadre de la rédaction de l’histoire du Sénégal, le comité a ratissé large pour s’ouvrir aux traditionnalistes. «C’est parce qu’eux aussi détiennent un savoir dans leur terroir respectif que souvent nous ne connaissons pas. Nous avons pensé que l’occasion était bonne pour mettre en application des principes pour lesquels nous nous sommes longuement battus à l’Unesco, en demandant que l’histoire africaine accepte la tradition orale et qu’elle accepte également le point de vue des généalogistes. Mais l’histoire, par définition, c’est la discipline de la controverse dans tous les domaines», martèle l’invité de Mamoudou Ibra Kane.
Un projet à pérenniser
Toutefois, en dépit de la polémique née de la rédaction de l’Histoire générale du Sénégal, l’ancien ministre de l’Éducation estime que le Sénégal ne devrait pas renoncer à ce projet. A l’en croire, ils sont disposés à rechercher les bases d’un accord conciliant partout où il y a des contestations. «Ce projet doit se poursuivre, parce qu’il intéresse le Sénégal. C’est un projet qui comble un vide. Notre pays a été l’objet d’un processus de domination. La colonisation est un processus d’occupation territoriale, de domination politique, d’exploitation économique et d’aliénation culturelle. Et, dans cette aliénation culturelle, le rôle joué par l’histoire a été essentiel, parce que l’histoire procède d’un processus de décérébration et par un processus de recérébration au niveau des idées, des concepts, des symboles, des valeurs et des références», rappelle le professeur Iba Der Thiam qui indique que la jeunesse sénégalaise a été soumise «à un matraquage, à un formatage intellectuel, psychologique qui, en fin de compte, les empêche de retrouver leur conscience, d’être décomplexé, de faire face à tous les défis, de pouvoir devant n’importe qui se comporter en dignité et d’avoir des références à opposer à ceux qui leur proposent leur propre vision. J’essaie de restituer l’histoire de notre pays dans des termes tels qu’ils fassent qu’ils ont une histoire, qu’ils la connaissent, qu’ils s’y enracinent et qu’ils essaient d’en faire une source de référence, de vertu et de symbole», note Iba Der Thiam. M. CISS
Invité de l’émission «Jury du Dimanche» sur Iradio, le professeur Iba Der Thiam, coordonnateur du Comité de pilotage de l’Histoire générale du Sénégal (Hgs), est revenu sur les controverses nées de la publication des cinq premiers volumes de ce travail scientifique. Notamment celles entretenues par les familles religieuses, dont les derniers développements portent la signature du porte-parole du Khalife général des Mourides, Serigne Bass Abdou Khadre, suite à des erreurs relevées sur Mame Mor Anta Sally Mbacké. Se gardant de verser dans la polémique, le professeur Iba Der Thiam précise qu’il s’agit plutôt de malentendu. «Nous avons dédié des pages à Mame Mor Anta Sally qui sont des pages de gloire, de succès, de sainteté, de responsabilité ; parce qu’il a été le père d’une des figures les plus marquantes de notre histoire, parce qu’il a joué un rôle important. Même quand nous parlons des périodes pendant lesquelles il était placé sous les ordres d’un certain nombre d’autorités temporelles, nous le disons avec suffisamment de précaution pour ne gêner personne», révèle d’emblée l’historien, avant de préciser sa pensée : «nous avons simplement dit que le fait qu’il était Cadi, donc s’occupant de tous les problèmes de la communauté quotidiennement, et qu’il soit obligé d’avoir son centre d’enseignement, le plaçait dans une situation où il ne pouvait consacrer tout son temps à l’enseignement. J’estime que c’est une situation que n’importe qui peut comprendre. Ça ne veut pas dire qu’il n’avait pas le temps d’enseigner. C’était pour montrer le contexte dans lequel les gens évoluaient. Ce n’est pas un jugement de valeur, ce n’est pas une caractérisation», renchérit le professeur Thiam.
Notre travail n’est pas parfait
Cependant, le professeur Iba Der Thiam admet qu’il existe des erreurs dans ce travail scientifique. «Qu’il y ait des divergences ici et là que les gens nous ont signalées, je n’en doute pas. Notre travail n’est pas parfait, je ne suis pas moi-même quelqu’un qui est imbu de la science. Dieu seul connait tout. Dieu seul sait tout. Il y a des choses que je sais, il y a des choses que je ne sais pas», souligne Iba Der Thiam pour faire son mea culpa. Pourtant, dit-il, dans le cadre de la rédaction de l’histoire du Sénégal, le comité a ratissé large pour s’ouvrir aux traditionnalistes. «C’est parce qu’eux aussi détiennent un savoir dans leur terroir respectif que souvent nous ne connaissons pas. Nous avons pensé que l’occasion était bonne pour mettre en application des principes pour lesquels nous nous sommes longuement battus à l’Unesco, en demandant que l’histoire africaine accepte la tradition orale et qu’elle accepte également le point de vue des généalogistes. Mais l’histoire, par définition, c’est la discipline de la controverse dans tous les domaines», martèle l’invité de Mamoudou Ibra Kane.
Un projet à pérenniser
Toutefois, en dépit de la polémique née de la rédaction de l’Histoire générale du Sénégal, l’ancien ministre de l’Éducation estime que le Sénégal ne devrait pas renoncer à ce projet. A l’en croire, ils sont disposés à rechercher les bases d’un accord conciliant partout où il y a des contestations. «Ce projet doit se poursuivre, parce qu’il intéresse le Sénégal. C’est un projet qui comble un vide. Notre pays a été l’objet d’un processus de domination. La colonisation est un processus d’occupation territoriale, de domination politique, d’exploitation économique et d’aliénation culturelle. Et, dans cette aliénation culturelle, le rôle joué par l’histoire a été essentiel, parce que l’histoire procède d’un processus de décérébration et par un processus de recérébration au niveau des idées, des concepts, des symboles, des valeurs et des références», rappelle le professeur Iba Der Thiam qui indique que la jeunesse sénégalaise a été soumise «à un matraquage, à un formatage intellectuel, psychologique qui, en fin de compte, les empêche de retrouver leur conscience, d’être décomplexé, de faire face à tous les défis, de pouvoir devant n’importe qui se comporter en dignité et d’avoir des références à opposer à ceux qui leur proposent leur propre vision. J’essaie de restituer l’histoire de notre pays dans des termes tels qu’ils fassent qu’ils ont une histoire, qu’ils la connaissent, qu’ils s’y enracinent et qu’ils essaient d’en faire une source de référence, de vertu et de symbole», note Iba Der Thiam. M. CISS