Mme Fatimé Raymonne Habré qui s’est fendue d’un communiqué est en colère contre les matons du Cap Manuel. Et pour cause, son mari qui a glissé dans ses toilettes et s’est fracturé le bras a alerté en vain les gardes qui dormaient, avant de se rabattre sur elle qui, une fois à la prison, à 3h du matin, a pu réveiller les gardes. Ces derniers n’avaient même pas de chauffeur disponible pour conduire Hissein Habré à l’hôpital. Pour elle, cette situation a mis à nu «l’inexistence d’une capacité de réponse» à une demande d’assistance et de secours.
«Ce jour (samedi) à 2h45 du matin, le Président m’a appelée car pris de vertiges, il a glissé dans la douche et est tombé. Son bras lui faisait mal et s’est mis à gonfler. Pendant 1 heure, il a tambouriné pour appeler les gardes qui dormaient…», informe-t-elle d’emblée. Et d’ajouter que c’est grâce au «téléphone de secours mis récemment à sa disposition la nuit», depuis sa crise cardiaque, que son mari a pu l’appeler. Aussitôt, elle a «téléphoné à plusieurs gardes, en vain». C’est ainsi qu’elle s’est rendue, à 3h du matin, au Cap Manuel où, sur place, elle a réveillé tout le monde. Le plus cocasse, raconte-t-elle, est que «la prison n’avait pas de chauffeur» disponible. C’est dans sa voiture que son mari a été conduit à la clinique de la Madeleine, où la radio pratiquée a conclu à une fracture du bras. «Après la pose d’une simple attèle qu’il doit porter pendant 6 semaines», les gardes qui avaient entre-temps saisi leur hiérarchie, qui a parlé au médecin, ont reçu l’ordre de le ramener en prison. Cela en dépit de la sollicitation d’une «mise sous observation de 48h à la clinique». Un «refus obstiné», qui s’expliquerait, selon l’épouse de Habré, par «le buzz que ferait l’info de son hospitalisation».
Poursuivant, Mme Habré note qu’alors que son mari devait subir, samedi à 15h, une petite intervention chirurgicale, pour lui poser impérativement de petites broches, «la directrice du Cap (prison Cap Manuel) refuse d’autoriser que le Président aille se faire opérer, sous le prétexte que le système des attèles pour 6 semaines a sa préférence». Consternée, Mme Habré dénonce «une obstruction aux soins d’urgence qui doivent être prodigués au Président (Habré)» et «une situation assimilable à une maltraitance et une mise en danger aggravée d’une personne déjà malade dont le cas vient de devenir plus préoccupant…».
«Un accident, qui a mis à nu l’inexistence d’une capacité de réponse à une demande d’assistance et de secours…»
Surprise par le comportement des responsables de la prison qui lui ont refusé toutes les sollicitations pour de meilleurs soins pour son mari, Mme Habré semble débusquer la raison. «J’ai compris que cette attitude très négative est due à la réponse faite à l’administration pénitentiaire qui avait démenti les problèmes de santé du Président, mais aussi aux circonstances de cet accident qui a mis à nu l’inexistence d’une capacité de réponse à une demande d’assistance et de secours du Président». Ce qui est d’autant plus vrai, pour elle, qu’il a fallu qu’elle quitte son domicile en pleine nuit pour venir porter assistance à son mari. Dénonçant cette situation, qui pour elle «est devenue un problème pour l’administration de la prison», elle s’indigne que «la volonté de prendre des sanctions» contre son mari «a continué». Elle en veut pour preuve, le fait qu’après cet accident, «la directrice a repris le téléphone d’urgence» qui a permis à son mari de l’appeler, après avoir vainement alerté les gardes.
Mbaye THIANDOUM