Dans une déclaration rendue publique hier, les Forces nouvelles s’offusquent de la hausse du prix de l’électricité au Sénégal. Khoureychi Thiam et ses camarades dénoncent une hausse antisociale, prise par des incompétents contre les Sénégalais.
Depuis l’annonce de la hausse, toutes les composantes de la société sénégalaise ont marqué leur opposition. Dans le champ politique, c’est les Forces nouvelles (Dimbeule sa Rew) qui semblent s’y coller avant nul autre. Dans une déclaration parvenue à Les Échos, la formation dirigée par l’ancien ministre Khoureychi Thiam dénonce une «augmentation absolument folle de l’électricité» qui ne s’explique que par le fait que «la Senelec est en train de porter un coup fatal au service public de l’électricité», aidée en cela par le mutisme du gouvernement. D’ailleurs, les Forces nouvelles dénoncent l’augmentation officieuse et non déclarée observée sur les deux dernières factures de la Senelec et refusent la hausse programmée des tarifs de l’électricité prévue pour janvier 2020. «Cette décision est absurde», indiquent les Forces nouvelles qui notent qu’il ne s’agit plus d’un camp présidentiel contre une certaine opposition. «Il est question d’une décision prise par des incompétents contre la majorité silencieuse des Sénégalais», ont-ils fait savoir.
Pour eux, cette hausse des prix de l’électricité est profondément antisociale puisqu’elle va d’abord frapper les usagers les plus modestes, déjà fortement affectés par les augmentations des denrées et la cherté de la vie au Sénégal. «Par cette augmentation, la Senelec vient porter un nouveau coup de massue au pouvoir d’achat des Sénégalais, qui ont déjà largement contribué, et plus qu’il n’en faut, à l’entretien de cette société dont, il y a quelques mois, le DG se targuait d’avoir réalisé un bénéfice de 30 milliards», écrivent-elles. Avant d’ajouter que cette décision de hausse des tarifs suscite des interrogations. Notamment sur la compétence des acteurs en charge du secteur de l’électricité, que ce soit au niveau de la Senelec, du ministère des Énergies ou de la Commission de régulation du secteur de l’électricité (Crse) mais également sur la capacité de notre pays à assurer notre souveraineté énergétique.
Aussi, les Forces nouvelles «demande au Président de suspendre dans les meilleurs délais cette mesure qui va à l’encontre de son ambition pour le Sénégal», demandant le limogeage immédiat du Directeur de la Senelec Pape Mademba Bitèye, et du président de la Commission de régulation du secteur de l’électricité (Crse) Ibrahima Amadou Sarr. La formation politique demande également un audit complet de la Senelec.
Sidy Djimby NDAO
Le sermon de feu d’Imam Babacar Ndiour
Connu pour ses prises de position courageuses sur l’actualité nationale, l’Imam Babacar Ndiour n’a pas dérogé à sa règle, suite à la hausse du prix de l’électricité. Dans son sermon du vendredi dernier, dénonçant cette hausse, il souligne qu’elle est le résultat de la mauvaise gestion et de la dilapidation des ressources du pays. Il est d’autant plus outré que les responsables de la Senelec promettaient une production excédentaire et une baisse des tarifs en 2020.
C’est seule à la volonté de Dieu qu’on ne peut s’opposer, mais, si on en a la capacité, on peut s’opposer à la volonté d’un être humain, qui veut vous faire subir une injustice. C’est l’avis d’Imam Ndiour de la mosquée Moussanté de Thiès ; une manière pour lui de bénir la lutte contre la hausse du prix de l’électricité. En effet, le guide religieux est très remonté contre les autorités, notamment les responsables de la Senelec. Pour lui, la hausse du prix de l’électricité n’est rien d’autre que le résultat d’une mauvaise gestion et d’un gaspillage des ressources. «On vous donne l’argent du pays, vous le dilapidez et vous retournez demander aux populations d’en donner encore. C’est ça notre problème. Et c’est le cas avec «la hausse du prix de l’électricité. Elle est due à la mauvaise gestion et à la dilapidation des deniers publics. Ils ont dilapidé l’argent et ils reviennent nous demander de cotiser encore (en augmentant le prix de l’électricité)», a martelé Imam Ndiour. Le religieux est d’autant plus courroucé qu’on promettait à court terme une production excédentaire et une baisse des tarifs. «Comment, après avoir dit qu’en 2020, le Sénégal va vendre du courant à d’autres pays ; que le Sénégal va procéder à une baisse du prix du courant, et à quelques jours de 2020, on augmente le prix du courant ?», s’interroge-t-il. Avant de déplorer : «on vient nous demander de subir sans broncher. Alors que ce qu’on nous fait supporter est arrivé par la faute de personnes qui ne se préoccupent que de leurs intérêts personnels. S’ils ne se préoccupaient pas que de leurs intérêts personnels, il n’y aurait pas de problème».
Ayant fini avec la Senelec, Imam Ndiour, qui fustige le gaspillage des ressources du pays, dénonce l’utilisation de sommes colossales pour des dépenses qu’il juge exagérées. «On a mis 300 milliards dans l’achat de voitures à distribuer à quelques 2000 personnes, qui font la bamboula… Une voiture à 80 millions, combien de familles cette somme peut nourrir en une année ?», fait-il remarquer. Et de fustiger le fait qu’après tout ce gaspillage, «on se permette de retourner vers les pauvres populations, pour leur demander de payer pour la mal gouvernance des dirigeants».













