Mardi noir dans la Langue de Barbarie. C’est le moins que l’on puisse dire suite à cette longue journée d’affrontements entre les forces de l’ordre et les pêcheurs de Guet-Ndar qui dénonçaient la non-prorogation de leurs licences de pêche ; à l’origine de l’arraisonnement de trois de leurs pirogues dans les eaux mauritaniennes. Durant cette violente manifestation, l’agence de la Senelec a été mise à sac, deux véhicules ont été incendiés. Le siège de l’Omvs aussi a été incendié, en plus des pirogues parties en fumée. Ce, suite à l’explosion d’une réserve d’essence. L’on note plusieurs blessés du côté des policiers qui ont été renforcés par la gendarmerie et le Gmi de Thiès. Plusieurs manifestants ont été arrêtés.
De violents affrontements ont opposé, hier durant toute la journée, les pêcheurs de Guet-Ndar et les forces de l’ordre. Le retard dans la prorogation des licences de pêche à l’origine de l’arraisonnement de trois pirogues par les garde-côtes mauritaniens a été à l’origine de cette montée d’adrénaline sur la Langue de Barbarie, transformée à cet effet en un véritable champ de bataille. Pourtant, le ministre de la Pêche et de l’Économie maritime, Alioune Ndoye, lors d’une visite à Saint-Louis, avait promis la prorogation des licences de pêche au mois de janvier. Seulement, depuis lors, c’est l’omerta. Ce qui a davantage courroucé les pêcheurs qui sont restés maitres de la rue pendant plus de huit tours d’horloge. En effet, la configuration de la Langue de Barbarie n’a pas été à l’avantage des forces de l’ordre qui ont été mises à rude épreuve par les manifestants. Le seul accès depuis l’ile - le pont Moustapha Malick Gaye - a été barré aux forces de l’ordre, pendant des heures. Les manifestants ont saccagé les barrières sur la place Faidherbe et les zincs ont servi à barrer cette route à hauteur du pont. Devant cette volonté des manifestants à en découdre, les fortes détonations de grenades lacrymogènes n’ont pu les repousser. Mieux, les manifestants, plus nombreux, ont riposté avec des jets de pierres occasionnant ainsi de nombreux blessés dans les rangs des forces de l’ordre.
L’agence Senelec mise à sac, deux véhicules brûles
La nouvelle agence de la Senelec de la localité a fait les frais de cette furie populaire des pêcheurs. Armés de pierres, les manifestants ont mis à sac les locaux de la Senelec dont les vitres ont été cassés et les sièges de la salle d’attente saccagés. Poussant le bouchon de ce spectacle désolant plus loin, les manifestants ont aussi incendié deux véhicules dont un 4x4 appartenant à la Senelec stationné près de la berge du fleuve. Débordées, les forces de l’ordre, peu outillées, ont fait appel aux renforts. C’est ainsi que la gendarmerie de Saint-Louis et le Groupement mobile d’intervention (Gmi) de Thiès sont venus leur prêter main-forte, dans l’après-midi. C’est seulement à l’arrivée des renforts à bord de leurs véhicules blindés que les manifestants ont été repoussés et le pont libéré. Les affrontements ont laissé place à un sinistre décor. La route était devenue impraticable avec des décombres de toutes sortes qui jonchent le bitume.
Une explosion de réserve d’essence et des pirogues consumées
Cependant, l’arrivée des renforts n’a pas mis fin aux affrontements dans la Langue de Barbarie. Au contraire, la psychose avait atteint son comble avec cette redistribution des cartes. En effet, les manifestants repoussés dans le quartier de Guet Ndar ont continué à faire face aux forces de l’ordre. Des échanges de projectiles qui ont occasionné une explosion d’une réserve d’essence située sur la berge où étaient amarrés des dizaines de pirogues. La fumée noirâtre envahit le ciel et le feu n’a pas tardé à se propager. C’est ainsi qu’une dizaine de pirogues ont été consumées par les flammes, sous le regard impuissant des propriétaires et des manifestants. Ironie du sort, les manifestants qui réclamaient des licences de pêche se retrouvent avec leur outil de travail consumé par les flammes. Au même moment, plusieurs d’entre eux sont arrêtés par les forces de l’ordre.
Le siège de l’Omvs incendié
Devant cet impressionnant dispositif sécuritaire déployé sur place par les forces de l’ordre, les affrontements ont continué jusque dans la nuit. En effet, les manifestants ont progressé vers le nord de la Langue de Barbarie, à Ndar Toute, pour installer la violence dans cette partie de l’ile. C’est ainsi qu’ils ont incendié la façade du siège de l’Omvs avant de s’introduire à l’intérieur pour caillasser le mobilier.
Moussa CISS