Nouakchott tient à ses ressources naturelles maritimes comme à la prunelle de ses yeux. Et pour cause, elle a réceptionné, jeudi, un grand bâtiment de guerre, qui aura entre autres missions celui de sécuriser les champs pétroliers et gaziers à la frontière avec le Sénégal.
Pendant qu’au Sénégal, la polémique fait rage quant aux conditions d’attribution des contrats pétroliers, la Mauritanie, elle, met tous les atouts de son côté en vue de l’exploitation du gaz, à cheval entre les deux pays. A cet effet, Nouakchott s’est doté d’un navire de guerre dernier cri. Un navire qui, selon les autorités mauritaniennes aura entre autres missions celui «de sécuriser et de protéger les plateformes d’extraction de pétrole et de gaz en mer», faisant référence au champ de Tortue commun à la Mauritanie et au Sénégal. Long de 98 mètres et large de 14 mètres, le bâtiment naval qui a coûté environ 72 millions de dollars Us (environ 36 milliards F Cfa), a été fabriqué en Chine et livré jeudi dernier. Le navire de guerre «Nimlane» (nom d’une grande bataille entre les troupes coloniales françaises et les résistants mauritaniens) peut embarquer et débarquer 8 blindés et 150 soldats équipés. Il est équipé aussi de deux vedettes et d’une plateforme pouvant permettre l’atterrissage d’un hélicoptère utilisé pour les besoins de reconnaissance, d’assaut et d’évacuation.
Un «Port militaire» en construction à 15 km de Saint-Louis
L’acquisition de ce navire de guerre n’est point un acte isolé. Ça procède d’un programme de militarisation de la frontière maritime avec le Sénégal, avec la construction d’un port militaire, à l’intérieur du nouveau port en construction depuis 2016, dans la localité mauritanienne de Ndiago (250 km au sud de Nouakchott et 15 km de Saint-Louis). En construction par la société chinoise «Polytechnology»(connue dans l’armement militaire), le ministre mauritanien de la défense avait souligné, au lancement des travaux, que le Port de Ndiago revêt un caractère «stratégique à la fois du point de vue défense et sécurité» et «au plan économique». En effet, l’infrastructure abritera «un port militaire à quai accostable des 2 bords et une base navale», ainsi qu’un «port de pêche composé de 7 quais de débarquement, un chantier naval, un quai de commerce, un point de débarquement pour la pêche artisanale».
Mbaye THIANDOUM