Alors qu’on risque d’assister à une floraison de groupes parlementaires à l’Assemblée nationale dans le cadre de la 14ème législature, certains s’interrogent. Parmi ceux qui se posent des questions quant aux conséquences d’un tel scénario, quelqu’un qui connait bien l’Assemblée nationale : l’ancien parlementaire Thierno Bocoum. Le président du Mouvement Agir, à travers une déclaration rendue publique hier, marque également son inquiétude quant à cette structuration nouvelle au niveau de l’hémicycle. Une inquiétude qu’il résume en une seule question : «et le peuple dans tout ça ?». Mais déjà, estime Thierno Bocoum, la création de groupes parlementaires en parfaite abstraction de cette affinité politique existante, ne sera que le résultat d’un calcul politicien sous fond d’enrichissement sur le dos des populations.
Les résultats des dernières élections législatives ont ceci de particulier qu’ils inaugurent une configuration inédite à l’hémicycle de l’Assemblée nationale du Sénégal. En effet, à l'issue des législatives du 31 juillet dernier, notre pays semble à la lisière d'une nouvelle ère politique. Pour la première fois, le camp du président de la République n'a pas la majorité absolue à l'Assemblée nationale. Cette situation a occasionné des tractations sur fond de calculs politiques avec en ligne de mire le contrôle de l’Assemblée nationale. Et cela passe indéniablement par les groupes parlementaires. Alors, les états-majors se bougent pour éviter une mauvaise surprise.C’est cette situation qui semble pousser nos politiques à des calculs politiciens qui interpellent l’ancien parlementaire Thierno Bocoum. Dans une déclaration publiée hier, le président du Mouvement Agir interpelle les acteurs et invite à mettre le peuple au centre de leurs préoccupations.«La presse nous rapporte que plusieurs groupes parlementaires seraient en cours de formation en vue de la 14ème législature dans les camps de l’opposition parlementaire. Il est même indiqué que la coalition Bby serait aussi tentée d’imiter l’opposition en scindant le groupe unique qui a toujours existé en plusieurs groupes parlementaires. Cette escalade en perspective dans la formation de groupes parlementaires doit être arrêtée net», tranche l’ancien député.
Selon Thierno Bocoum, l’Assemblée nationale ne doit plus être un lieu de partage de gâteau et de mimétisme de mauvais aloi sur le dos des populations. «L’article 20 du règlement intérieur de l’Assemblée nationale prévoit que les groupes parlementaires puissent être formés par «affinité politique». Les élections législatives ont révélé les affinités politiques à travers des coalitions qui, jusque-là, existent encore», dit-il, assurant que «la création de groupes parlementaires, en parfaite abstraction de cette affinité politique existante, ne sera que le résultat d’un calcul politicien sur fond d’enrichissement sur le dos des populations».
Ce que coûte un groupe parlementaire
Mais s’il en est ainsi, c’est que, estime-t-il, le groupe parlementaire coûte cher au contribuable sénégalais. «Ce sont des centaines de millions qui sont dépensées pour encadrer son existence légale», note-t-il. Et de préciser à titre d'indication que les groupes sont dotés de fonds de gestion d’un montant minimum de 2 à 5 millions par mois selon la taille du groupe.«Le président du groupe parlementaire a un rang de vice-président de l’Assemblée nationale avec un salaire de 2 millions minimum et autres avantages, en plus d’une dotation en carburant de 1000 litres minimum, de 2 voitures 4X4 mises à sa disposition, de prise en charge d’un secrétariat, d’un bureau équipé, de crédit téléphonique… Le vice-président du groupe parlementaire a rang de président de commission avec un salaire minimum de 1,6 million en plus des avantages accordés au président du groupe (dotation en carburant de 1000 litres, deux voitures 4X4, prise en charge d’un secrétariat, d’un bureau équipé, de crédit de téléphonique…)», révèle l’ancien député.
Ainsi, révèle-t-il, la multiplication des groupes parlementaires n’aura comme résultat que d’alourdir davantage les charges financières sur le dos du contribuable sénégalais. Mais surtout que, selon lui, les quelques bribes d’explications allant dans le sens de justifier ces groupes par des soucis de temps de parole ne résistent pas face aux dispositions pertinentes du règlement intérieur de l’Assemblée nationale.«Dans l’hémicycle, le mandat impératif n’existe pas et le débat est libre. Même occasionnellement, dans le cadre d’un débat organisé par la Conférence des présidents, tel que prévu par le Règlement intérieur, toutes les entités sont prises en compte, y compris les non-inscrits. En attendant, l’opposition doit travailler à avoir un candidat unique pour se donner les chances de diriger l’Hémicycle en comptant sur la discipline de ses membres et sur les frustrations qui pourraient résulter de choix arbitraires dans la distribution des postes au sein de la coalition Bby», a ajouté Thierno Bocoum.
Sidy Djimby NDAO












