Le vendredi dernier, le navire AKT1 amarré au Port de Dakar a disparu. Une bizarrerie qui ne trouve pas d’explication, pour le moment. Ledit navire faisait l’objet d’une saisie conservatoire avec immobilisation depuis quelques semaines, ordonnée par le juge du Tribunal de commerce. Comment le chalutier a pu quitter le port, malgré l’ordonnance de saisie notifiée aux autorités portuaires ? Aucune explication pour le moment.
Le Navire AKT1 amarré au port de Dakar, depuis plusieurs semaines, a quitté le Mole 10 depuis vendredi à l’insu de son copropriétaire, un Mauritanien du nom de Abderrahmane Mohamed Ahmed Taleb Abeidy. Ce dernier réclame, tout au moins, la copropriété du chalutier qui fait toujours l’objet d’un contentieux entre lui et le Turc Cheikh Sidy Aïch. Une affaire tout de même bizarre, frôlant même le scandale. Du côté du Mauritanien, l’on s’étonne qu’un navire de pêche puisse échapper ou quitter le port sans avoir l’autorisation pour ensuite «disparaître». Si la disparition étonne autant, c’est simplement parce que le navire fait l’objet d’un contentieux au cours duquel le juge du Tribunal de commerce, Aïssatou Diémé, par son ordonnance n°849/21 du 13 août 2021, a autorisé la saisie conservatoire avec immobilisation du navire. A la suite de cela, une dénonciation de saisie a été faite à l’attention des autorités portuaires, qui étaient ainsi informées de ladite ordonnance. C’est ce qui justifie que, dans le camp de Mouhamed Ahmed Abeidy, l’on est étonné de ne pas trouver le navire au port vendredi dernier. Et il semble, selon lui, que le navire a pris la direction du Maroc. Comment cela a-t-il pu se faire ? A-t-on trompé la vigilance ou la confiance des autorités portuaires ou qu’est-ce qui s’est réellement passé ?
Remontons au tout début de l’histoire pour mieux la comprendre. En fait, selon le Mauritanien, il avait remis 400.000 dollars à Cheikh Sidy Aïch afin qu’il lui trouve un partenaire turc intéressé par la construction d’un chalutier. Ce dernier a trouvé l’armateur Aytekin Aktas et le chalutier a été construit. Seulement, à en croire toujours le Mauritanien, son homme de confiance Sidy Aïch n’a trouvé rien de mieux à faire que d’enregistrer ledit navire à son nom à lui et s’octroyer 50% des parts. Par la suite, pour éviter des poursuites pénales, il a consenti devant notaire sa qualité de mandataire avant de céder à son requérant, notamment au mauritanien les 50% de parts. Mais, le problème était loin d’être réglé, puisque le Turc n’a pas reconnu la qualité de quirataire du Mauritanien qui détient 50% de parts. D’où le contentieux devant le juge de fond du Tribunal de commerce. Ainsi, en attendant que le juge de fond tranche cette affaire, une ordonnance de saisie a été donc rendue. Et depuis le 13 août, le navire fait l’objet de saisie et est donc immobilisé au niveau du port. Le Turc a tenté d’avoir une ordonnance de mainlevée de la saisie, en vain, jusqu’à présent. Et à la grande surprise de Mouhamed Taleb Abeidy, depuis vendredi, le chalutier n’est plus amarré au port. Et normalement, pour lui, les autorités portuaires devraient pouvoir le retracer et mettre la main sur le navire. Une affaire tout de même curieuse.
Alassane DRAME