A Paris, le chef de l’État qui rencontrait la communauté sénégalaise a tenu à rassurer ses compatriotes sur les évènements qui ont secoué le pays ces derniers jours. Des propos qui, d’après l’opposition, ressemblent plus à des menaces.
«Nous ne laisserons personne brûler notre pays. Le Sénégal est entre de bonnes mains. Ceux qui s’agitent pour profiter de certaines situations afin de mener leur manipulation, qu’ils se le tiennent pour dit : Je ne laisserai personne s’y aventurer, car j’ai le devoir de protéger ce pays», avait déclaré le chef de l’état en France.
Pour Déthié Fall, il est impensable de faire une soumission ou une quelconque concession par rapport à l'usage des droits fondamentaux consacrés par la constitution. «Soit il nous les accepte, soit nous les arrachons», a-t-il soutenu.Pour lui, Macky Sall et son régime n’ont pas tiré toutes les leçons de ces derniers événements.«Un chef d’État qui se laisse éblouir par tous les pouvoirs qu’il a entre ses mains jusqu’à les rappeler, est juste pitoyable», laisse-t-il entendre. Avant d’ajouter : «il doit donc savoir qu'il n'est qu'un usufruitier, un délégataire de pouvoir à travers l'expression du peuple sénégalais».
Pour Déthié Fall, ce qui est attendu du chef de l’État, c’est qu'il utilise cette délégation de pouvoir, pour se montrer si courageux lors des négociations internationales avec ses homologues chefs d’État et avec les forces étrangères. Car, laisse-t-il entendre, aucune menace ne les arrêtera.
Abdoul Mbaye : «au contraire, c’est lui doit se méfier du peuple sénégalais»
Sur sa page Facebook, Abdou Mbaye a averti le Président. A l’en croire, c’est lui qui doit au contraire se méfier du peuple sénégalais. Car, face aux nombreux scandales, à la cherté de la vie et aux multiples maux dont souffre la population sénégalaise, la révolte n’est pas trop loin. «Macky Sall pavoise devant ses militants à Paris. Il y a longtemps que l’on sait qu’un tigre ne crie pas sa tigritude. Il était plus discret en mars dernier. Qu’il comprenne plutôt que sa vraie protection est la solution aux problèmes des Sénégalais et non en se tapant la poitrine, parce que ses forces de l’ordre ont brutalement maîtrisé 100 manifestants», écrit-il sur sa page Facebook. Avant de poursuivre :«qu’il se méfie de la baisse constante du pouvoir d’achat des Sénégalais et de leur appauvrissement régulier face aux scandales et pratiques illicites qui se multiplient. Là se trouve le vrai danger de la révolte», écrit Abdoul Mbaye sur Facebook.
Ousmane Sonko :«ce passage d'une posture offensive à une attitude défensive en dit très long sur son état d'esprit»
Ousmane Sonko a dénoncé les propos où il dénote une posture offensive et arrogante. «Avril 2015, Kaffrine : "nous allons réduire l'opposition à sa plus simple expression"; novembre 2021, Paris: "personne ne peut m'intimider. Cherchez l'erreur !», rappelle Ousmane Sonko. Pour l’opposant, le chef de l’État cherche à cacher maladroitement une certaine peur qui en dit plus sur son état d’esprit actuel. «Ce passage d'une posture offensive, arrogante et méprisante à une attitude défensive et nerveuse en dit très long sur l'état d'esprit de notre "champion" national, qui devrait certainement intéresser les psycho-politistes».
Enfin, Ousmane Sonko demande aux Sénégalais de ne pas baisser les bras. En effet, pour lui, il est plus que jamais nécessaire de d’accélérer la cadence et d’augmenter la pression. «Chers concitoyens, ce n'est pas le moment de relâcher la pression, mais plutôt de l'accentuer pour en finir avec ce régime de tous les maux. Nous n'en sommes plus loin inchallah. Mais rappelez vous : les félidés ne sont jamais aussi dangereux que quand ils ont peur, a fortiori lorsqu'ils paniquent !», a-t-il lancé.
Khadidjatou DIAKHATE