L’inaccessibilité de l’école à cause d’un manque de voirie, sans compter la présence des chevaux et autres charrettes a fini par avoir raison des enseignants et du personnel de Talibou Dabo. Ces derniers ont même observé un arrêt des enseignements apprentissages pour se faire entendre des autorités qui, disent-ils, doivent les aider à rendre l’école accessible, mais aussi sécure, parce que les chevaux peuvent les mordre à tout moment. Les enfants, ils n’en parlent pas parce que certains vivent avec un handicap sévère et ont même souvent des problèmes pour accéder à l’école à cause de ces chevaux et faute d’une route pour les mener à leur établissement.
Le personnel enseignant de l’établissement Talibou Dabo de Grand-Yoff est mécontent et il l’a fait savoir. Après des mois passés à vivre avec la peur au ventre, ils ont observé hier un arrêt des enseignements apprentissages pour exiger le déguerpissement des charretiers et autres vendeurs qui occupent anarchiquement la voie qui mène à leur établissement.
S’expliquant sur la pertinence de cette action en présence de ses collègues, Félix Mboup, président de l’Amicale des professeurs du lycée Talibou Dabo, tonne qu’il y a de réels risques que quelqu’un soit mordu un jour par les chevaux qui menacent les élèves et les professeurs. «Ici, on ne peut même pas circuler, ni faire passer son véhicule. C’est pour cela que nous sommes sortis pour dire non à l’impunité, pour demander aux autorités de nous aider à faire libérer l’emprise de l’école par les charretiers et autres qui occupent la voie qui mène à l’école», dit-il.
D’après Félix Mboup, au-delà de ce monde étranger à l’école, il y a aussi d’autres problèmes. Un élève en classe de 5e, par exemple, a dû abandonner les études pour se retrouver dans un daara, simplement parce qu’il avait du mal à accéder à l’école. Il avait du mal à traverser à cause des obstacles et autres tas de sable, briques sur la voie.
«Que notre ministre de tutelle et les autorités locales règlent cette situation. Nous leur demandons de prendre leurs responsabilités, sinon nous prendrons les nôtres ; quitte même à observer une grève illimitée», a menacé l’enseignant.
Présent aux côtés du corps enseignant, Dame Mbodji, enseignant et secrétaire général du Cusems/Authentique, dira vivre avec beaucoup d’amertume la situation que traverse ses collègues. «Je suis venu à Talibou Dabo qui est un lycée que je connais bien ; j’allais même dire un groupe que je connais bien parce qu’il y a énormément de problèmes dans cet espace. L’espace scolaire doit être sécurisé. Les enseignants ne peuvent pas être dans des conditions de travail qui les perturbent tous les instants ou les mettent en insécurité. Les autorités de ce pays doivent respecter les enseignants. Doivent respecter l’institution scolaire. Ce que nous demandons, c’est tout simple, qu’on nous mette, les mettent dans des conditions de travail décentes», a dit Dame Mbodji. Avant d’ouvrir le feu : « ce que nous demandons à l’Etat du Sénégal, d’abord, c’est de rendre le lycée Talibou Dabo accessible et sécure. C’est la première des choses. Condition sine qua non pour la reprise correcte des enseignements apprentissages. La deuxième chose, c’est qu’il y a des dispositions à prendre parce que nous avons des enfants qui sont dans ce centre-là qui ont abandonné leurs études, parce que quand ils sortent de l’élémentaire, ils n’ont pas les conditions qui leur permette de continuer leurs études. Pour ça également, il faut que l’Etat du Sénégal comprenne que tous les enfants de ce pays ont droit à l’éducation. Et puisque tous les enfants de ce pays ont droit à l’éducation, on ne saurait accepter une discrimination. Et ce qui se passe ici à Talibou Dabo, ce n’est ni plus, ni moins qu’une discrimination parce que les enseignants sont dans des difficultés énormes, alors qu’ils font un travail qui dépasse même la mission qui leur est dévolue. Nous avons également des élèves parmi nous, dans ce lycée, qui vivent avec un handicap et qui ne sont pas pris en charge correctement», sérine le syndicaliste.
«En conséquence, nous considérons donc qu’il y a lieu de tenir des rencontres avec le personnel, de tenir des rencontres avec l’administration de manière générale et de prendre des mesures pour soulager les enseignants de ce lycée. Mais également soulager les élèves et l’administration de manière générale parce que la situation a trop duré et aujourd’hui, on veut qu’on s’arrête et qu’on prenne les mesures idoines pour permettre à cet établissement-là de fonctionner correctement. Quand les enseignants veulent accéder à cet établissement, c’est la croix et la bannière. Les élèves sont en insécurité et il faut que le Président Macky Sall comprenne que dans tous les pays, il y a ce qu’on appelle des centres spécialisés, des lycées. Et aujourd’hui, Talibou Dabo a des élèves qui vivent avec un handicap,mais également des élèves valides», a laissé entendre Dame Mbodji, venu soutenir le personnel enseignant de cette école.
Baye Modou SARR