24 heures après la mort d’Abdou Faye, l’un des complices de Baye Modou Fall, sa famille s’est adressée à la presse. Et comme l’on pouvait s’y attendre, la famille a réfuté la thèse du suicide en attendant d’y voir plus clair. Même si les résultats de l’autopsie confortent la version de la police, la famille d’Abdou Faye n’exclut pas la possibilité de faire une contre-expertise pour tirer cette affaire au clair.
Hier, la famille d’Abdou Faye, nom du complice de «Boy Djiné» qui se serait suicidé au Commissariat central de Dakar, a fait face à la presse. Les membres de la famille du défunt, accompagnés de Guy Marius Sagna, ont pris le contre-pied de la police. Le père de Abdou Faye, Pape Aly, de dérouler le film de l'événement. «Son frère m’a appelé mercredi pour me dire que Abdou Faye a été arrêté et le mercredi qui suit, il m’a appelé pour dire qu’il est mort. Je lui ai demandé d'où il tenait l’information, il m’a fait savoir que c’est via les réseaux sociaux». Une situation que déplore le père du défunt, qui refuse d’entendre la thèse du suicide avancée par la police. «Plus grave, on parle de suicide. Cette version ne tient pas la route. Nous n’y croyons pas. Ce que nous voulons, c’est que la justice tire cette affaire au clair. Nous irons jusqu’au bout pour savoir ce qui s’est réellement passé. Nous lançons un appel aux autorités compétentes et aussi au président de la République pour que la vérité soit rétablie. Cela nous fait très mal d'autant plus que nous avons déjà perdu notre fils».
Ce qui le conforte dans sa déclaration, ce sont les propos que lui a tenus le frère d’Abdou Faye sur les sévices corporels. «Je n’ai pas encore vu le corps de mon fils, mais son homonyme qui a vu le corps a soutenu que mon fils avait des blessures sur la tête. Nous n’accepterons pas cette thèse», fait savoir Pape Aly Faye. Quid de la personnalité de son fils ? Il dresse le portrait d’une personne timide. «Notre fils est quelqu’un de bien, qui aime sa famille. Il ne lève même pas les yeux quand on s’adresse à lui. On a fêté la Korité ensemble et c’est depuis à peine dix jours qu’il est revenu à Dakar», dit-il.
Prenant la parole, Mor Ngom, membre de la famille, est toujours affecté par la perte du jeune Abdou Faye né en 1990 et qui était un jeune marchand ambulant. «Tout le monde sait que parler de mort naturelle dans une prison affecte une famille. Alors parler de suicide, c’est plus grave. C’est la première fois qu’il avait maille à partir avec la justice. Que justice soit faite ! Nous attendons l’autopsie. On n’a aucune information sur cette affaire. Mais nous dire que c’est un filet servant d’éponge de bain qui l’a tué, nous n’y croyons pas», déclare Mor Ngom. Qui poursuit : «si jamais les résultats de l’autopsie montrent qu’il s’est suicidé, nous allons faire une contre-expertise».
Guy Marius Sagna, qui connait bien le Commissariat central de Dakar, déclare qu’il est impossible pour un détenu de se suicider dans cet établissement. «Quand vous arrivez au Commissariat central de Dakar, on retire votre ceinture, vos chaussures et tout ce qui peut causer un suicide. En plus, il y a des caméras de surveillance. De plus, dans les cellules de ce commissariat, un détenu n’est jamais seul. Parfois, ils entassent plus de 100 détenus dans une cellule. J’y réfléchis depuis hier mais je ne trouve aucun moyen pour un détenu de se suicider là-bas», dit-il.
Samba THIAM