La dernière ligne droite avant la Can 2025 s’annonce particulièrement indécise. Depuis plusieurs années, l’équipe du Sénégal n’avait disposé d’un réservoir aussi large, aussi riche et aussi complexe à gérer. Pour Pape Thiaw, qui a déjà envoyé à la Caf une pré-liste de 50 joueurs, la tâche est immense : il doit jongler entre les formes du moment, les retours de blessure, la montée en puissance de certains jeunes, l’importance des cadres et les contraintes imposées par les clubs, souvent réticents à libérer des joueurs fragiles.
Le Sénégal abordera la Can avec une base solide, des cadres compétitifs, des jeunes qui poussent fort, quelques dossiers médicaux délicats et une marge de manœuvre nouvelle avec les 27 joueurs autorisés. La vérité est simple : la bataille des listes n’a jamais été aussi ouverte. Entre continuité, risques calculés, gestion des blessés et dynamique sportive, Pape Thiaw entre dans la période la plus stratégique de sa sélection.
La récente décision de la Caf, 23 joueurs pris en charge financièrement plus 4 supplémentaires à la charge des fédérations, soit 27 Lions sélectionnables, offre théoriquement plus de marge au sélectionneur. Mais dans les faits, cette flexibilité crée une nouvelle difficulté : choisir qui mérite d’être dans les 23, qui intègre les 4 supplémentaires et qui reste, malgré son potentiel, sur le carreau.
Dans ce contexte sous tension, chaque match de club, chaque information médicale, chaque minute gagnée ou perdue sur le terrain peut peser lourd dans la décision finale. La course est lancée pour les 27 qui seront de la partie après la pré-liste de 50 Lions envoyée à la Confédération africaine de football par le sélectionneur en début de semaine.
Gardiens : une hiérarchie claire, mais toujours sous surveillance
C’est le secteur qui inspire le plus de stabilité, même si rien n’est jamais totalement garanti en période pré-Can.
Édouard Mendy reste le numéro un incontesté. Son expérience, sa gestion des moments critiques, sa capacité à rassurer la défense par sa simple présence : tout cela en fait l’élément incontournable de la ligne arrière. Même lorsqu’il ne brille pas de manière spectaculaire, il incarne une forme de sécurité indispensable.
Derrière lui, Mory Diaw demeure un gardien solide, explosif, toujours capable de sortir une performance de très haut niveau lorsque la pression devient forte. Il semble avoir verrouillé sa place dans le groupe, sauf imprévu physique de dernière minute.
Enfin, Yehvann Diouf monte en puissance. Sa régularité, sa sobriété dans le jeu et sa maîtrise technique plaisent beaucoup au staff. Il a gagné une forme de maturité qui le rend aujourd’hui largement crédible comme numéro deux.
Le trio Mendy – Diouf – Diaw se détache nettement, et il faudra un événement majeur pour le bouleverser.
Défense : les cadres tiennent la barre, mais la jeunesse frappe fort
Le secteur défensif repose sur trois piliers qui ont gagné la confiance totale du staff.
Kalidou Koulibaly reste le patron absolu. Sa lecture du jeu, son leadership naturel et sa constance lui donnent une place centrale dans le dispositif. À ses côtés, Abdoulaye Seck continue d’offrir une assurance impressionnante : il ne fait pas de bruit, ne cherche pas l’éclat, mais il ne commet jamais d’erreurs majeures. Moussa Niakhaté, quant à lui, apporte une polyvalence précieuse et une discipline tactique qui font de lui un élément très important dans toutes les configurations possibles.
Mais derrière ces cadres, la jeunesse pousse avec insistance. Mamadou Sarr, match après match, confirme son statut de futur taulier. Sa maturité est étonnante pour son âge, il n’a aucun complexe et montre déjà une grande maîtrise des grands rendez-vous. Sa présence dans les 27 paraît aujourd’hui quasiment acquise.
Ilay Camara, lui, incarne peut-être la surprise en devenir. Son agressivité contrôlée, sa propreté technique et sa rigueur dans le placement font forte impression. Si le joueur confirme lors du stage final, il pourrait tout à fait s’inviter dans le groupe des 27, bousculant ainsi une hiérarchie qu’on croyait plus fermée. Sur les côtés, Jakobs ou encore El hadji Malick Diouf et Krépin Diatta offrent des profils complémentaires et une polyvalence qui permet à Pape Thiaw d’adapter son système sans perdre en équilibre.
Milieu : le secteur le plus stratégique, le plus riche et le plus disputé
Le milieu sénégalais est un laboratoire tactique à lui seul, composé de profils très différents mais parfaitement cohérents entre eux.
On retrouve d’abord les cadres. Idrissa Gana Guèye demeure le repère défensif, le joueur qui stabilise et sécurise l’ensemble de l’équipe. Pape Alassane Guèye apporte puissance, projection et une confiance retrouvée qui lui permet de prendre davantage d’initiatives. Pape Matar Sarr, quant à lui, incarne la créativité moderne : il sait accélérer, défendre, créer et se repositionner avec une grande intelligence.
Ces trois joueurs constituent encore aujourd’hui l’ossature du milieu.
La progression continue de Lamine Camara lui ouvre désormais les portes d’un rôle majeur. Son impact physique, sa personnalité affirmée et sa justesse technique en font un candidat très sérieux pour une place parmi les titulaires selon le système.
Dans l’ombre, mais avec une importance capitale, Nampalys Mendy et Pathé Ciss représentent l’équilibre. Ce sont des joueurs capables de verrouiller une rencontre, de gérer le rythme, d’offrir une stabilité dans des moments de tension. Et dans une compétition comme la Can, leur rôle peut s’avérer décisif.
Attaque : un secteur solide, mais où les cartes peuvent encore bouger
La ligne offensive repose sur plusieurs piliers déjà bien installés. Sadio Mané demeure le leader technique et mental. Ismaïla Sarr apporte une percussion constante qui peut renverser n’importe quel match. Boulaye Dia, lorsqu’il est en forme, reste l’un des attaquants les plus complets du groupe. Habib Diallo offre une efficacité froide et une présence constante dans la surface. Nicolas Jackson, de son côté, amène agressivité, mobilité et pressing. Ces cinq joueurs ont un avantage très solide dans la course à la liste finale.
Et puis il y a Iliman Ndiaye qui réalise une saison très stable avec Everton et avec la sélection. En club, il enchaîne les prestations sérieuses, apporte de la créativité, respecte parfaitement les consignes et s’inscrit avec régularité dans le très haut niveau anglais. En sélection, il comprend parfaitement le jeu de liaison, ne disparaît pas des rencontres et fait progresser l’équipe dans le jeu combiné. Il n’est plus un pari ni un risque. C’est un joueur fiable, mature et constant. Il mérite pleinement sa place dans les 23, comme dans les 27.
Les cas sensibles : Assane Diao et Habib Diarra
Ces deux joueurs incarnent à la fois l’espoir et l’incertitude. Leur potentiel est immense, leur capacité à apporter quelque chose de différent est indéniable, mais leurs situations sont très délicates.
Assane Diao, tout d’abord, revient d’une blessure. Son club, Como, souhaite le garder pour contrôler sa reprise et éviter toute rechute. Le problème est donc purement médical. Sur le plan sportif, son profil est unique : vitesse, dribble, prise d’initiative, capacité à éliminer en un contre un. S’il revient à 100%, il peut parfaitement s’intégrer dans les 27. S’il reste juste physiquement, il deviendra l’un des dossiers les plus sensibles de la liste.
La situation d’Habib Diarra à Sunderland est quasiment la même. Lui aussi revient de blessure et son club veut limiter les risques. Pourtant, son profil est rarissime. C’est un milieu moderne, agressif, capable de jouer dans plusieurs registres, de percuter, de défendre, d’accélérer un jeu trop lent ou trop prévisible. Là encore, tout dépendra de sa santé dans les jours précédant l’annonce finale.
Les trois vrais candidats capables de bouleverser la hiérarchie
1. Iliman Ndiaye, grâce à sa régularité retrouvée et sa maturité, peut même prétendre à une place de titulaire selon le système de jeu.
2. Ilay Camara, jeune défenseur discipliné et très moderne dans son approche, peut profiter du stage final pour gagner une place dans le groupe des 27. Son profil séduit énormément.
3. Assane Diao et Habib Diarra, deux talents explosifs, représentent des options uniques s’ils reviennent totalement aptes physiquement. Leur destin dépendra essentiellement du feu vert médical.












