«Mushkila», c’est le titre de l’ouvrage d’Adama Doucouré. Photojournaliste de profession, il a plongé sa plume dans l’encre pour expliquer son vécu, entre le désert de l’Algérie et sa souffrance en Libye. Revenu au bercail, il conseille aux jeunes de ne jamais tenter l’aventure, car non seulement la réalité est autre, mais aussi que le pays peut nous offrir pas mal d’opportunités.
«C’est un mot qui m’a beaucoup marqué», laisse-t-il entendre, pour donner une explication au titre de son livre. «Quand je suis arrivé au Maroc, en Algérie et en Lybie, c’est le premier mot que j’ai entendu. Et ça signifie problème ; et l’immigration est un problème multiforme», explique-t-il. Adama Doucouré, ancien candidat à l’émigration, n’oubliera pas de sitôt son trajet pour atteindre l’Espagne. «J’ai eu à quitter le Sénégal pour le Maroc. Et c’était pour atteindre l’Espagne. J’ai franchi les grillages espagnols pour arriver en Espagne. J’ai été capturé par la police espagnole avant d’être refoulé vers l’Algérie. C’est là que j’ai entamé, avec des amis, le voyage dans le désert pour atteindre la Libye. On a fait sept jours pour entrer en Libye», se rappelle-t-il.
Si après plusieurs années, il a voulu raconter son aventure (ou sa mésaventure), c’est pour expliquer la réalité de l’émigration. «Et j’ai voulu raconter tout ça pour que les jeunes sachent que ce n’est pas facile, que ce voyage a des risques et qu’ils doivent vraiment réfléchir avant de se lancer». Avant de poursuivre : «nous avons de nouvelles opportunités aujourd’hui surtout avec le pétrole. En Libye, j’ai eu la chance de travailler dans les champs pétroliers. Donc je pense que ces jeunes doivent aller se former au lieu de tenter l’aventure».
Pour Adama Doucouré, la migration n’a pas vraiment baissé, elle a juste pris une autre forme. «Les gens se focalisent beaucoup sur la mer. Ils font des rencontres et des réunions pour dire que l’émigration a fortement baissé et qu’il n’y a presque plus de pirogues, alors que c’est faux. Le désert est le nouveau chemin des migrants. Si vous allez dans certains coins du Sénégal, les gens continuent à sortir», indique-t-il.
A cause de la pression sociale, il a voulu aller vers l’Eldorado, mais, malheureusement, tout ne s’est pas passé comme prévu. Il explique : «je voulais sortir, parce que je n’avais rien ici, je n’avais pas de travail. Mais maintenant, je sais que ce sont des risques alors qu’on peut tout avoir en restant ici. Le fait de vouloir sortir, ce n’est pas la solution. Il faut rester et essayer de travailler, avec l’aide de nos gouvernements», conseille-t-il.
Khadidjatou DIAKHATE