Après avoir dit le 31 décembre dernier qu’il ne voyait pas la couleur rouge faisant allusion aux manifestants, le président de la République a changé de fusil d’épaule et appelé les manifestants à mettre du rouge pour faire passer leur message. Il a fait cette confession, au terme du Conseil des ministres de Matam, hier. Macky Sall a-t-il enfin tiré les leçons des violentes manifestations du mois de mars. Tout porte à le croire.
Chat échaudé craint l’eau froide ! C’est le moins que l’on puisse dire après le revirement à 180° du Président Macky Sall sur le port du brassard rouge en guise de protestation. Désormais, le chef de l’Etat voit rouge… Une confession faite au terme du Conseil des ministres qui s’est tenu, hier, à Matam, dans le cadre de sa tournée économique dans cette partie nord du pays. Désormais, il a invité le peuple à préconiser le rouge en guise de protestation. «Si vous n’êtes pas contents, agitez un foulard rouge pour protester. Tant que vous ne versez pas dans la violence, il n’y a pas de problème. Réclamer des routes, de l’eau, de l’électricité, ce sont des doléances légitimes et le gouvernement est là pour les satisfaire», a déclaré Macky Sall. A l’en croire, même si notre pays est à 91% de l’accès universel à l’eau, il reste 9% de Sénégalais qui sont dans le monde rural et qui n’ont pas encore accès à l’eau. Ce qui lui fait dire qu’il est nécessaire de rappeler ces genres de doléances au gouvernement. Pour rappel, cette désapprobation du Président aux manifestants en rouge remonte au 31 décembre 2020 lors de son entretien avec la presse au terme de son discours à la Nation. «Je ne vois pas la couleur rouge», avait-il soutenu. Une déclaration qui sonnait comme une invitation à la radicalisation. Comme en témoignent les violentes manifestations du mois de mars avec leur lot de morts. Une mauvaise expérience du rouge désormais aux oubliettes.
Macky va recevoir ses parents de Ndouloumadji
Suite à la colère des habitants de Ndouloumadji, village d’origine du père du président de la République, le 15 mars, Macky Sall a décidé de jouer la carte de l’apaisement, au terme du Conseil des ministres qui s’est tenu à Matam. En effet, le Président Sall a promis de recevoir ses parents de Ndouloumadji afin d’arrondir les angles. Cette population, très remontée pour avoir été zappée par le président de la République dans sa tournée économique, avait manifesté sa colère dans la rue. C’est ainsi que la résidence de Macky Sall dans la localité a été incendiée. «J’ai un pincement au cœur quand je vois ce qui s’est passé à Ndouloumadji. Mes parents ont été frustrés parce que je ne suis pas passé là-bas au point de procéder à certains actes. Ce n’est pas important, je les comprends. Ils ont été guidés par la passion et l’attachement qu’ils ont pour moi», a expliqué le Président Sall. En tout cas, ce village traîne la réputation ancrée qu’il ne porte pas chance aux élus au risque de perdre leur fauteuil.
Macky condamne la violence dans les universités
Par ailleurs, le chef de l’Etat a profité du lancement des travaux de l’Institut supérieur d’enseignement professionnel (Isep) de Matam pour se prononcer sur le mouvement d’humeur des étudiants dans certaines régions du pays. Et, c’est pour condamner ces violences qui rythment les manifestations estudiantines. Poursuivant, il a invité les étudiants au calme et à la sérénité, mais aussi à la patience. A l’en croire, l’Etat mobilise des ressources conséquentes pour améliorer le cadre d’étude des étudiants. Seulement, il fait remarquer que tout ne peut pas se faire en jour.
Moussa CISS