Les manifestations de désaprobation et les critiques contre le projet de loi portant criminalisation du viol laissent de marbre le ministre de la Justice. Pour Me Malick Sall, les détracteurs auront beau crier, mais au final, c’est le chef de l’Etat qui définit la politique pénale et c’est lui qui la fait appliquer, les autres se contentant de d’apprécier.
L’Association des femmes juristes peut oublier ses récriminations et critiques à propos du projet de loi portant criminalisation du viol et d’autres délits sexuels. En tout cas, ce n’est pas au niveau du ministre de la Justice que Dior Fall et Cie trouveront une oreille attentive. Interpellé sur la sortie de l’association qui dénonce les insuffisances du projet de loi, Me Malick Sall a déclaré que chacun est libre de donner son avis, mais la décision finale revient au chef de l’Etat, avant que lui ne se charge de son application. «Chacun a son appréciation, mais le président de la République, c’est celui qui définit la politique de la nation ; c’est lui qui définit aussi la politique pénale. Et en tant que garde des Sceaux, il m’appartient aussi de mettre en œuvre cette politique pénale qu’il définit. Les autres, ils apprécient. Les choses se passent comme ça», assène-t-il. Une manière d’envoyer promener les détracteurs du projet de loi. Le projet de loi déjà adopté en Conseil des ministres et qui doit passer bientôt devant les députés, prévoit entre autres la réclusion criminelle (qui remplace les travaux forcés, terme dépassé selon les autorités) pour le viol avec «circonstances aggravantes». Et c’est ce rajout de «circonstances aggravantes» que fustige les femmes juristes. Pour qui le projet de loi n’est pas très différent de la loi en vigueur.
Désengorger les prisons avec l’introduction de moyens techniques et la réadaptation des textes
Le ministre de la Justice s’est aussi prononcé sur le surpeuplement de nos prisons. Et c’est pour annoncer un désengorgement, avec le nouveau dispositif qui est en train d’être mis en place. «Ces genres de moyens techniques, comme les bracelets électroniques, nous permettront de vider de manière substantielle nos prisons. Parce que le standard normal, ça devrait être un surveillant pour 5 ou 6 prisonniers. Nous allons y aller, non seulement avec ces moyens modernes qui permettent à un prisonnier de ne pas aller directement en prison, et de rester chez lui ou à son bureau, mais aussi, nous allons compléter cela par des dispositions juridiques, pour encadrer le mandat de dépôt», explique le garde des Sceaux. Qui précise qu’avec les textes et les moyens modernes, il y aura d’abord moins de prisonniers. Ensuite, les agents de l’Administration pénitentiaire seront dans de bonnes conditions. Tout comme les condamnés qui verront «leurs conditions de vie et de réinsertion améliorées».
Mbaye THIANDOUM