Dans la commune de Pikine Nord, les populations ne savent plus à quel saint se vouer. Pas moyen de bénéficier des services de la mairie qui est hors de service depuis les événements du mois de juin dernier. Suite à l’attaque perpétrée par les manifestants, la municipalité a complètement fermé ses portes et aucun service ne fonctionne actuellement. Le stress que les populations vivent depuis ce temps s’est décuplé à cause de l’ouverture des classes. Une situation très inquiétante que le maire dit s’atteler à résoudre au plus vite.
A Pikine Nord, les populations sont en train de subir les conséquences des manifestations. La mairie de ladite commune, qui n’a pas été épargnée par les séries de saccages et pillages des édifices publics, ne s’en relève toujours pas. En effet, les manifestations avaient fait d’énormes dégâts dans ladite mairie en touchant l’état civil, les archives, le mobilier de bureau et le bâtiment en tant que tel. Tout a été saccagé et les documents sortis et brûlés devant la mairie. Le maire avait alors décidé de fermer les portes de la municipalité. Et depuis juin, elle est hors de service pour le plus grand malheur des populations. C’est le cas de Khady Diallo, une mère de famille qui vit dans une angoisse permanente. «Nous vivons une situation très complexe depuis plusieurs mois. A cause de la fermeture de la mairie, il nous est impossible moi et mes frères d’avoir des extraits de naissance alors que nous en avons besoin urgemment pour régler les problèmes d’héritage des biens laissés par notre défunt père. Certains d’entre nous me réclament leur part et m’accusent de faire traîner les choses, alors que je n’y suis pour rien», nous confie cette jeune dame quadragénaire.
«J’ai besoin d’extraits de naissance pour mes enfants pour la rentrée, mais l’état civil est toujours fermé»
Abdallah Sylla vit le même stress. «Je passe mon temps à roder autour de la mairie pour guetter la moindre présence d’un des agents pour me renseigner. Bientôt l’ouverture des classes et deux de mes enfants ont besoin d’extrait de naissance, mais le service d’état civil est fermé depuis et il n’y a personne pour nous renseigner sur la situation», lâche-t-il dépité.
Ndèye Rama Diongue, quant à elle, dit avoir renoncé à un voyage parce qu'elle n’arrivait pas à avoir un extrait de naissance. «Je suis devenue dépressive. Mon rêve s’est brisé. J’ai eu ma chance pour un voyage dont j’ai toujours rêvé et cela m’est passé sous le nez. J’en ai tellement pleuré que j’en suis devenue malade. Le pire, c’est qu’il n’y a personne pour nous donner des renseignements fiables», soutient la jeune fille.
«J’ai dû renoncer à un voyage parce que je n’ai pu avoir un extrait de naissance...»
Un conseiller municipal qui s’est confié sous l’anonymat confirme la complexité de la situation. «Les populations sont dans le désarroi. Depuis juin, tous les services de la mairie sont fermés. Ce que je trouve anormal. Je reçois des complaintes tous les jours surtout pour l’état civil», déplore-t-il.
Même s’il dénonce l’attaque qui a provoqué la fermeture de la mairie, le jeune conseiller municipal estime que le maire aurait pu trouver une solution pour la marche de certains service en attendant la réfection de la mairie. «Les conséquences de la fermeture de la mairie sont larges. Même le conseil municipal avait arrêté ses réunions. Et quand on saisit le maire, il nous répond qu’il a fermé exprès la mairie pour que les populations comprennent la gravité de l’acte posé par les manifestants», explique-t-il. Poursuivant, notre interlocuteur nous fait savoir ce qui choque. «Quand on est proche du maire, on peut bénéficier de n’importe quel service parce que le maire lui-même avait décuplé ses cachets et gère ses affaires chez lui», dénonce-t-il.
Après être resté plus de deux mois sans réunion du conseil municipal, explique-t-il, le maire a récemment convoqué le conseil, dit-il, pour faire voter la réorientation du budget de Pacasen qui devait servir à la construction d’un poste de Santé, à la réfection de la mairie «Certains conseillers ont estimé qu’il fallait chercher d’autres moyens de régler la situation. Malheureusement, Diarra a eu la majorité et les 75 millions du Pacasen vont servir à la réfection de la mairie», renseigne-t-il.
Ndèye Khady DIOUF