Le problème de l’emploi des jeunes a toujours constitué une épine au pied des gouvernants. Il occupait d’ailleurs une place de choix dans le Programme de campagne du chef de l’Etat. En 7 ans de gouvernance, des agences dédiées à l’emploi des jeunes se sont succédé sans vraiment produire le résultat escompté. Et les événements du mois de mars dernier ont remis le sujet sur la table. Le Président Sall a donc annoncé encore d’autres mesures visant à offrir aux jeunes sénégalais des opportunités de travail avec une enveloppe de 350 milliards de francs Cfa. C’est dans ce sens qu’un Conseil national pour l’insertion et l’emploi des jeunes se tiendra aujourd’hui. Mais pour les jeunes de l’opposition et de la société civile, le Président Sall gagnerait d’abord à évaluer les nombreux milliards déjà injectés avant de se lancer dans d’autres aventures. Si certains d’entre eux lui accordent une bonne présomption, d’autres sont catégoriques : ce ne sera que de la poudre aux yeux, un simple moyen de se partager encore notre argent entre militants.
Le Conseil national pour l’insertion et l’emploi des jeunes va se tenir aujourd’hui. Cet évènement entre dans le cadre de la réponse du président de la République face aux émeutes du mois de mars dernier. Des jeunes de l’opposition et de la société civile nous livrent leur point de vue et leurs attentes par rapport à l’événement.
Aba Mbaye: «pour régler le problème de l’emploi des jeunes, il faudrait réorienter les politiques de l’émergence à la lucidité»
Pour le jeune khalifiste Aba Mbaye, la récente crise a surpris tous ceux qui pensaient que le pays était sur la bonne voie vers l’émergence. Aba Mbaye estime donc qu’il faut revenir à plus de lucidité. Abordant la somme annoncée par le chef de l'Etat, le Saint-Louisien voudrait d’abord savoir où le Président compte trouver cette somme ? Si le budget lui permet de telles dépenses ? Quel secteur compte-t-il déshabiller pour habiller l’emploi des jeunes ? Autant de questions qui ne cessent de trotter dans la tête d’Aba Mbaye quand on évoque le Conseil national de l’emploi des jeunes. «Nous sommes très sceptiques par rapport à tout ce qui est avancé. N’oublions pas la promesse d’un million d’emplois de jeunes qui reste encore vivace dans nos esprits», explique-t-il. Mais pour Aba Mbaye, ce programme de réflexion est à saluer dans le sens où il permet au gouvernement de se rattraper. «Si les gouvernants reconnaissent qu’ils ont failli sur la question de l’emploi des jeunes, il est tout à fait normal que des pourparlers se tiennent pour pousser la réflexion. Il est important de re-paramétrer notre économie vers la création d’emplois des jeunes. Il faut définir un nouveau cap vers la gouvernance de lucidité plutôt que l’émergence», dit-il.
Aida Niang : «il serait plus pertinent d’évaluer d’abord les structures qui avaient la charge de cette questions»
Évaluer d’abord et tirer les leçons de toutes les actions menées jusque-là dans le programme de l’emploi des jeunes, c’est la conviction d’Aïda Niang, coordonnatrice du mouvement M23, qui aborde la tenue de ce conseil national avec une bonne présomption. «On ne peut que se féliciter d’une telle initiative, mais il serait plus pertinent d’évaluer d’abord les structures qui avaient la charge de cette question, voir ce qui a été fait et ce qui a manqué et sanctionner en fonction», a fait savoir Aida Niang. A l’en croire, il faut du suivi et de la mise en niveau des jeunes avant de leur octroyer des financements. Et le plus important, selon elle, c’est de faire adhérer toutes les franges de la jeunesse, qu’ils soient des zones urbaines ou rurales. Ceux du secteur formel et informel.
Mor Talla Seck : «Ce conseil va déboucher, comme c’est le cas avec la Der et autres agences, sur une affaire de parti»
Cet activiste lui est moins emballé par le nouveau projet qui s’articule autour de l’emploi des jeunes. La tenue de ce conseil national sur l’insertion et l’emploi des jeunes n’est qu’une mascarade. «Nous sommes tous intéressés par la question de l’emploi des jeunes. Et nous ne sommes contre aucun régime, mais comment pouvez-vous qualifier l’attitude du chef de l’Etat par rapport à tout ce qui touche à la jeunesse ? Déjà, le million d’emplois qu’il avait promis à la jeunesse était un pur leurre», décrie M. Seck. Poursuivant, le co-coordonnateur de Noo Lank croit que nous allons encore vers une autre gabegie financière après la gestion calamiteuse des différentes agences en charge de l’emploi des jeunes. «Ce conseil national pour l’insertion et l’emploi des jeunes va déboucher, comme c’est le cas avec la Der et autres agences, sur une affaire de parti», renseigne-t-il.
Marie Sow Ndiaye : «ce conseil, c’est de la mascarade»
Embouchant la même trompette, la jeune députée libérale estime que ce conseil, c’est de la mascarade, une énième façon pour le Président Sall et son clan de dilapider encore nos ressources. «Il nous avait promis un million d’emplois. Qu’en est-il, si ce n’est la création d’une pléthore d’agences comme la Der qui n’a pas fourni de résultats», a déclaré Marie Sow Ndiaye. Cette dernière estime par ailleurs qu’avant d’entamer une quelconque action dans ce sens, il faudrait procéder à une évaluation. Pour elle, le financement n’est pas la bonne solution. Elle invite donc le Président Sall à penser plus à la formation qu’au financement des jeunes.
Ndèye Khady DIOUF












