Ça grouille de commentaires d’indignation et de stupéfaction depuis hier, à Yeumbeul, suite à l’arrestation-libération du célèbre marabout M. F. Mbacké par les limiers du commissariat de Yeumbeul. Les flics ont subi de terribles pressions de la part de hautes autorités étatiques et de hauts dignitaires de la confrérie mouride, qui ont contraint les enquêteurs à libérer l’arrière-petit-fils de Serigne Touba et de maintenir en garde à vue son talibé chauffeur Khadim D. pour conduite de véhicule sans permis.
Serigne M. F. Mbacké a été arrêté puis placé en garde à vue, hier, dans les locaux du commissariat de police de Yeumbeul, suite à l’interpellation de son talibé chauffeur nommé Khadim D. à qui il avait prêté son véhicule particulier sans permis de conduire. Ce dernier était envoyé par le marabout pour aller lui faire une commission. C’était avant-hier. Arrivé à hauteur de l’intersection communément appelée «Tournal Yeumbeul», il est arrêté par les hommes du commissaire de police Diouf Bauer Ibrahima qui y avaient installé un check-point. Ce, pour sacrifier au contrôle de routine. Le chauffeur s’exécute et se gare sur le bas-côté de la chaussée. Les flics se pointent devant la voiture et demandent à vérifier son permis de conduire et les pièces de la voiture. Mais, n’ayant pas de permis de conduire, Khadim sort celui de son marabout M. F. Mbacké et le présente aux agents de police en patrouille. Ces derniers jettent un coup d’œil sur le document, tombent sur le nom du Mbacké-Mbacké et interpellent le chauffeur.
Il avoue son délit de conduite sans permis et se retrouve en garde à vue à la police
Khadim se confond dans de plates excuses et affirme n’avoir pas de permis de conduire. Les flics restent intransigeants devant les excuses du chauffeur et le conduisent dans leurs locaux. Celui-ci est alors présenté au chef de poste de permanence, fiché sur la main courante et placé en garde à vue pour conduite de véhicule sans permis. Informé, le marabout débarque, hier, au commissariat de police et demande les motifs de l’arrestation de son talibé chauffeur. Les flics, très calmes et sereins, lui notifient l’infraction pénale commise par le jeune homme.
Le Mbacké-Mbacké minimise le délit, dit être le propriétaire du véhicule et se fait coffrer
Le marabout Mbacké-Mbacké minimise le délit et affirme être le propriétaire légitime du véhicule. Il dit aussi être conscient du défaut du sésame de son talibé Khadim et déclare lui avoir juste prêté sa bagnole aux fins d’aller lui effectuer une course. Ces propos choquent les enquêteurs, qui mettent immédiatement aux arrêts le dignitaire mouride de la banlieue dakaroise. Ils lui notifient la nature de son incrimination pénale et le placent en garde à vue.
De hautes autorités exercent de terribles pressions, le marabout libre mais le chauffeur déféré aujourd’hui
Mais, à peine le chef religieux coffré, la nouvelle se répand aussitôt comme une traînée de poudre. Des autorités étatiques et de hauts dignitaires mourides téléphonent de partout aux policiers et leur demandent de libérer le Mbacké-Mbacké. Sans succès. Une haute autorité de la justice entre en action et ordonne aux enquêteurs de relâcher le chef religieux. Mais, les policiers indiquent que le chauffeur de celui-ci est aussi arrêté. L’autorité en question banalise l’affaire, intime l’ordre aux flics de libérer le Mbacké-Mbacké et de maintenir le pauvre chauffeur en garde à vue puis de le déférer au parquet. Le chef religieux est alors libéré, hier soir.
Des talibés dénoncent leur chef religieux, d’autres approuvent et parlent de libération du chauffeur au parquet
Cependant, la nature du dénouement de l’affaire a scandalisé plus d’un. En particulier les nombreux talibés du marabout, qui avaient envahi le commissariat de police. Ils sont toutefois divisés sur le dossier de leur condisciple Khadim D. Certains approuvent et soutiennent mordicus que le chauffeur va être relâché aujourd’hui par le parquetier. Tandis que d’autres dénoncent avec véhémence la justice à double vitesse contre leur camarade de confrérie. Pis, ils décrient l’attitude de leur guide religieux qui, selon eux, aurait dû compatir, rester avec son chauffeur au violon ou sortir avec lui de la police.
Vieux Père NDIAYE