Trois mois, c’est l’ultimatum fixé par les étudiants de l’Université Cheikh Anta Diop, pour la clarification définitive du meurtre de leur camarade Fallou Sène. Hier, ses camarades de Dakar se sont réunis pour commémorer sa mort sous le signe du recueillement, des prières pour le repos éternel de l’âme du défunt, mais également d’une désolation face aux lenteurs notées dans le traitement judiciaire du dossier. Ce qu’ils regrettent, c’est que les autorités aient attendu qu’il y ait mort d’homme pour procéder au paiement des bourses, ou diminuer même le prix des tickets de restauration.
Apres une journée noire décrétée ce mercredi, le collectif des étudiants de l’Ucad a fait face à la presse pour exiger la lumière sur l’affaire Fallou Sène. «Et cette fois-ci, c’est notre dernière alerte. Nous avons alerté depuis le 15 mai dernier et personne n’a réagi. Des dossiers qui n’ont aucune importance ont surgi dans ce pays, et les gens se sont attelés à rendre justice. Et pourtant, il s’agit de la mort d’un étudiant, l’espoir d’un pays, l’espoir de toute une famille. Ce camarade était un responsable de sa famille ; il était marié et père d’un enfant. Nul d’entre nous ne pouvait être plus responsable que lui. Et pourtant, tout le monde fait la sourde oreille. Nous demandons par ailleurs que justice lui soit rendue. Il y a trop de laxisme par rapport à la démarche de l’autorité depuis sa mort. Jusque-là, le dossier est au point mort», dénonce le porte-parole Serigne Ahmadou Sène, président de l’Amicale de la Faculté des sciences juridiques, par ailleurs président du Collectif des amicales de l’Ucad.
Avant de poursuivre : «nous donnons un ultimatum. Nous disons à l’Etat de faire de telle sorte que dans ce trimestre-là, la justice soit rendue par rapport à ce dossier, sinon qu’il ne soit pas surpris de nous voir incessamment dans la rue, si aucune initiative n’est prise allant dans le sens de lui rendre justice».
Les étudiants ont profité de l’occasion pour exiger des autorités que lumière soit faite sur les cas de décès des autres étudiants. «Nous demandons que justice soit rendue à notre camarade Fallou Sène. Mais aussi aux autres camarades, parce que nous sommes au courant de tout ce qui est mascarade par rapport aux autres dossiers. Et jusque-là, ça persiste», déplore Serigne Ahmadou Sène.
Pour ce dernier, Fallou Sène ne faisait que réclamer de meilleures conditions de vie des étudiants : «il est parti en martyr. Nous prions pour le repos de son âme. Il a été tué dans son campus social. Ce qui est inadmissible».
Pour l’étudiant à la Faculté des sciences juridiques, l’université ne devrait pas être un lieu de tuerie et d’affrontements. «On a l’habitude de dire que les étudiants sont violents, mais cette fois-ci, c’était même pas dans la rue, mais dans un campus social. Beaucoup de camarades ont été tués dans le cadre du mouvement social et par des compatriotes sénégalais. Cette police-là, ce sont nos concitoyens. Nous ne sommes pas là pour nous mettre tout le temps au front avec les policiers, mais nous demandons que nos conditions socio pédagogiques d’études soient revues. Et nous disons que l’étudiant n’est pas une chair à canon ou une chair à poudre. L’université aussi ne peut pas constituer un terrain d’entrainement pour les policiers. Il faut que ça cesse», déplore-t-il.
Malheureusement, l’autorité, d’après lui, prête une sourde oreille, jusqu’à ce que mort s’ensuive.
Khadidjatou DIAKHATE