Adama Gaye n’a pas été entendu sur le fond du dossier, hier, par le Doyen des juges d’instruction. Le collectif des avocats du journaliste ne cherche pas midi à quatorze heures : «c’est une violation de ses droits», note-t-il dans un communiqué. A en croire les robes noires, il y a «une instrumentalisation manifeste de la justice».
Contrairement à ce qui a été annoncé par la presse, Adama Gaye n’a pas été entendu sur le fond hier, par le Doyen des juges d’instruction. Curieusement, le journaliste n’a même pas été extrait de sa cellule. Pourtant, ses conseils avaient annoncé son audition pour hier jeudi. Qu’est-ce qui s’est passé ? Dans un communiqué, le collectif des avocats de Adama Gaye, composé de Mes Cheikh Ahmadou Ndiaye, Cheikh Khoureychi Bâ, Seydou Diagne, Kory Sène, Christian Faye et Ndèye Coumba Diop, a d’abord fustigé l’attitude de l’Etat du Sénégal qui, à leurs yeux, «est en train de mettre en œuvre une politique criminelle d’arrestation et de détention arbitraire contre ses citoyens dissidents». S’agissant de l’audition ratée de leur client, les avocats se veulent clairs : «notre client Monsieur Adama Gaye, prisonnier politique et d’opinion, a vu ce jour son droit d’être entendu et jugé dans un délai raisonnable violé par la justice sénégalaise. Son audition au fond a été reporté sine die (sans date) par le Doyen des juges d’Instruction». En clair, Adama Gaye avait bien été convoqué pour hier, selon ses conseils. Pourquoi l’audition n’a-t-elle pas eu lieu ? Les avocats donnent leurs langues au chat.
Ledit communiqué revient, par ailleurs, sur les reproches faits au journaliste que sont «l’expression de sa liberté d’opinion en tant que lanceur d’alertes sur de graves scandales» qui sévissent dans la secteur du pétrole et des hydrocarbures. «Le collectif dénonce également une instrumentalisation manifeste de la justice sénégalaise, à laquelle s’ajoute la mise en œuvre de lois spéciales consacrant l’inégalité des armes au détriment de Monsieur Adama Gaye», peste la défense du journaliste.
Adama Gaye digne, lucide et combatif, en dépit des dures conditions de détention
Malgré tout, le journaliste n’est pas ébranlé, si l’on en croit ses avocats, qui soutiennent que leur client «ne ménagera aucun effort pour la défense de ses droits et libertés fondamentales consacrés par la loi et la Constitution de la République du Sénégal». «Monsieur Adama Gaye est resté digne, lucide et combatif, en dépit des dures conditions de détention dans la prison de Rebeuss qui ne répond à aucune des normes auxquelles l’Etat du Sénégal s’est engagé à respecter, causant la mort dans des conditions atroces de deux prisonniers de droit commun», soulignent-ils, tout en dénonçant les conditions inhumaines de détention.
Alassane DRAME