Bye-bye Philippe Bohn, welcome Ibrahima Kane ! Le Conseil d’administration a mis fin hier aux fonctions de Directeur général de la compagnie nationale Air Sénégal du Français Philippe Bohn. Il est remplacé par Ibrahima Kane. Ce dernier, polytechnicien et manager rompu à la tâche, a roulé sa bosse dans l’agroalimentaire et les mines, dans plusieurs pays, avant d’atterrir au Fonds souverain d’investissements stratégiques (Fonsis).
Philippe Bohn n’est plus Directeur général d’Air Sénégal. Le Conseil d’administration, sous la houlette de Souleymane Ndéné Ndiaye, en a décidé ainsi, dans une note publiée hier. En effet, à la faveur de «quelques réaménagements dans le haut management de la société», le désormais ex-Dg est remplacé par Ibrahima Kane, qui était jusque-là Directeur général du Fonds souverain d’investissements stratégiques (Fonsis). Toutefois, le Français ne quitte pas définitivement le pavillon Sénégal. Il reste «comme membre du Conseil d’administration en qualité d’administrateur», souligne le Conseil d’administration. Qui d’ailleurs lui a rendu hommage, «pour son engagement dans la phase critique de lancement et de mise en œuvre du plan d’équipement de la compagnie».
Ibrahima Kane, une tête bien faite et un manager rigoureux et discret aux commandes
Le nouveau patron d’Air Sénégal a bien le profil de l’emploi. Diplômé de l’École Polytechnique, de l’École nationale des Ponts et Chaussées, du Collège Génie industriel à Paris (France), il a également suivi l’Executive Leadership Program au London Business School à Londres (Royaume-Uni). Après ses études, il a fait carrière dans l’agroalimentaire et les mines, dans plusieurs pays (France, Cameroun, Mauritanie, Côte d’Ivoire, Sénégal). C’est en octobre 2016, au départ d’Amadou Hott pour la Banque Africaine de développement (BAD), qu’il a été nommé à la tête du Fonds souverain d’investissements stratégiques (Fonsis), dont il était le N°2 et le Directeur exécutif en charge des Infrastructures, de l’Agriculture et de l’Agrobusiness. Le nouveau patron de la compagnie aérienne nationale, réputé sérieux, rigoureux et discret, aura la lourde charge de conduire son développement, après un lancement laborieux, une flotte pas des meilleures et de nombreuses critiques et alertes de spécialistes sénégalais du secteur.
2 ATR dont un est endommagé, un A330néo neuf, retourné à l’atelier après un souci technique, et de vieux A319…
Une compagnie qui a une seule desserte nationale, avec 2 ATR-72 (dont l’un est endommagé et en réparation) et 2 vols quotidiens, avec un taux de remplissage encore très bas. Il s’y ajoute le Nouveau A330néo, qui fait la ligne Dakar-Paris, mais qui malheureusement est indisponible depuis le week-end dernier. Ce qui pousse la compagnie à louer un avion (A340), avec des coûts exorbitants, qui creusent encore plus le déficit d’exploitation. La compagnie s’est dotée aussi de 2 «vieux» A319 dont l’un repris à Air Côte d’Ivoire où il était le plus ancien de la flotte, et l’autre à la compagnie Espagnol Iberia. Un 3ème A319 devrait venir également de la même compagnie dans les prochains mois. Ce qui porterait la flotte de la toute jeune compagnie à 6 avions.
Un management chaotique du personnel
Au niveau du personnel, le management de Bohn était encore pire. Les ressources humaines nationales, qui devraient être le fer de lance de la compagnie, sont reléguées au second plan, pour ne pas dire ignorées. Récemment, ce sont les pilotes sénégalais qui ont manifesté leur colère contre lui, réclamant même son départ, parce qu’il s’est permis de dévaloriser leur métier, et de parler d’eux comme des gens sans importance pour la compagnie. Ces derniers jours, la rumeur donnait le commandant de bord Cheikh Seck, débauché à la prestigieuses compagnie Emirates, sur le départ. Il ne s’entendait plus avec le désormais ex-Dg, accusé de vouloir «franciser» le cockpit de l’A330néo. Une anecdote révèle tout le manque de considération pour le personnel local. Lors du cocktail de lancement des vols sous-régionaux, il n’était même pas informé, encore moins invité.
Des alertes répétées d’experts nationaux contre la gestion de Bohn
Depuis plusieurs mois, des personnes ressources du secteur ne cessaient d’alerter quant à la gestion de la compagnie qui, pour eux, filait tout droit dans le mur. «Moi j'ai travaillé sur l'étude de faisabilité d'Air Sénégal SA avec un des plus grands cabinets mondiaux dans le domaine. Mais, entre ce qu'on prévoyait et ce qui se réalise, il y a une marge. Une compagnie, pour qu'elle soit pérenne, il faut une gestion orthodoxe, des choix éclairés et une vision claire. Mais là, ce n'est pas le cas», affirmait, il y a moins d’un mois, à I-radio, le commandant Malick Tall, ancien pilote de ligne d’Air Afrique et ancien Directeur des opérations de Sénégal Airlines. Contestant les choix de Bohn, il souligne que ce dernier est «allé chercher des avions qui ont 15 ans d'âge, dans des conditions qui ne sont pas du tout transparentes». Et que ces avions-là, à son avis, «travaillent aujourd'hui à perte». Inquiet de l’avenir de la compagnie, il se demandait : «est-ce que les autorités savent exactement ce qui est en train de se passer ? On a essayé de les alerter, on a essayé de discuter avec elles. Mais, pour l'instant, ce que nous constatons, c'est que là on va droit vers le mur». Avant lui, le consultant Ablaye Diop avait attiré l’attention. «Il semble bien y avoir un aveuglement de nos responsables, face à ce formidable gâchis que constitue le lancement d’exploitation de Air Sénégal SA par l’équipe de M. Philippe Bohn. (…). Ce démarrage timide, à la petite cuillère, masquant toutes ces incongruités que cache la Direction générale, n’est pas à la mesure de cette ambition que porte le tout nouveau pavillon national», déplorait l’expert en aviation, il y a quelques mois. Dénonçant «un déficit d’exploitation important», il soulignait que cela ne devrait étonner personne, car, «un lancement raté, sans préparation technique suffisante, une campagne de communication hilarante, ne pouvait que produire de tels résultats».
Mbaye THIANDOUM
Philippe Bohn n’est plus Directeur général d’Air Sénégal. Le Conseil d’administration, sous la houlette de Souleymane Ndéné Ndiaye, en a décidé ainsi, dans une note publiée hier. En effet, à la faveur de «quelques réaménagements dans le haut management de la société», le désormais ex-Dg est remplacé par Ibrahima Kane, qui était jusque-là Directeur général du Fonds souverain d’investissements stratégiques (Fonsis). Toutefois, le Français ne quitte pas définitivement le pavillon Sénégal. Il reste «comme membre du Conseil d’administration en qualité d’administrateur», souligne le Conseil d’administration. Qui d’ailleurs lui a rendu hommage, «pour son engagement dans la phase critique de lancement et de mise en œuvre du plan d’équipement de la compagnie».
Ibrahima Kane, une tête bien faite et un manager rigoureux et discret aux commandes
Le nouveau patron d’Air Sénégal a bien le profil de l’emploi. Diplômé de l’École Polytechnique, de l’École nationale des Ponts et Chaussées, du Collège Génie industriel à Paris (France), il a également suivi l’Executive Leadership Program au London Business School à Londres (Royaume-Uni). Après ses études, il a fait carrière dans l’agroalimentaire et les mines, dans plusieurs pays (France, Cameroun, Mauritanie, Côte d’Ivoire, Sénégal). C’est en octobre 2016, au départ d’Amadou Hott pour la Banque Africaine de développement (BAD), qu’il a été nommé à la tête du Fonds souverain d’investissements stratégiques (Fonsis), dont il était le N°2 et le Directeur exécutif en charge des Infrastructures, de l’Agriculture et de l’Agrobusiness. Le nouveau patron de la compagnie aérienne nationale, réputé sérieux, rigoureux et discret, aura la lourde charge de conduire son développement, après un lancement laborieux, une flotte pas des meilleures et de nombreuses critiques et alertes de spécialistes sénégalais du secteur.
2 ATR dont un est endommagé, un A330néo neuf, retourné à l’atelier après un souci technique, et de vieux A319…
Une compagnie qui a une seule desserte nationale, avec 2 ATR-72 (dont l’un est endommagé et en réparation) et 2 vols quotidiens, avec un taux de remplissage encore très bas. Il s’y ajoute le Nouveau A330néo, qui fait la ligne Dakar-Paris, mais qui malheureusement est indisponible depuis le week-end dernier. Ce qui pousse la compagnie à louer un avion (A340), avec des coûts exorbitants, qui creusent encore plus le déficit d’exploitation. La compagnie s’est dotée aussi de 2 «vieux» A319 dont l’un repris à Air Côte d’Ivoire où il était le plus ancien de la flotte, et l’autre à la compagnie Espagnol Iberia. Un 3ème A319 devrait venir également de la même compagnie dans les prochains mois. Ce qui porterait la flotte de la toute jeune compagnie à 6 avions.
Un management chaotique du personnel
Au niveau du personnel, le management de Bohn était encore pire. Les ressources humaines nationales, qui devraient être le fer de lance de la compagnie, sont reléguées au second plan, pour ne pas dire ignorées. Récemment, ce sont les pilotes sénégalais qui ont manifesté leur colère contre lui, réclamant même son départ, parce qu’il s’est permis de dévaloriser leur métier, et de parler d’eux comme des gens sans importance pour la compagnie. Ces derniers jours, la rumeur donnait le commandant de bord Cheikh Seck, débauché à la prestigieuses compagnie Emirates, sur le départ. Il ne s’entendait plus avec le désormais ex-Dg, accusé de vouloir «franciser» le cockpit de l’A330néo. Une anecdote révèle tout le manque de considération pour le personnel local. Lors du cocktail de lancement des vols sous-régionaux, il n’était même pas informé, encore moins invité.
Des alertes répétées d’experts nationaux contre la gestion de Bohn
Depuis plusieurs mois, des personnes ressources du secteur ne cessaient d’alerter quant à la gestion de la compagnie qui, pour eux, filait tout droit dans le mur. «Moi j'ai travaillé sur l'étude de faisabilité d'Air Sénégal SA avec un des plus grands cabinets mondiaux dans le domaine. Mais, entre ce qu'on prévoyait et ce qui se réalise, il y a une marge. Une compagnie, pour qu'elle soit pérenne, il faut une gestion orthodoxe, des choix éclairés et une vision claire. Mais là, ce n'est pas le cas», affirmait, il y a moins d’un mois, à I-radio, le commandant Malick Tall, ancien pilote de ligne d’Air Afrique et ancien Directeur des opérations de Sénégal Airlines. Contestant les choix de Bohn, il souligne que ce dernier est «allé chercher des avions qui ont 15 ans d'âge, dans des conditions qui ne sont pas du tout transparentes». Et que ces avions-là, à son avis, «travaillent aujourd'hui à perte». Inquiet de l’avenir de la compagnie, il se demandait : «est-ce que les autorités savent exactement ce qui est en train de se passer ? On a essayé de les alerter, on a essayé de discuter avec elles. Mais, pour l'instant, ce que nous constatons, c'est que là on va droit vers le mur». Avant lui, le consultant Ablaye Diop avait attiré l’attention. «Il semble bien y avoir un aveuglement de nos responsables, face à ce formidable gâchis que constitue le lancement d’exploitation de Air Sénégal SA par l’équipe de M. Philippe Bohn. (…). Ce démarrage timide, à la petite cuillère, masquant toutes ces incongruités que cache la Direction générale, n’est pas à la mesure de cette ambition que porte le tout nouveau pavillon national», déplorait l’expert en aviation, il y a quelques mois. Dénonçant «un déficit d’exploitation important», il soulignait que cela ne devrait étonner personne, car, «un lancement raté, sans préparation technique suffisante, une campagne de communication hilarante, ne pouvait que produire de tels résultats».
Mbaye THIANDOUM
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