Mouhamed Lamine Bara Diop dit Taïf a été finalement jugé, hier mardi, devant la barre des flagrants délits de Dakar. Cet activiste a été arrêté alors qu'il filmait l'intérieur du camp Abdou Diassé. C'est pour des faits de collecte et diffusion illicites d’images à caractère personnel et d’images d’un cantonnement qu'ils est poursuivi. Le procureur a requis l’application de la loi pénale contre ce prévenu qui a refusé de s'assumer à la barre.
De la chance, l'activiste Mouhamed Lamine Bara Diop dit Taïf Diop en a beaucoup. Car, non seulement le procureur a eu à renvoyer son dossier en flagrants délits au lieu de l’instruction, mais, hier, le représentant du parquet n'a requis que l'application de la loi à son encontre lors de son procès. Mouhamed Lamine Bara Diop, membre actif du mouvement M2d, a été arrêté en train de filmer l'intérieur du camp Abdou Diassé. C'est ainsi qu'il a été inculpé pour des faits de collecte et diffusion illicite d’images à caractère personnel et d’images d’un cantonnement. Ce qu'il avait refusé d'admettre devant les enquêteurs en soutenant qu'il filmait juste les ambulances parquées au camp Abdou Diassé pour des intentions purement politiques.
Les charges du procureur
Hier, face au juge des flagrants délits de Dakar où Mouhamed Lamine Bara Diop a été attrait, il a réitéré les mêmes dénégations. L'activiste de 31 ans a soutenu que c'est aux environs de 13h10mn qu'il avait commencé son live sur Facebook. Et à propos dudit live, dit-il, il discutait de la situation politique du pays. «Une fois au niveau du camp Abdou Diassé, une dame en uniforme m'interpelle et me demande ma pièce d'identité. Comme je l'avais oubliée chez moi, je lui ai donné ma filiation. C'est par la suite que le commandant du camp m'a rejoint avant de me reprocher d'avoir filmé le camp». Des propos qui n'ont pas convaincu le représentant du parquet. Refusant de s'assumer à la barre, il n'a même pas eu le courage de répéter les mêmes propos qu'il avait tenus lors de son live. Ce faisant, le parquetier ne s'est pas empêché de lui asséner ses vérités. «Un activiste doit être courageux pour atteindre ses objectifs. Tu as dit que c'est ici qu'on avait enfermé Ousmane Sonko, Barthélemy Dias, Malick Gakou. Tu as aussi dit que le chef de l'État utilise les ambulances pour faire de la politique. Ce n'est pas comme ça qu'on mène un combat politique. En le faisant, tu menaces la sécurité du pays». Taïf Diop de répliquer : «je n'a jamais eu l'intention de m'introduire dans le camp pour filmer quoi que ce soit. Je passe là-bas chaque semaine en allant au boulot». Malgré cela, le maître des poursuites a requis l'application de la loi pénale contre lui.
Dans sa plaidoirie, l'avocat du prévenu, Me Abdoulaye Tall, a relevé que l'erreur est humaine. Pour lui, son client ne cherche pas à nuire puisqu'il ne comprenait pas qu'il ne doit pas le faire dans les casernes. Et même si son confrère Me Henry Gomis a indiqué que Mouhamed Lamine Bara Diop a fait preuve de manque de discernement, Me Khoureichy a indiqué que dans cette affaire, l'élément moral manque. À l'issue de ces observations, les robes noires ont tous plaidé une application bienveillante de la loi pénale même si Me Ba a reconnu que c'est par charité que le procureur l'a traduit devant cette barre. Délibéré rendule 30 novembre prochain.
Fatou D. DIONE