Pour des faits de trafic intérieur de drogue, Mbagnick Bâ a été jugé hier devant la chambre criminelle de Dakar. Le parquet a requis 10 ans de réclusion criminelle contre lui alors qu'il a purgé déjà ladite peine depuis le 18 août 2020. Il sera fixé sur son sort le 7 juillet prochain.
Maçon de profession, Mbagnick Bâ peut s'estimer heureux si le juge de la chambre criminelle de Dakar où il a comparu hier suit le procureur dans ses réquisitions. Car, celui-ci a requis 10 ans de réclusion criminelle contre lui. Alors qu'il a fini de purger ladite peine puisqu'il est en détention préventive depuis le 10 août 2010. Alors qu'il revenait de Thiès à bord d'un taxi 7 places ce 10 août 2010, Mbagnick Bâ avait été alpagué. Et c'est au cours du contrôle dudit véhicule que les gendarmes ont vu un sac multicolore contenant des draps, des habits et de la drogue. Dès que la découverte a été faite, Mbagnick Bâ a pris la poudre d'escampette avant de tenter d’escalader un mur. Mais, il sera rattrapé.
Auditionné, il avait révélé face aux enquêteurs que le produit prohibé appartient à un certain Moustapha Ndiaye qui lui avait demandé de le déposer au marché Tilène auprès d’un transporteur qui faisait la liaison Dakar-Niakhar. Mais devant le juge d'instruction, il a changé de version en indiquant qu'il ignorait le contenu du sac incriminé.
Hier, après plus de 10 ans de détention préventive, Mbagnick Bâ a persisté dans ses dénégations devant le juge de la chambre criminelle. «C'est vers 21h que les flics m'ont arrêté. Je revenais de Thiès avec un sac que mon employeur Moustapha Ndiaye m’avait remis. Il m’avait fait croire qu’il contenait des habits et des tissus. J’avais confiance en lui, car c’est une personne âgée et qui dégageait une certaine piété. Le sac devait être amené à Niakhar. Il m’avait remis 10.000 F pour faire face aux dépenses liées à la Tabaski», a soutenu cet accusé à qui ont été rappelés les aveux qu'il avait faits à l'enquête. Mais, il a tout réfuté. «Je n'ai pas avoué à l’enquête, car j'étais mal en point du fait que j'ai perdu quelques dents à cause de la torture que les policiers m'ont infligée. Ils ont brisé ma mâchoire et sectionné un doigt», dit-il.
Son avocat Me Awa Wade a demandé au principal son acquittement et à titre subsidiaire la disqualification des faits de trafic en détention. «Il manque l’élément intentionnel et moral, donc il n'y pas de crime. Il a été constant depuis l’enquête en disant qu’il ne savait pas que le sac contenait de la drogue. Il a fui car il a été guidé par l’instinct de survie», a fait savoir la robe noire dont le client sera fixé sur son sort le 7 Juillet prochain.
Fatou D. DIONE