
Interpellé sur la question de la fermeture de la mairie, le maire de la commune de Pikine Nord avoue : «oui, nous avons dû fermer les portes de la mairie depuis tout ce temps». Amadou Diarra de clarifier néanmoins la situation. «Mais ce n’était pas de gaieté de cœur. Nous n’avons jamais voulu handicaper la population, mais la situation était telle qu'on ne pouvait pas continuer le travail dans la mairie», précise-t-il.
Selon lui, il n’y avait plus rien de fonctionnel fans la mairie. «Toute la base de données a été détruite par les manifestants en plus des matériels bureautique et logistique. Tout a été saccagé, pillé et brûlé», déclare-t-il avant de préciser que même la vie de ses agents était menacée. C’est pourquoi il a préféré les renvoyer chez eux et fermer la mairie pour limiter les dégâts.
Pour le maire de Pikine Nord, ce sont des centaines de millions qui ont été détruits dans l’attaque de sa mairie. «Nous avions reçu 14 millions de fournitures de bureau qui nous avaient été livrées 2 mois avant l’attaque de la mairie. Et ce n’est rien comparé à tout le matériel détruit ou volé», renseigne Amadou Diarra, selon qui même son écharpe de maire a été emportée. «En plus de voir détruire les archives pour l’état civil. Les manifestants ont emporté toutes les machines pour les revendre après à vil prix», se désole-t-il. Pour lui, il fallait donc fermer la mairie pour que la communauté découvre l’ampleur des dégâts et leurs conséquences sur la vie des populations.
«Les 75 millions du Pacasen vont désormais servir à réfectionner la mairie…»
Selon M. Diarra, ces deux mois ont été l’occasion de réfléchir avec toutes les parties prenantes que sont les autorités administratives, les gens de Pacasen, à comment régler la situation. «Puisque le budget était déjà voté il nous fallait trouver des fonds pour la réfection et le réaménagement de la mairie. C’est pour cela que nous nous sommes tournés vers le fonds Pacasen qui devait servir à là réhabilitation d’un poste de santé», dit-il.
Amadou Diarra reconnaît qu’il y a eu quelques conseillers municipaux qui s’y sont opposés dans les débats, mais c’était une question de bon sens et de priorité. «La fermeture de la mairie a eu des répercussions terribles sur la population ; alors il nous fallait trouver une solution et nous avons agi. Heureusement que les conseillers municipaux ont compris et ils ont voté à l’unanimité, malgré les réticences de certains d’entre eux au début des discussions», affirme le maire de Pikine Nord qui dément formellement la division de conseillers à ce sujet. Selon lui, les 75 millions du Pacasen vont désormais servir à là réfection de la mairie. Il ne reste l’approbation du préfet qui a un délai de 15 jours.
Revenant sur le problème de l’état civil, le maire de Pikine Nord soutient qu’une partie a été sauvée ; c’est pourquoi il a créé une commission de reconstitution de l’état civil avec 6 personnes chargées de réorganiser les données. Évoquant l’exemple de la commune de Mbao, Amadou Diarra fait savoir qu’il leur a fallu près de 10 ans pour reconstituer son état civil. «Nous allons prendre toutes les dispositions pour reconstituer les données ; en attendant, ce qui auront besoin de certains papiers comme les extraits de naissance devront aller au tribunal. Actuellement la mairie ne peut délivrer que les documents qui ne nécessite pas de registre», précise-t-il.
Nd. Kh. D.