Après la malheureuse histoire de l’hôpital Amadou Sakhir Mbaye de Louga, voilà que l’on revit encore un drame avec la mort d’un bébé à l’hôpital El Hadj Ibrahima Niass de Kaolack. Mais, jusque-là, on ne trouve pas de responsable, même si des coupables on en trouvera peut-être, si la justice indexe une des sages-femmes. Mais, pour autant, personne n’est responsable. Les sages-femmes ont dégagé leur responsabilité. De même que les responsables de l’hôpital et les autorités politiques. Ici, la réaction première est de pointer du doigt ceux qui sont au bas de l’échelle. Le déni de responsabilité. C’est ce qui caractérise l’homosenegalensis. L’hôpital El Hadji Ibrahima Niass n’at-t-il pas sorti un communiqué pour accuser une aide-soignante, sans ciller et en insultant même notre intelligence ? En fait, personne n’est responsable, même les responsables morales ne veulent pas assumer quand il le faut. C’est triste. Pire, ce sont les plus faibles qui sont sanctionnés, les responsables ne subissent parfois que des sanctions administratives et là encore, c’est juste pour le temps de calmer l’opinion publique, car après, ils seront redéployés ailleurs.«Quand une bêtise était faite, sans que l’on sache lequel des deux enfants l’avait commise, dès lors que la première réaction des gamins a toujours été de dire : ‘’ce n’est pas moi, c’est l’autre’’, la juste réaction des parents était de donner une tape à chacun des deux», disait Alain Denis, dans «France, état des lieux. Le pire n’est jamais sûr».
L’on a tendance à se dédouaner lâchement en chargeant les autres de tous les maux de la société. «Mais oui monsieur le juge, c’est lui là-haut qu’il faut coffrer, il tire les ficelles…», écrivait Guy Busquets dans «Guernica». La première réaction des autorités de l’hôpital Amadou Sakhir Mbaye de Louga a été de défendre son personnel, peu importe s’il y a mort d’homme ; la première réaction des autorités de l’hôpital de Kaolack a été d’indexer immédiatement l’aide-infirmière. L’aide-infirmière est donc envoyée à la guillotine, et puis c’est fini. C’est cela l’homosenegalensis. Le déni de responsabilité. Quand il s’agit d’indemnités ou d’avantages, ils sont les premiers à en tirer profit, et ils se gavent même plus, mais quand il y a un incident malheureux, ce sont ceux qui sont au bas de l’échelle qui paient.
Alassane DRAME