Fatou Kiné Gaye a subi une boucherie. La gérante de l’agence multiservices (Ets Mansour Sy de Pikine rue 10) a en effet reçu 37 coups de couteau de la part de son collègue et superviseur de l’entreprise en question répondant au nom de Khassimou B. Celui-ci est né le 14 septembre 1994.
L’affaire Ndioba Seck – une fille tuée de 64 coups de couteau et abandonnée à hauteur de à l’arrêt Sips – a failli se reproduire, vendredi dernier, vers 18h, dans une agence multiservices du quartier Rue 10 de Pikine Nord, où la gérante de ladite agence, Fatou Kiné Gaye, a été transpercée de plus de 37 coups de couteau. Une véritable tragédie qui a ému plus d’un dans le pays.
Khassimou détournait les sous au moment d’alimenter la caisse de l’agence
A l’examen du corps sans vie de la jeune femme, souffle-t-on, la police scientifique et technique a dénombré 37 coups de couteau. Ce qui traduit la rage avec laquelle le mis en cause s’est acharné sur la pauvre dame mariée, mais elle met à nu aussi la nature et l’ampleur de la barbarie. Le mobile de la boucherie résulterait des micmacs pécuniaires auxquels le mis en cause aurait l’habitude de se livrer pendant ses visites dans l’agence de la jeune femme pour alimenter celle-ci. Car, il jouait sur les montants déclarés et ceux versés dans la caisse. Quand il déclare une somme, il trompe la vigilance de la gérante, verse moins que ça et détourne l’argent prélevé. Il agit de la sorte à plusieurs reprises et parvient ainsi à collecter une forte somme d’argent. Ses agissements sont dévoilés et dénoncés par son employeur.
Il verse 2 millions et déclare 5,5 millions, elle refuse de lui prêter 200.000 pour son baptême
Ainsi, le jour du drame, Khassimou débarque à l’agence et apporte de l’argent en guise de fonds de roulement. Il verse le montant de 2 millions de francs Cfa et déclare la somme de 5,5 millions de francs Cfa. Mais, la gérante de l’agence découvre la supercherie et explose de colère. Elle fait des réprimandes au superviseur, lui rappelle ses antécédents et menace de le dénoncer. Ce dernier plaide non coupable, enchaîne avec une conversation pour noyer le poisson et sollicite un prêt de 200.000 francs pour les besoins du baptême de son enfant. La jeune femme dit niet.
Il prend un couteau chez lui, exécute la dame, puise dans la caisse et disparait avant de revenir
Furieux, Khassimou quitte en catastrophe l’agence et se rend chez lui. Mais, déterminé à obtenir l’argent pour le baptême, il s’empare d’un couteau de cuisine et retourne à l’agence. Il se jette sur la dame et lui assène un coup de couteau à la cuisse. Celle-ci hurle une seule fois et tente de sauver sa peau. Mais, rongé par une haine viscérale, celui-ci pète un câble et enchaîne avec plusieurs autres coups de l’arme blanche sur différentes parties du corps de la jeune femme. Il vise particulièrement à plusieurs reprises son abdomen, une manière de l’exécuter en vitesse avant que quelqu’un n’entre dans l’agence. Il puise dans la caisse, quitte séance tenante les lieux et change ses habits tâchés de sang chez lui. Il retourne ensuite sur le lieu de crime, se fond dans la masse et fait semblant d’apprendre la nouvelle en même temps que la population.
Vieux Père NDIAYE
Les éléments matériels qui démontent la piste de l’agression par des malfaiteurs
Après le meurtre de la jeune femme, les flics du commissariat d’arrondissement de Pikine arrivent sur les lieux et effectuent les constatations d’usage. Mais, au même moment, les habitants apprennent la nouvelle et affluent en masse devant l’agence en question. La piste de l’agression physique suivie de meurtre est vite privilégiée. Une hypothèse relayée dans les médias. Mais, après une analyse de la scène de crime, les policiers démontent la thèse de la mortelle agression commise par des malfaiteurs et soupçonnent une ou des connaissance(s) de la défunte. Car, aucune trace de lutte ou signe de violences n’a été constatée. Il n’y a pas eu de débris de la baie vitrée de ladite agence encore moins de commodités et autres chaises renversées. Tout était rangé dans l’ordre.
Outre les éléments suscités, il y a aussi la nature de la configuration des lieux. Car, l’agence se trouve au rez-de-chaussée d’un immeuble à quatre étages habité, qui est en bordure de la route principale qui est très fréquentée, et faisant face à une quincaillerie qui ferme à 23h, et à un jardin public. Mieux, dans l’agence, il y a deux portes de cloisonnement, qui sont tout le temps fermées par mesure de sécurité. Et pour accéder au bureau de la dame, soit c’est elle qui t’ouvre les portes soit tu détiens les clés. Suffisant pour que les flics s’interrogent sur la présence d’une autre personne (assistant) dans l’agence. Ils apprennent qu’il s’agit du nommé Khassimou B, superviseur et collecteur de fonds qui était sur les lieux avant de décamper.
Comment Khassimou B, superviseur et collecteur de fonds, est devenu le suspect N°1
Interpellé sur place par les flics, Khassimou B. panique, peine à parler et tremble comme une feuille morte. Les agents promènent le regard sur son corps et découvrent des blessures et autres griffures. Ils le soupçonnent, l’embarquent et le conduisent au commissariat d’arrondissement. Cuisiné aussi au poste, Khassimou peine à expliquer la cause de ses blessures sur la main gauche et autres griffures. Toutefois, il reconnaît avoir été dans l’agence le jour du drame. Ce qui se révélera exact lorsque les enquêteurs ont fait le bornage de son téléphone portable sur les lieux en question. Il a été aussi la dernière personne à avoir vu Fatou Kiné Gaye en vie. Il était devenu également subitement injoignable.
Khassimou confié à la Su, le long huis clos avec des hauts gradés au central de Dakar
Comme d’habitude dans de pareilles enquêtes criminelles, la Sûreté urbaine (Su) a hérité, samedi dernier, du dossier de meurtre par arme blanche même si l’enquête a été menée de main de maitre puis bouclée à 90% avec des indices matériels irréfutables par les éléments du commissariat de Pikine. Mais, lorsque le présumé meurtrier a été conduit, hier, au commissariat central de Dakar, il a été soumis au feu roulant des questions de plusieurs hauts gradés de police. Ces derniers ont défilé devant le mis en cause jusque tard dans la nuit du samedi au dimanche dernier. C’était un huis clos marathon.
V. P. NDIAYE
La fausse grossesse, le baptême d’hier du bébé de Khassimou interrompu
La grossesse de Fatou Kiné Gaye relayée en boucle dans les médias était une fausse alerte. La gérante de l’agence n’était point enceinte. Ce sont les conclusions de l’autopsie et du certificat de genre de mort sur la jeune femme. Le document médical révèle ceci : «décès causé par une arme blanche, des blessures multiples au niveau des membres supérieurs et inférieurs et de l’abdomen» peut-on lire dans le document. Khassimou B. devait baptiser, hier, son enfant dans son quartier à Pikine. Mais, la police a effectué une descente là-bas avant d’interrompre net la cérémonie.
V. P. NDIAYE
L’arme du crime et de l’argent retrouvés chez Khassimou
Suite à la perquisition du domicile du mis en cause, les éléments de la Sûreté urbaine (Su) ont retrouvé beaucoup de matériels compromettants. Notamment l’arme du crime (un couteau de cuisine) planqué sous le lit de sa chambre ainsi que de l’argent ; un montant que Khassimou aurait «récolté» dans ses nombreux agissements, qui ont été dénoncés à plusieurs reprises par les responsables de l’entreprise établie à Tivaouane, où la jeune femme a démarré avant d’atterrir à Pikine en passant par Guédiawaye. L’entreprise en question appartient au frère du mari de la dame.
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