Dans tous les régimes, il y a des damnés qui, au Sénégal, appartiennent à la famille présidentielle, comme c’est le cas avec Aliou Sall. C’est l’avis d’Alioune Tine, qui compare le frère du Président Sall à François Compaoré, obligé de fuir le Burkina Faso, après la chute de son frère Blaise Compaoré. En outre, invité hier de l’émission «Objection» sur Sud Fm, il dénonce la démarche de la justice qui, dans l’enquête sur l’affaire Petro-Tim, est en train d’entendre tout le monde, sauf le principal concerné, Aliou Sall.
S’il y a quelqu’un qui n’est pas du tout tendre avec Aliou Sall en ces temps d’affaire Petro-Tim, c’est bien Alioune Tine. Le droit de l’hommiste compare tout bonnement le frère du Président Sall au frère de l’ex-président Burkinabé où encore à Foccart (avec De Gaulle) et Benala (sous Macron). «Dans tous les pouvoirs il y a ce qu'on appelle des âmes damnées», soutient-il. Sauf que, pour lui, «maintenant, les âmes damnées sont dans la famille présidentielle», comme Aliou Sall. Ce qui est d’autant plus dangereux pour eux-mêmes. Car, souligne-t-il, «dès que le pouvoir change, ils ne peuvent même pas rester au pays». Il en veut pour preuve, entre autres, les cas de Karim Wade, de François Compaoré (frère de Blaise Compaoré).
«Les organes de contrôle ont fait leurs investigations et ont produit des rapports. Ce qui ne marche pas, c'est la justice»
Mais le plus préoccupant, pour Aliou Tine, est dans le traitement que la justice fait de cette affaire pour laquelle elle est saisie, en convoquant des gens pêle-mêle, ignorant Aliou Sall qui aurait dû être le premier à passer devant les enquêteurs, vu qu’il est le principal mis en cause dans cette affaire. Suffisant pour qu’il fustige la démarche de la justice qui, pour lui, a fini de démontrer qu’elle est sous ordres de l'exécutif. «Les organes de contrôle ont fait leurs investigations et ont produit des rapports. Ce qui ne marche pas, c'est la justice. Notre institution judiciaire a les mains trop liées, surtout sur des questions politiques», assène-t-il. Enfonçant le clou, il lâche : «nous n’avons pas encore une justice capable de traiter avec impartialité et indépendance les affaires politiques, surtout quand les mis en cause sont du pouvoir. Le procureur de la République obéit au ministère de la Justice, qui obéit à la présidence de la République», dit-il.
«La communication de la Présidence est fondée sur le déni, le mensonge et les artifices»
D’ailleurs, ne se faisant point d’illusion, Alioune Tine épingle la communication au plus haut sommet de l’Etat. «La communication de la Présidence est fondée sur le déni, le mensonge et les artifices», dit-il. Et, précise le militant des droits de l’homme, «c'est parce que les réponses attendues n'ont pas été données pour faire jaillir la lumière et la justice» dans cette affaire Petro-Tim, que «les manifestations continuent».
Mbaye THIANDOUM