
L’avis d’appel d’offres 008-22 relatif à l’acquisition d’équipements médicaux aux normes pour les services de néonatologie, réanimation et imagerie médicale lancé par le ministère de la Santé et financé par la Banque arabe pour le développement économique en Afrique (Badea) est aujourd’hui dans une situation intrigante et obscure. Des soumissionnaires dénoncent la manière dont le marché a été attribué et émettent des soupçons. Résultat des courses : une dénonciation a été faite au niveau de l’'Autorité de Régulation des Marchés Publics du Sénégal.
(Armp) et un recours également introduit.
C’est d’abord l’avis provisoire d’attribution qui est intrigante. En effet, ledit marché a été attribué pour le lot 1 à Demsid Sn pour un montant de 2.225.385.000 F Cfa pendant que les trois premières sociétés les mieux disantes sont à hauteur de 1.200.000.000 F. Le lot 2 a été gagné par Carrefour Médical pour un montant de 268.340.020 F Cfa soit une différence de 30 millions pour les deux autres mieux disantes (200 millions pour l’une et 240 millions pour l’autre). Enfin le lot 3 a été attribué à ACD pour un montant de 3.323.492.184 HT-HD alors que deux autres soumissionnaires mieux disantes sont à 1.300.000.000 pour l’une et 2.300.000.000 pour l’autre. Soit une différence de plus d’un milliard francs Cfa. Des actes dépourvus de bon sens et qui ne s’expliquent guère.
Un écart de 1 milliard, les explications du Ministère
Pourtant, saisi par le biais d’un recours grâcieux par la société Paramed, le ministre Marie Khémesse Ngom et ses services ont argué en substance, que même moins disantes, ces offres n’ont pas été retenues pour des raisons liées à des spécifications et exigences d’ordre techniques. Ces réponses apportées par l’autorité ministérielle ne cadrent pas d’avec les clauses contenues dans le dossier d’appel d’offres. Et il est apparu, alors que le financement de la Banque arabe pour le développement économique en Afrique (Badea) était disponible plus d’un an auparavant, que la procédure a été lancée en mode d’urgence sur dix jours. Une démarche, soupçonnent des spécialistes, qui visait à écarter certains candidats où à tout le moins s’orienter vers un fournisseur privilégié rompant ainsi les principes d’égalité de traitement, de transparence et d’équité. Non seulement, des sociétés étaient moins disantes avec des écarts qui dépassent le milliard, mais aussi et surtout l’ensemble des arguments avancés par le ministère de la Santé dans ses réponses n’ont pas résisté à l’épreuve de la vérité. Et cela ; que ce soit pour le lit de réanimation pédiatrique, la table opératoire, la lampe scialytique mobile, la table de réanimation néonatale, les couveuses avec accessoires comme pour l’appareil de radiographie numérique, l’appareil d’angiographie…
Pire, il est apparu au cours de nos investigations que le lot 2 attribué à Demsid SN pour un montant total de 2.225.385.000 F Cfa est à régulariser simplement puisque le matériel a été livré et installé dans les hôpitaux bien avant même que la procédure ne soit lancée.
Malaise au ministère de la Santé
Mais, bien au-delà de cette sombre affaire, c’est un malaise et une confusion qui règne au ministère de la Santé depuis que Dr Marie Khémesse Ngom est arrivée aux commandes à la suite du limogeage de Abdoulaye Diouf Sarr. On dénonce dans les couloirs un secrétaire général qui n’a pas le profil puisqu’étant médecin et non administrateur civil, une montée en puissance de Fatou Mbaye Sylla considérée comme vice-ministre de la Santé et une dynamique nouvelle faite de règlements de comptes et de chasse aux sorcières qui fait que plusieurs autres têtes sont menacées, notamment des cadres… Lesquels ont opté de quitter simplement le navire.
Une dénonciation en vue à l’Armp
En attendant, c’est Saër Niang et l’'Autorité de Régulation des Marchés Publics du Sénégal. (Armp) qui ont du pain sur la planche avec cette affaire qui ne rassure pas la Badea auteur du financement. En effet, les fournisseurs de matériels biomédicaux se sont regroupés en collectif pour se battre.
Baye Modou Sarr